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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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un coureur des bois, mais plus élégamment que les
paysans du cru. Je le vis alors esquisser un mouvement vers son poignard de
ceinture, et me souvenant de ce que m’avait dit « Moignon » au sujet
des espions et autres speculatores, je me crispai en direction du glaive
court suspendu à mon côté.
    — Je vous ai dit de ne pas bouger ! aboya le jeune
homme, qui enjamba avec aisance le ruisseau. Vous n’auriez déjà pas dû faire
l’effort de tuer la vipère. Chaque nouveau mouvement permet au venin de courir
dans vos veines, infectant un peu plus votre organisme.
    Ma foi, pensai-je, s’il se souciait de ma santé, c’est qu’il
n’était pas un ennemi. Je laissai mon épée au fourreau et obéis à son
injonction de rester tranquille. S’agenouillant près de moi, il releva la
manche droite de ma tunique et dénuda mon bras, sur lequel on voyait, juste
au-dessous du coude, briller deux petits trous rouges.
    — Serre les dents, commanda-t-il, et il pinça ma peau
entre le pouce et l’index, avant de positionner avec soin sa lame pour me
couper.
    — Attends, étranger, protestai-je. J’aurai aussi vite
fait de mourir du poison que de saigner à mort.
    —  Slaváith ! réagit-il durement. Saigner,
c’est justement ce qu’il te faut. Mais tu ne perdras pas trop de sang. Tu peux
remercier ce serpent de t’avoir mordu à cet endroit. Toutes les parties du
corps que l’on peut pincer de la sorte peuvent être coupées sans risque de
trancher une veine importante. Fais ce que je t’ai dit. Serre les dents, et
regarde ailleurs.
    C’est ce que je fis, et je ne laissai échapper qu’une
plainte inarticulée quand je sentis la douleur lancinante de sa lame entaillant
cette partie de ma peau et de mes chairs.
    J’avalai ma salive et demandai :
    — Ça y est, je suis sauvé ?
    — Non, mais ça aidera. Tout comme cela, aussi.
    Il détacha sa ceinture, l’attacha autour de mon bras et la
sangla de façon bien serrée.
    — Maintenant, trempe ton bras dans l’eau froide.
Tiens-le ainsi et laisse-le saigner. Je vais aller attacher nos chevaux avant
qu’ils ne s’éloignent. Nous sommes ici pour un moment.
    Déjà intrigué quant à l’identité de ce jeune homme, je le
fus encore plus quand je le vis ramener son cheval du bois situé sur l’autre
rive. C’était un Kehailan aussi remarquable que le mien, et sa selle ainsi que
ses rênes étaient eux aussi similaires à ceux de Velox, si ce n’est qu’ils
étaient garnis de bracelets et de clous d’argent. Je n’avais aucun doute sur
son origine germanique, bien que je ne puisse identifier l’accent avec lequel
il parlait la Vieille Langue. Et comme il n’était ni un Romain, ni l’un de ces
Asiatiques qu’avait mentionnés « Moignon », pourquoi portait-il cet
équipement typique de la cavalerie romaine ? Cependant, dans les
circonstances présentes, je me sentais si reconnaissant d’avoir pu compter sur
son aide que lorsqu’il revint, je me contentai de lui poser cette seule
question :
    — Peut-être pourrions-nous nous présenter avant que je
meure ? Mon nom est Thorn.
    — Alors nous avons la même initiale. Je m’appelle
Thiuda.
    Il ne me demanda point pourquoi mon nom n’était qu’une
initiale, peut-être parce que le sien était aussi curieux que le mien. Thiuda
est en effet un nom pluriel, qui signifie « les gens ».
    — Par ailleurs, poursuivit-il, tu ne vas peut-être pas
mourir, même si tu dois t’attendre à subir les effets du poison. Tiens, tu vas
avaler ceci.
    Il avait arraché et rapporté avec lui quelques euphorbes, et
après avoir tordu leur tige laiteuse au-dessus de sa gourde identique à la
mienne pour en faire couler la sève qu’il mélangea avec de l’eau du ruisseau,
il la secoua vigoureusement, puis me la tendit.
    Je fis un effort pour absorber l’amère potion sans la
recracher dans un haut-le-cœur, et Thiuda murmura alors :
    — Cette vipère était des plus obligeantes. Elle s’était
tapie précisément sur son meilleur antidote.
    Il arracha de la surface du rocher noir un peu de mousse
verte, souleva de l’eau mon bras dont la blessure ne suintait plus que faiblement,
étala cette mousse en guise d’emplâtre sur l’endroit où il m’avait entaillé et
l’y fixa à l’aide d’un morceau de tissu arraché à l’ourlet de sa tunique. Puis
il desserra un instant la ceinture sanglée autour de mon bras, avant de
l’ajuster à nouveau fermement.
    Je lui demandai

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