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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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demande aucun
engagement en retour, Saio Thorn. Quand le voyage se terminera, ou à
n’importe quel autre moment, il vous suffira de me dire : « Swanilda,
assez. » Je cesserai alors sans me plaindre d’être votre amante et
redeviendrai votre humble servante.
    Elle éleva une main tremblante, et sa bouche frémit
lorsqu’elle me dit une nouvelle fois :
    — S’il vous plaît, ne me refusez pas, Saio Thorn. Sans une maîtresse ou un maître, je ne serai qu’une misérable orpheline,
une proscrite.
    Cette phrase me toucha. J’avais moi-même été un orphelin
proscrit. Aussi lui répondis-je :
    — Si vous devez jouer le rôle de ma femme ou de ma
concubine, alors il faut vous habituer dès maintenant à ne plus m’appeler
«  Saio  » ou « maître », mais tout simplement
« Thorn ».
    Son visage s’éclaira instantanément, et malgré ses yeux
rouges et ses traits bouffis, une joie rayonnante la rendit presque belle.
    — Alors c’est vrai, vous m’emmenez avec vous ?
    Et je le fis. À mon éternel regret ultérieur, je le fis.

 
8
    Une fois encore, le Danuvius fut mon guide. Swanilda et moi
en descendîmes le cours, suivant en gros la route que j’avais empruntée en
fuyant la Scythie de Strabo. Comme je l’ai déjà dit, j’ai toujours répugné à
refaire deux fois la même chose, mais j’eus cette fois le plaisir du
« propriétaire » consistant à montrer à ma compagne les différents
sites et paysages dignes d’être distingués, dont le souvenir m’était resté de
mon précédent trajet. Tout ceci rendit l’excursion un peu différente, lui
donnant presque un caractère de nouveauté.
    J’avais déjà voyagé avec Swanilda, je ne doutais pas qu’elle
s’avère une compagne à la fois sympathique et capable. Et elle sut le prouver.
Elle n’avait pas toujours été une délicate servante, m’expliqua-t-elle ;
elle avait grandi dans la forêt, au sein d’un clan de bergers et de chasseurs.
Elle savait aussi bien que moi abattre du petit gibier à la fronde, et me
surpassait sans mal dans l’art de le cuire. Elle avait même songé à emporter à
cette fin un petit chaudron en fer, ce qui ne me serait jamais venu à l’esprit.
En fait, elle m’enseigna certains expédients culinaires que Wyrd lui-même
ignorait sans doute. J’appris ainsi que, lorsqu’on cuisait de la viande,
quelques branchettes de bouleau placées à l’intérieur du pot empêchaient que
celle-ci ne brûle ou n’attache au fond du récipient. Je découvris que les
grenouilles sont faciles à transpercer la nuit, muni d’une simple torche de
roseau et d’un bâton pointu, et que leurs pattes postérieures constituent un
mets aussi délicieux que substantiel, ce que je n’aurais jamais pu imaginer,
cuites avec des herbes dents-de-lion.
    J’avais toujours Swanilda en haute estime. J’en vins bientôt
à la chérir, tant pour son sens pratique en tant que compagne de route, que
pour ses attirants atouts féminins. Je me souviens comment, dès notre première
nuit en dehors de Novae, elle se métamorphosa comme par magie : voyageuse
aux habits grossiers durant la journée, elle se révéla une jeune femme aussi
ravissante que soignée.
    À la tombée du jour, nous fîmes halte au bord du fleuve dans
une large clairière herbeuse inondée de soleil, et dînâmes d’un lièvre que
j’avais attrapé en route. Puis je descendis me baigner près de la berge, me
rhabillai et revins me glisser sous ma peau d’ours avant de me dévêtir. Ce ne
fut qu’à la nuit noire que Swanilda décida d’aller elle aussi prendre un bain.
Elle batifola dans l’eau un bon moment, et je finis par me demander pourquoi
elle traînait tant. Eh bien, elle avait tout simplement attendu que la lune se
lève. Laissant alors ses rudes vêtements du jour sur la rive, elle remonta vers
la clairière d’une marche lente, provocante, s’offrant entièrement au regard
sans chercher à se dissimuler, avec pour seul voile celui de la clarté lunaire.
    Lorsqu’elle vint se glisser dans mes bras, je lui fis
remarquer d’un ton où l’amusement le disputait à l’admiration :
    — Ma chère, tu sais décidément t’habiller selon les
circonstances.
    Elle rit, puis me dit timidement :
    — Mais pour le reste… je te l’ai dit… tu devras me
l’apprendre…
    J’ai déjà mentionné qu’elle n’avait pas grand-chose à
apprendre de moi sur le métier de coureur des bois. Aussi je ne le nierai pas,
je lui

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