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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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nul – de toute la matinée, Lombric et moi n’en avions aperçu
aucun –, mais à environ deux stades [32] de sa porte,
il avait creusé en travers de la piste un fossé assez large et profond pour
briser une charge de cavalerie.
    Tout alentour, le sol était ferme, et nous aurions pu
contourner l’obstacle sans difficulté. Mais je décidai de marquer mon respect.
Je choisis de descendre de cheval, laissant mes rênes à la garde de Lombric
tandis que j’avançais à pied. Je franchis la tranchée et avançai vers l’homme
qui se tenait imperturbablement assis. Je lui adressai un signe amical, qui
resta sans réponse. Lorsque je me trouvai debout devant lui, je n’obtins aucun
signe ou parole de bienvenue. Puis, sans même daigner m’accorder un regard, il
dit simplement :
    — Foutez le camp.
    Il n’était peut-être pas tout à fait aussi âgé que le vieux
Fillein – moins de rides et il lui restait quelques dents –, mais
certainement autant que l’aurait été aujourd’hui mon compagnon d’antan, Wyrd.
De longs cheveux et favoris gris émergeaient confusément de sa robe grise en
peau de loup, de sorte qu’on ne distinguait en haut de cet amas qu’une touffe
de poils noyant de vagues traits humains. Je compris pourquoi il se tenait
devant sa hutte : ce monticule de boue sans fenêtres était tout juste bon
à servir d’abri pour la nuit. Sa cheminée consistait en quelques pierres
noirâtres regroupées sur le sol, auprès desquelles gisaient ce qui paraissait comme
ses seuls biens : un plat de cuisson, un bol et un pot à eau.
    — Si vous êtes Galindo, j’ai parcouru un long trajet
pour m’entretenir avec vous, fis-je.
    — Vous connaissez donc le chemin. Vous n’avez qu’à le
reprendre en sens inverse.
    — Je suis venu de la part de Fillein, une de vos
relations. Il m’a dit que vous aviez servi dans une légion romaine en Gaule.
    — Fillein a toujours eu la langue trop bien pendue.
    — Ne s’agirait-il pas, par hasard, de la Onzième
Légion, la Claudia Pia Fidelis, stationnée en Gaule lyonnaise ?
    Il m’accorda pour la première fois un coup d’œil.
    — Si vous êtes venu pour effectuer un census [33] ,
vous avez fait un bien long chemin pour évaluer la plus insignifiante propriété
de l’Empire. Regardez autour de vous.
    — Je ne suis pas agent du cadastre, mais un historien à
la recherche d’informations et non de taxes.
    — Je suis aussi démuni dans les deux domaines. En
revanche, je suis plutôt curieux… Que savez-vous de la Claudia Pia, niu ?
    —  J’ai eu naguère un excellent ami qui avait
servi comme vétéran au sein de cette légion. Un Breton originaire des îles de
l’Étain, appelé Wyrd, l’Ami les Loups. En latin, son nom se disait Uiridus.
    — Il était à cheval ou à pied ?
    — À cheval. À la bataille des Champs Catalauniques,
Wyrd combattit parmi les antesignani.
    —  C’est ça, oui. Dites plutôt qu’il n’était
qu’un fantassin, un vulgaire pediculus …
    Ma foi, pensai-je, Galindo devait avoir le sens de l’humour
un peu acide des soldats : si le terme latin pour « soldat à
pied » est bien pedes, en aucun cas son diminutif n’est pediculus, qui veut dire littéralement « salaud ».
    — Donc, vous n’avez pas connu Wyrd, c’est ça ?
    — Si vous êtes historien, vous devez savoir qu’une légion
comprenait plus de quatre mille hommes. Vous n’allez tout de même pas croire
qu’on était tous de proches connaissances, niu ? Toujours est-il
que vous, vous êtes en ce moment si proche de moi que vous me faites de
l’ombre… et, de surcroît, je ne vous connais même pas.
    — Mille excuses, fis-je en me déplaçant. Mon nom est
Thorn. Je suis maréchal au service du roi Théodoric l’Amale. Il m’a envoyé par
ici pour rassembler les éléments d’une histoire fiable des Goths. Fillein
pensait que vous pourriez peut-être m’apporter des renseignements utiles sur la
partie gépide de cette histoire.
    — Je vous aurais sans hésiter envoyé vous faire voir
dans la Géhenne, si vous n’aviez mentionné ce légionnaire qui combattit avec
les antesignani. Moi aussi, j’ai combattu les Huns dans ces plaines
proches de Cabillonum [34] . Si un homme a été assez courageux
pour lutter devant les étendards lors de cette bataille, c’est qu’il était
vraiment un homme. Et si, plus tard, il est devenu votre ami, vous ne devez
donc pas manquer de mérites.
    Il fit un ample geste du

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