Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
corbeau, hein ? Écoute mieux.
    Je tendis l’oreille, et entendis : « Caw !
Caw ! Scraw-aw-awwk ! » Le cri semblait effectivement plus
déterminé que l’ordinaire croassement de cet oiseau, mais cela ne me disait
rien de plus, et je l’avouai.
    — Il prévient ses congénères par un appel spécial
qu’une tempête va arriver, affirma Wyrd. Apprends à reconnaître ce cri. Mais
dans l’immédiat, songeons à nous trouver un abri. Je n’ai pas envie de rester à
découvert lors de la tempête.
    Nous trouvâmes une grotte étroite juste avant que la trombe
n’éclate. D’inquiétantes ténèbres tombèrent, zébrées d’éclairs éblouissants,
tandis que résonnaient de profonds grondements presque continus, et soudain,
une averse torrentielle se mit à crépiter. J’étais loin d’être rassuré, mais
c’était somme toute naturel. Toujours est-il qu’au bout d’un moment, notre abri
se trouva soudain illuminé d’une inquiétante clarté bleue, non pas
intermittente mais très régulière au contraire. Ayant jeté un regard au dehors,
nous vîmes que chacun des arbres environnants était entouré du même
bleuissement lumineux, qui faisait luire chaque feuille, et semblait s’élancer
vers le ciel au bout de chaque branche.
    —  Iésus ! criai-je, trépignant sur mes
pieds. Il faut sauver nos chevaux ! Ils sont attachés à l’un de ces
arbres…
    — Reste calme, gamin, répliqua Wyrd, demeuré
tranquillement assis. Ce sont les feux des Jumeaux, un bon présage.
    — Un incendie de forêt, c’est un bon présage ?
    — Regarde attentivement. Ces feux ne consument pas une
seule feuille. Ils ne sont que lumière, et ne dégagent aucune chaleur. Les
dieux jumeaux Castor et Pollux sont bien-aimés des marins parce que lorsque
leurs feux se manifestent au cours d’une tempête, c’est signe que celle-ci va
bientôt faiblir, et la hauteur des vagues diminuer. Tiens, tu vois… Notre
tempête se calme, à mesure que les feux décroissent d’intensité.
    Durant l’automne qui suivit, pendant que j’étais en train de
chasser une biche pour la rabattre à portée de Wyrd, lequel l’attendait avec
son arc et ses flèches, je pris un rude coup contre un arbre. Si je n’avais pas
monté les pieds bien enfoncés sous la sangle de Velox, j’aurais probablement
été arraché de ma selle. Finalement, je ne fus pas gravement blessé, et m’en
tirai avec un gros hématome à la hanche. Ce qui me fit le plus mal, ce fut que
j’abîmai ma jolie gourde en laiton doublée de cuir : une entaille profonde
la séparait presque en deux moitiés bombées, et j’étais inconsolable d’avoir si
maladroitement endommagé ce cadeau à la valeur et à l’utilité inestimables.
Mais Wyrd me dit :
    — Ne te mets pas dans des états pareils, gamin. Tandis
que j’enlève et que je prépare la peau de cette jolie biche, va battre ces
buissons et ces herbes et cherches-y toutes les semences que tu pourras
ramasser.
    Quand je revins déverser mon ourlet de sarrau dans un
panier, qui se trouva bientôt rempli de graines de toutes tailles, il
m’ordonna :
    — Remplis-en ta flasque cabossée, jusqu’au goulot.
Maintenant, prends celle-ci (il me tendit sa propre gourde) et verse de l’eau
par-dessus les graines jusqu’à ras bord. Voilà. À présent, ferme hermétiquement
ce récipient, mets-le de côté et oublie-le. Tiens, va refiler ces entrailles à
ton aigle. Quand tu reviendras, touille cette bonne viande dans sa sauce,
pendant que je prendrai un repos bien mérité. Réveille-moi dès que le repas
sera prêt.
    La venaison fraîche, bouillie au creux de la peau de biche
bien grasse et légèrement parfumée du laurier aromatique qu’on avait brûlé dans
le feu, était assez savoureuse pour me faire oublier totalement ma pauvre
flasque. Mais tandis que Wyrd et moi étions en train de déguster cette viande
avec force bruits de succion, j’entendis distinctement un petit éclatement
contenu, comme le bruit d’un bouchon qui saute, dans la direction de nos
couvertures encore roulées.
    J’allai voir, et y trouvai ma flasque comme neuve, plus du
tout bosselée, juste avec une légère éraflure sur sa garniture de cuir.
    — Ça marche aussi avec les haricots secs, fit Wyrd.
Juste les humidifier. Leur soif de pousser fera le reste : ils se mettent
à grandir, exerçant sur les parois une incroyable pression. Vide-les avant
qu’ils n’envoient ton bouchon de liège au-dessus des

Weitere Kostenlose Bücher