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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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aussitôt Velox à
l’écart à bonne distance de la piste, car une troupe était en général précédée
de speculatores explorant les abords, qui s’écartaient au besoin assez
loin sur les côtés.
    Réfugié au cœur de la forêt, j’avisai une petite éminence et
du haut d’un arbre, je pus apercevoir une partie de la piste sans être vu
moi-même. Restait à espérer qu’un speculator ne tomberait pas sur mon
Velox attaché là. Cela n’arriva pas, et je pus bientôt détailler les hommes qui
passaient, assez loin de moi en contrebas. Ils devaient être plus de deux
cents, curieusement assortis. Les chefs de la colonne, en uniforme, armés et
casqués, étaient des cavaliers romains, et formaient au moins un escadron de
trente soldats. Mais le reste de la colonne, qui constituait l’essentiel du
convoi, était vêtu d’une variété de couvre-chef et de costumes des plus
incongrus, loin de m’être familiers, et tous portaient la barbe, ce qui n’était
pas le cas des Romains. Ce n’étaient point des prisonniers de guerre, j’en
étais sûr ; sinon, l’escadron se serait scindé en deux parties
égales : quinze cavaliers pour ouvrir la colonne devant les captifs, les
quinze autres à l’arrière. Ces étrangers barbus devaient donc être des alliés,
à moins qu’ils ne fussent des mercenaires louant leurs services au commandement
romain.
    J’étudiai un instant la possibilité d’aller me présenter à
eux pour me joindre à leurs forces. Ils semblaient se rendre dans une zone de
combats, et je n’avais jamais assisté à une guerre. Les Romains m’auraient sans
doute fait bon accueil, me voyant armé et caparaçonné comme eux, surtout si je
leur avais expliqué que j’avais reçu ma monture et mes armes en cadeau du légat
Calidius et de la XI e  Légion Claudia. Mais j’abandonnai vite
cette idée, car cette troupe se dirigeait vers le côté opposé de ma destination
présumée. Pour autant que je sache, mes compatriotes ostrogoths devaient être
en ce moment engagés dans une guerre contre l’Empire romain. Il n’aurait pas
été très logique que je prisse les armes avant de savoir exactement à quel camp
j’appartenais. Aussi, des singulares ayant l’habitude de rôder dans les
environs pour assurer l’arrière-garde, j’attendis un bon moment après que le
bruit de leurs sabots se fut évanoui dans le lointain pour remonter sur Velox
et continuer mon voyage.
    Il me fallut franchir l’invisible limite qui me séparait de
la province voisine, la Pannonie, pour découvrir l’identité de cet extravagant
mélange de cavaliers. Je l’appris du premier homme que je rencontrais depuis
des mois ayant enfin quelque chose d’intéressant à dire – c’est du reste
lui qui m’informa que je me trouvais en Pannonie – et qui se présenta dans
le premier village de ces forêts qui sortait franchement de l’ordinaire.
    J’observai de loin l’homme en question, comme j’en avais
l’habitude, afin d’évaluer s’il était seul et s’il paraissait inoffensif. Il
était simplement en train de ramasser des branches mortes pour faire du feu, et
de les empiler sur un vieux cheval ensellé ; mais pour accomplir cette tâche
apparemment sans difficultés majeures, il procédait avec une lenteur et une
maladresse étranges. Dès que je m’approchai de lui, je compris pourquoi. Il
n’avait pas de mains, et était obligé d’effectuer ce travail à l’aide de
moignons émoussés au bout des poignets.
    —  Háils, frijonds, le saluai-je. Puis-je vous
aider ?
    — Que la santé soit avec toi, étranger, répondit-il
avec un fort accent lombard. Je rassemble juste un peu de bois pour le village,
en prévision de l’hiver prochain, et pour éloigner les loups.
    Il cligna les yeux en regardant le brillant ciel bleu de
septembre.
    — Ce n’est pas encore pour maintenant. On a le temps.
    — Cependant, ils auraient pu choisir quelqu’un de mieux
équipé pour ramasser du bois, dans votre village, dis-je. Laissez-moi vous
aider.
    —  Thags izvis, répondit-il.
    Puis il murmura :
    — Nous manquons cruellement de mains, au village.
    En quelques minutes, j’eus ramassé plus de bois qu’il avait
été capable d’en collecter durant tout le temps que j’avais pris à l’observer.
Je chargeai son vieux cheval, en ramassai encore et l’empilai en fagots que je
jetai sur la selle de Velox. Puis j’attrapai les rênes des deux animaux, et
suivant l’homme qui ouvrait

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