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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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élève en
même temps – jusqu’à son ouverture, où la vallée se déverse dans le
paysage alentour : l’immense plateau ondulant appelé dans la Vieille
Langue le Iupa, les hautes terres. La seule route sortant du Balsan
Hrinkhen émerge en cet endroit, vers lequel elle monte en pente douce.
Parvenue aux hautes terres, elle se divise en deux branches : l’une se
dirige au nord-est vers Vesontio, l’autre au sud-ouest, vers Lugdunum et le
puissant fleuve Rhodanus [15] . Entre ces deux villes, plusieurs
cours d’eau de moindre importance strient le plateau, lui-même parsemé de
nombreux autres villages, et à l’occasion d’une petite ville.
    Une minuscule bourgade se nichait au cœur du Cirque de
Baume, guère plus vaste à elle seule que les bâtiments de l’une ou l’autre des
deux abbayes. Elle se composait de modestes masures aux murs de torchis, celles
des paysans cultivant leurs propres terres ou celles de Saint-Damien, ainsi que
d’échoppes de quelques artisans : un potier, un corroyeur, un charron, et
d’autres encore. Le village ne disposait d’aucun des équipements publics
communs aux lieux civilisés, telle une place du marché, car il n’y avait que
très peu d’achats et de vente de fourrage ou de quoi que ce fût. Tout ce dont
la communauté avait besoin et qu’elle ne pouvait produire par elle-même
parvenait en chariot des villes plus peuplées du Iupa.
    Notre seule source d’eau ne provenait pas, contrairement au
reste du plateau, d’une banale rivière, mais d’un ruisseau se frayant un
mystérieux passage à travers la falaise rocheuse, et nul n’avait pu deviner où
il prenait sa source. En haut de cette falaise dressée au creux de ce que j’ai
appelé le « fer à cheval » s’ouvrait une vaste grotte, ample et
sombre, d’où surgissait le cours d’eau en question. Des lèvres moussues de la
caverne, le ruisseau se déversait ensuite dans une série de bassins superposés.
Après avoir serpenté au pied de la falaise sur la déclivité de la vallée, il
venait nourrir un étang assez profond, calme et placide, à l’extrémité duquel
avait grandi le hameau.
    La meilleure partie de son cours cependant, était celle
durant laquelle il sautait du rebord de la caverne avant d’aller étinceler de
ses joyeuses éclaboussures sur l’échelonnement des terrasses rocheuses éparses.
Autour des bassins cristallins d’eau pure, les accotements en pente douce
étaient couverts d’un fin limon arraché aux profondeurs rocheuses d’où il était
venu. Trop exigus et difficiles d’accès pour être mis en culture par les
paysans, ceux-ci étaient donc demeurés à l’état sauvage et s’étaient garnis de
fleurs, d’une herbe grasse et odorante et de buissons multicolores. C’était de
ce fait à la belle saison un lieu idyllique et enchanteur pour la baignade ou
le jeu, la flânerie ou le rêve.
    Plus d’une fois, je me suis aventuré dans la caverne d’où
sortait cette eau, y pénétrant sans doute plus loin qu’avait pu le faire aucun
des jeunes gens peu curieux et timorés de l’endroit. Je choisissais toujours
l’instant du jour où la lumière s’y projetait le plus loin, ce qui n’était
jamais bien profond, tant nous étions habitués, au Cirque de Baume, à voir le
soleil « se coucher tôt » derrière la crête occidentale des falaises.
Même quand je m’y faufilais à l’instant le plus propice, lorsque les vertes
mousses de l’entrée et les vignes vierges qui pendaient de son arche
s’embrasaient aux rayons du soleil, la luminosité ne portait pas au-delà de
vingt pas. Je me frayais alors un chemin à tâtons dans l’obscurité
grandissante, et avançais aussi loin que possible afin de ne point utiliser
trop vite ma torche, que je n’enflammais qu’au dernier moment. J’en emportais
toujours au moins une avec moi : une mince tige de sapin enroulée dans une
bande de lin enduite de cire, et dans ma pochette de ceinture, le silex, le fer
et l’amadou nécessaires pour l’allumer. Ce genre de torche brûle aussi
longtemps qu’une bougie, et éclaire bien davantage.
    Si le niveau de l’eau avait un jour recouvert l’intégralité
du sol de la grotte, ce n’était alors plus le cas. On pouvait aisément cheminer
des deux côtés de celle-ci. Bien sûr, la roche était sous le pas excessivement
glissante, entre les flaques projetées çà et là par le cours d’eau et les
gouttelettes qui suintaient du dôme de la caverne.

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