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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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C’était lors de la première nuit. Quand il se trouva enfin
totalement épuisé, et qu’il roula sur le côté, il haleta d’un air
perplexe :
    — C’est tout de même curieux. C’est la première fois
que couchant avec une femme, je ne sens pas la douce odeur des habituelles sécrétions.
Tu n’as peut-être pas mouillé, sèche jeune fille que tu es, mais je ne perçois
même pas l’odeur pourtant familière de mon sperme. Que se passe-t-il, niu ? Tout ce que je discerne, c’est un léger parfum fort désagréable… une sorte
de…
    — C’est l’odeur de la mort qui s’approche, lui dis-je.

 
2
    Quand Strabo me laissa, peu avant l’aube, pour aller dormir
ailleurs, il ouvrit les rideaux de la carruca , et ordonna qu’ils le
restent. Les deux gardes postés à l’extérieur sourirent d’un air narquois
devant ma nudité, ayant imaginé sans difficulté ce qui venait de se passer.
Mais j’étais désormais au-dessus de tout cela. Je les ignorai, m’enroulai dans
mes couvertures et me laissai sombrer à mon tour dans le sommeil. Au réveil, je
pris cependant soin de revêtir une autre des tuniques d’Amalamena, histoire de
ne pas laisser bouche bée chaque passant circulant sur la route.
    Vers la fin de l’après-midi, nous parvînmes à Serdica. Comme
je pus le découvrir, je ne me trouvais pas dans une cité asservie à Strabo, ni
aux ordres de quiconque, si ce n’était l’Empire romain. Il y avait même,
stationnée dans ses murs, une garnison de la Cinquième Légion Alaudae. Cette
région faisait partie de l’Empire d’Orient, et Strabo était alors en bons
termes avec l’empereur Zénon : l’arrivée inopinée d’une troupe
d’Ostrogoths en armes n’occasionna donc aucun déploiement de légionnaires prêts
à nous repousser. Strabo n’était du reste pas là pour mettre le siège ou
piller, mais pour faire étape sur le chemin du retour vers ses terres. Il
laissa ses hommes installer leur campement à l’extérieur des murs de la ville,
ne louant les appartements d’un deversorium que pour moi et ses
principaux officiers.
    L’hôtellerie n’avait rien du luxe que j’avais privilégié au
temps où j’étais moi-même en charge d’une princesse amale. On m’alloua une
chambre à l’ameublement des plus rudimentaires, sans la moindre porte ou le
plus simple rideau. Un gardien fut à nouveau affecté à ma surveillance, et
chargé de m’emboîter le pas chaque fois que je sortais pour me rendre au lieu
d’aisance. Strabo avait pris une chambre tout aussi sommaire, juste en face de
la mienne, afin de garder un œil sur moi. Même dans la situation présente, je
trouvais encore l’humour de me délecter de cette image mordante : littéralement,
cet homme ne pourrait jamais me surveiller que d’un œil à la fois.
    Il ne fit cependant aucune objection lorsque je lui demandai
de bien vouloir envoyer un de ses hommes fouiller dans les bagages saisis sur
mon ancien convoi. Ce que je voulais, c’était l’un des sacs de selle
transportés par Velox ; je le décrivis assez précisément pour que le
soldat pût l’identifier. Il fut sans doute fouillé avant de m’être remis, afin
de s’assurer qu’il ne contenait pas de couteau, de poison ou quelque objet suspect.
Il ne s’agissait que de vêtements féminins et de fanfreluches, en l’occurrence
celles de Veleda. Dès qu’un serviteur du deversorium eut apporté un
baquet d’eau dans ma chambre, je pus enfin me nettoyer non seulement de la
poussière accumulée sur la route du voyage, mais aussi des diverses traînées et
salissures incrustées, vestiges de ma nuit passée avec Strabo, ainsi que du brómos
musarós qui n’avait cessé de me coller à la peau depuis que j’avais entamé
mon rôle de servante auprès de la malheureuse Amalamena. J’enfilai l’un des
habits de Veleda, et me sentis enfin propre et débarrassé de mauvaises odeurs,
pour la première fois depuis longtemps.
    Quand Strabo et ses officiers se rendirent dans la salle à
manger pour nahtamats [7] ,
je dus demeurer dans ma chambre, sous bonne garde, et l’on m’y fit porter mon
repas. Je trouvai la provende proposée par l’hôtel au niveau de son
ameublement. Cependant, le simple fait de me sentir propre m’ayant rendu de
l’allant, je pris plaisir à détailler depuis ma fenêtre ce que je pouvais
distinguer de Serdica. Le domestique qui m’avait servi m’apprit que la cité
avait été l’une des résidences

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