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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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moins précieuses, tu aurais aussi vite fait de mettre en
bouteille la pisse du paysan qui t’a conté cette histoire. N’accorde jamais foi
à ce genre de fables, gamin, qu’elles te soient relatées par un nigaud ou par
un évêque. Fais toujours confiance à tes yeux, à ta propre expérience et à ta
raison pour juger de la véracité des faits.
    Dès que nous avions accumulé une quantité suffisante de
peaux, nous faisions une pause dans notre voyage et établissions un camp pour
quelques jours. Wyrd me montrait comment nettoyer une peau de sa chair et
comment l’étirer sur des arceaux en bois de saule, puis nous nous reposions, le
temps qu’elles sèchent et se stabilisent.
    L’un de nos arrêts eut lieu à proximité des chutes du
Rhenus, cette grande et tumultueuse cascade à trois niveaux qui s’étend sur
toute la largeur du fleuve. Ces chutes me rappelèrent celles du Balsan
Hrinkhen, insipides par comparaison, et je les trouvai d’une somptueuse
beauté, nimbées le jour d’un arc-en-ciel, la nuit de la clarté de la lune. Les
bateliers au contraire, dont les yoles peu profondes ne cessaient de descendre
et de remonter le courant, les maudissaient cordialement. Qu’ils arrivent du
haut ou du bas, ils devaient en effet décharger leurs marchandises, les
acheminer à la main de l’autre côté de la cataracte et y attendre l’arrivée
d’un autre bateau. Alors, les équipages s’intervertissaient, et chacun
poursuivait sa route. Des abris conçus pour abriter les yoles et leurs
occupants, parfois obligés d’attendre un certain temps, bordaient donc les
berges. Wyrd et moi élûmes domicile pour quelques jours dans l’un d’entre eux,
prenant le temps d’y nettoyer et d’y étirer nos peaux tout en jouissant du
spectacle grandiose et tumultueux de la cataracte.
    — Une vue splendide, ja, apprécia Wyrd. Mais
là-bas, de l’autre côté du fleuve, s’étend la Forêt-Noire. Akh, je sais,
je sais, elle n’est pas plus noire qu’une autre, mais elle porte ce nom depuis
la nuit des temps. Et c’est dans celle-ci que se forment les affluents d’un
fleuve encore bien plus considérable que le Rhenus. Je veux parler du Danuvius,
qui coule de la Forêt-Noire à la mer Noire. Si tu dois poursuivre la recherche
de ton royaume des Goths, gamin, tu connaîtras forcément le Danuvius.
    Un peu plus haut sur le Rhenus, nous nous arrêtâmes à
Gurodunum [62] , petite garnison romaine sans commune mesure avec
celle de Basilea, mais où l’on nous reçut fort bien, car Wyrd y avait quelques
accointances. Nous y troquâmes quelques-unes de nos peaux contre certains
produits de première nécessité, sel, ficelle ou hameçons, et le cuisinier de la
caserne nous régala des viandes de la région. Je me rassasiai de tranches
grillées d’un poisson géant appelé silure et d’un délectable fromage dur nommé sbrinz, que les Romains considèrent comme le meilleur d’entre tous. Je me gorgeai
aussi de Staineins blanc et de vin rouge du Rhenus. Wyrd, lui, mangea et but
plus qu’à satiété.
    Durant ce voyage, ni Wyrd ni moi ne nous échinâmes à chasser
le gros gibier, excepté pour remplir la marmite, jusqu’à ce que nous parvenions
au grand lac dans lequel se jette le Rhenus. Le lac Brigantinus est alimenté
par quantité de petits affluents qui, comme me l’avait expliqué Wyrd lors de
notre première rencontre, sont habités par les castors. Ils étaient juste en
train de sortir de leurs terriers, et travaillaient héroïquement à réparer
leurs digues malmenées par l’hiver, afin de maintenir le cours de la rivière au
niveau dans lequel ils aiment à s’ébattre. Wyrd tenait à en attraper le plus
possible pendant qu’ils avaient encore leur riche et épaisse fourrure
hivernale, aussi nous les chassâmes sans répit. Ou plutôt, Wyrd le fit, car les
castors sont trop gros pour être assommés par des pierres lancées à la fronde.
Ces animaux sont également prudents et alertes, aussi avait-il rarement
l’occasion de tirer plus d’une flèche par jour sur une cible ; mais
lorsqu’il le faisait, il ne la manquait presque jamais. Et à l’instant de le
dépecer, il ne prélevait pas que sa fourrure, mais également les petits sacs
proches de l’anus de l’animal.
    — Du castoréum, expliqua-t-il. Ça se vend fort bien aux
fabricants de produits médicinaux.
    —  Iésus, fis-je, me bouchant le nez. Vous êtes
certain que cela en vaut la peine ? Ça empeste encore plus que

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