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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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obtenu. Cela me donna la bien agréable sensation que lorsque je
serais muni d’un miroir et pourrais me maquiller à mon tour, ayant l’avantage
de sentir sur moi l’application des produits, je serais capable de m’en
tirer plus que passablement. Je retirai les bijoux du skohl et les
enfilai à celui-ci. Le skohl et moi tombâmes d’accord pour estimer que
nous avions là une très jolie fille, laquelle nous confia qu’elle se sentait
véritablement telle, et nous étions tous en train de sauter de joie quand le
Syrien Natquin rugit férocement derrière nous :
    —  Ashtaret ! Espèce de petit morveux
sans-gêne, mais rien ne t’arrête ! D’abord, tu me voles mon Becga. Et là,
que fais-tu à mon Buffa et mon Blara ?
    — Cela ne se voit pas ? Je les rends aussi
attirants que des jeunes filles, répliquai-je d’un ton narquois. Vous y voyez
des objections ?
    — Bah ! Celui qui désire une vulgaire femelle peut
s’en payer une pour un centième du prix d’un charismatique. Vous, les mioches,
allez m’enlever cette couche de saleté de vos figures !
    Ils me rendirent ma joaillerie et s’éloignèrent humblement
au petit trot. Je réintégrai ma chambre afin de ranger le tout dans mes
affaires, et remuer encore un peu le fourreau dans l’eau. Le Syrien me suivit à
l’intérieur, et dit d’une voix geignarde :
    —  Ashtaret ! Je suis fatigué d’être traité
comme un vil souteneur, alors que je suis un respectable négociant en marchandises
de grande valeur.
    Je m’étendis sur ma paillasse et lui demandai, bien qu’au
fond cela ne m’intéressât pas plus que cela :
    — Qui est-il donc, cet Ashtaret que vous
invoquez si souvent ?
    — Ashtaret est une puissante déesse, que je révère
hautement. C’était l’Astarté des Babyloniens, et avant cela encore, l’Ishtar
des Phéniciens.
    — Je ne crois pas, fis-je déjà légèrement assoupi, que
j’aimerais rendre un culte à une déesse de seconde ou de troisième main.
    Il renifla avec mépris.
    — Il n’est pas un dieu, une déesse ou même un demi-dieu
de quelque religion que ce soit qui pourrait accueillir avec bienveillance une
enquête un peu sérieuse sur ses antécédents. La principale déesse païenne des
Romains, Junon, est née sous le nom d’Uni dans la religion des Étrusques. Idem
pour l’Apollon des Grecs, nommé Aplu chez ces mêmes Étrusques.
    Le Syrien ricana d’un air entendu.
    — Et si je me mettais à vous parler des véritables
origines de votre Seigneur Dieu, de Satan ou de Jésus…
    Pas de doute, il dut m’en parler, et peut-être de façon tout
à fait sensée. Hélas, j’avais alors totalement perdu le fil, m’étant endormi.
    Je revins à moi au milieu de la nuit, dans le noir, au
moment où deux soldats à moitié saouls étaient en train de traîner dans notre
chambre le corps d’un Wyrd totalement inconscient. Après avoir tâtonné et juré
un moment, ils trouvèrent le lit vide et le hissèrent dessus. Lorsque je
demandai, un peu alarmé, ce qui n’allait pas chez Wyrd, ils se mirent à rire et
me suggérèrent de venir me pencher au-dessus de son haleine.
    Dès qu’ils furent partis, c’est ce que je fis histoire de
m’assurer qu’il respirait toujours et je refluai précipitamment, presque pris
de vertige par les vapeurs d’alcool. Je me félicitai de m’être réveillé, car
mon étui trempait alors encore dans le baquet. Je le pris, l’essorai de mon
mieux, puis le glissai entre le coussin de ma paillasse et le bâti de mon lit,
afin que le cuir ne se plisse pas en séchant, sur quoi je me rendormis
aussitôt.
    Quand je m’éveillai de nouveau, il faisait jour, et la
matinée était même bien avancée. Wyrd était déjà levé, occupé à se plonger de
façon répétée la tête dans l’eau du baquet. Je me demandai comment il avait pu
ne pas remarquer que celle-ci était d’un rose soutenu – il était quand
même en train de tremper sa tête dans le sang dilué d’un Hun –, jusqu’à ce
que s’étant relevé, il me dévoile ses yeux, encore notablement plus rouges que
l’eau.
    — Oh, vái, marmonna-t-il en tordant sa barbe.
J’ai un mal de tête à tuer père et mère. Ce vin d’Oglasa prélève une sacrée
dîme à ses dévots… mais il vaut le coup… il vaut le coup…
    Je souris largement, et dis :
    — Peut-être vous sentirez-vous un peu mieux après avoir
pris votre petit déjeuner. Allons au convivium et voyons ce qu’on

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