Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
au-dessus de l’eau et vomis, fit
gentiment Thiuda. Il va falloir t’y habituer, de toute façon. Laisse-moi juste
desserrer et réajuster la ceinture à nouveau. Je ferai ensuite un feu et
allongerai nos peaux pour la nuit.
    Il continua à bavarder avec bonne humeur tandis que nous
vaquions chacun à nos tâches, mais je ne me souviens plus de ce qu’il raconta.
Pas plus que de la période qui s’ensuivit, durant laquelle je fus malade.
Thiuda m’a expliqué plus tard qu’elle avait duré trois jours et trois nuits au
cours desquels je m’étais fréquemment plaint, selon lui, de voir double, et que
j’avais souvent parlé de manière tellement confuse que j’en étais
inintelligible.
    Je le revois nous préparer un repas de temps à autre, mais
pas du tout pour que je mange ; l’odeur de cuisson m’occasionnait en effet
de violentes nausées. Je me souviens aussi avoir beaucoup souffert de crampes
d’estomac, et d’avoir eu des élancements et des douleurs musculaires
intolérables. Je revois Thiuda desserrer et retendre alternativement la
ceinture comprimant mon bras droit, jusqu’à ce qu’il m’en débarrasse
finalement, et je me souviens aussi qu’il intervint fréquemment, se réveillant
parfois la nuit, afin de m’empêcher de labourer de mes ongles le cataplasme de
mousse posé sur mon avant-bras, tant la croûte en train de se former sur
l’entaille engendrait des démangeaisons à devenir fou.
    La seule chose dont je me souviens m’être toujours chargé de
ma propre initiative – et Thiuda me laissait faire, tant pour m’éviter de
l’embarras que pour s’épargner du dégoût – ce fut de m’éloigner dans les
bois lors des fréquentes occasions que j’eus de soulager mes intestins. Je
remercie le ciel de m’avoir préservé la volonté et la force de m’en occuper
seul, et de pouvoir dénuder mes parties intimes moi-même. Cela me permit d’une
part de ne pas souiller mes vêtements, d’autre part de garder mon secret quant
à ma nature particulière.
    Toujours est-il que, selon Thiuda, le troisième jour de
notre rencontre ma tête cessa de me lancer et mes idées s’éclaircirent ;
je commençai donc à parler de façon cohérente. Mes autres douleurs et crampes
s’estompèrent – seule la démangeaison de la plaie – et Thiuda déclara
que j’avais survécu au venin.
    — Je me sens faible comme un nourrisson, marmonnai-je.
    — Je me demande si ça n’a pas toujours été le cas,
fit-il moqueur.
    — Pardon ?
    — Pourquoi, sinon, monterais-tu attaché à ton
cheval ?
    Je clignai des yeux à cette question inattendue, puis en
compris le sens.
    — Ah ! ma corde de pieds.
    J’expliquai comment j’en étais venu à imaginer ce dispositif
spécial, et comment il contribuait à me maintenir plus en sécurité sur ma
selle.
    — Tu crois ça ? murmura-t-il comme si, à l’instar
de Wyrd, il doutait fort de l’efficacité de ma trouvaille. Je préfère m’en
tenir à la pression de mes cuisses. Mais enfin, si tu estimes que cette corde
t’aide, tu ne l’en apprécieras que davantage le temps que tu retrouves ta
vigueur. Ce qui sera le cas quand nous arriverons à Vindobona. Irons-nous
là-bas ensemble ?
    —  Ja, j’aimerais beaucoup, en effet. Et sans
vouloir offenser ta dignité d’Ostrogoth, me permettras-tu de t’offrir un
somptueux banquet dans le meilleur restaurant de la cité ?
    Il sourit de toutes ses dents et répondit :
    — Seulement si tu me promets une indulgence dionysienne
par rapport aux excès de boisson.
    Il ajouta, d’un ton encore plus malicieux :
    — Puisque tu persistes à jouer les jeunes gens riches
et prodigues, je jouerai de mon côté le domestique abject et servile, et je te
précéderai dans la ville en criant à tous les vents : « Place pour
mon maître Thornareikhs  ! »
    La dignité des Goths ainsi accolée à mon nom signifiait
quelque chose comme « Thorn le Gouverneur » ou, en latin,
« Thorn Rex ».
    Je pouffai :
    — Oh, vái ! Dieu sait si je ne suis rien
dans ce genre. J’ai débuté ma vie abandonné sous un porche, et j’ai été élevé
dans une abbaye.
    — Qu’importe ! N’aie jamais l’air humble, reprit
Thiuda sérieusement. Apparais dans une ville, un village ou n’importe quel lieu
habité en te prenant pour un moins que rien, et les gens te recevront comme
tel. À Vindobona par exemple, le tenancier de la pire gargote te demandera à
voir ton argent avant même de

Weitere Kostenlose Bücher