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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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paraît
évident qu’il existe de très nombreuses histoires ; je ne cherche qu’à les
mettre en corrélation, afin de les démêler et d’aboutir, si possible, à la
véritable histoire.
    Il grommela.
    — Oui, eh bien il y a au moins une chose, à propos
d’Ermanareikhs, qui ne saurait être mise en doute. Après lui, seuls des
descendants de la lignée des Amales ont été rois des Ostrogoths. Pas
nécessairement leurs fils aînés, notez-le, mais le plus digne de la lignée. À
titre d’exemple, Ermanareikhs écarta de lui-même son aîné, Hunimund l’Élégant,
au profit de son neveu, moins beau, mais plus apte selon lui à lui succéder.
    — Très intéressant, mon bon Fillein, fis-je d’un ton
sincère. Cette information est pour moi tout à fait nouvelle.
    L’appréciation sembla atténuer les sentiments froissés de
Fillein.
    — Nous avons à présent passé la zone de sables
mouvants, Saio Thorn. La piste est désormais facile à distinguer, et
aisée à suivre parmi les roseaux.
    Et il s’écarta pour me laisser passer devant.
    Prenant la tête, je le pressai de nouveau :
    — Donc, Ermanareikhs légua la couronne à un de ses
neveux… ?
    —  Ja, à son neveu Walavarans. Comme vous le
dirait Baúhts, ce roi est resté dans l’histoire sous le nom de Walavarans le
Prudent. Puis vint le roi Winithar le Juste. Ensuite, ce furent les rois dont
je vous ai parlé hier. Mais dites-moi, Saio Thorn, le dernier roi,
Théodoric, a-t-il déjà mérité un surnom que ma chère Baúhts puisse ajouter à
ceux qu’elle a déjà mémorisés ?
    — Pas encore, mais cela viendra, c’est sûr. Et il sera
flatteur, sans doute.
    Là-dessus, je proférai sans prévenir un juron passablement
impie.
    —  Akh ! Skeit !
    —  Théodoric l’Excrément ? s’étonna Fillein,
extrêmement sérieux. On a vu plus flatteur… Ah, au fait, Maréchal, je voulais
vous prévenir, ça devient plus profond, à partir d’ici.
    Enfoncé dans l’eau jusqu’au cou, je le toisai d’un regard
sombre, en le découvrant debout bien au sec sur le talus situé derrière moi,
l’air triomphant et malicieux, se retenant visiblement de pouffer de rire.
    — Tant que vous y êtes, Saio Thorn, vous pourriez
éviter à un vieil homme de se mouiller. Voudriez-vous récupérer ces prises pour
moi, je vous prie ?
    Il pointa son doigt vers la droite et je vis les filets,
astucieusement disposés. L’eau dans laquelle je barbotais était celle d’un
affluent ou d’un bras adjacent du Danuvius, presque aussi large qu’une voie
romaine et guère plus profond que la taille d’un homme, bordé des deux côtés
par des talus couverts de roseaux… et je venais stupidement de glisser de l’un
de ces talus. Au milieu de ces épais massifs, ce cours d’eau était pour les
oiseaux aquatiques un endroit assez propice où se poser, que ce fut pour
nidifier, se nourrir ou juste se reposer pour la nuit. Fillein avait tendu
trois filets sur toute sa largeur, bien espacés les uns des autres, et chacun
d’eux avait piégé cinq ou six spécimens qui comme moi sans doute, n’avaient pas
suffisamment regardé où ils allaient.
    Bravant les eaux, je me rapprochai, moitié marchant moitié
dansant, du filet le plus proche, et découvris qu’il n’était pas fait de simple
corde, mais était constitué de tiges de roseaux patiemment tissés et noués.
J’entrepris de démêler une énorme aigrette et je notai au passage que dans sa
lutte mortelle, la bête avait sérieusement déchiré les mailles du filet.
J’entendis alors Fillein crier :
    — Ne perdez pas votre temps comme ça, Maréchal. Amenez
les filets tout entiers jusqu’ici. Il faudra les raccommoder, de toute façon.
    Tandis que je m’exécutais, Fillein arpentait de bas en haut
son côté du courant, glissant ses mains à fleur d’eau pour en retirer de petits
objets. Dès que j’eus ramené les trois filets au pied de la berge, je m’y
hissai d’abord, avant de les tirer au sec à leur tour. Fillein me rejoignit,
tenant sa tunique en panier par l’ourlet. Il déversa sur le sol un plein bustellus de scintillantes moules bleues.
    Je lui demandai, intrigué :
    — Comment auriez-vous pu porter ces filets, les
oiseaux, et maintenant ces coquillages sur le chemin du retour jusqu’à votre
demeure ? Déjà à nous deux, cela ne va pas être simple…
    — Qui vous parle de prendre les oiseaux ?
rétorqua-t-il.
    Ce disant, il libéra des rets une aigrette,

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