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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Heureusement, la seule paire
de bottes que je possédais était taillée dans la peau non tannée des pattes
d’une vache, le poil tourné vers l’extérieur. Les sabots en avaient été ôtés,
mais on avait conservé les ergots sur les côtés du talon, leur assurant ainsi
une bonne adhérence, même sur ce sol périlleux.
    Je ne parvins jamais à atteindre la source du ruisseau, même
lorsque je m’étais muni, en une ou deux occasions, d’un sac rempli de torches
de sapin. Mais je remontai jusque fort loin dans différentes directions. Je
découvris ainsi très tôt que le tunnel à travers lequel courait l’eau, qui
émergeait dans la caverne ouverte en haut de la falaise, faisait en réalité
partie d’un réseau de nombreux conduits connectés entre eux. Au début, je
n’osai trop m’aventurer dans l’une de ces galeries périphériques, redoutant d’y
voir apparaître un skohl caché là depuis les origines de la Vieille
Religion, ou même l’un de ces monstres dont un chrétien aurait pu à bon droit
s’effrayer, tel un démon malfaisant ou un succube assoiffé de stupre. Même si
aucune de ces créatures ne traînait dans les environs, je craignais de finir
par me perdre dans l’insondable dédale rocheux de ces sombres souterrains. Mais
lorsqu’au bout d’un moment, je finis par me sentir mieux dans ces profondeurs,
je me lançai à la découverte de tout ce que je pus trouver, même quand ce
n’étaient que d’étroits boyaux dans lesquels je devais progresser sur les
genoux et les coudes, voire en rampant sur le ventre. Les habitants les plus
effrayants que j’y rencontrai furent de pâles lézards dépourvus d’yeux, et des
grappes de chauves-souris accrochées la tête en bas au plafond de la grotte,
qui ne se réveillaient que pour s’ébrouer en froufroutant et pousser de petits
cris perçants, m’aspergeant de leurs excréments. Les galeries se divisaient
souvent, leurs ramifications se subdivisant elles-mêmes par la suite, mais je
parvins toujours à y retrouver mon chemin, grâce à la trace fuligineuse déposée
par ma torche sur leur paroi supérieure.
    Si je ne puis prétendre avoir découvert la source du cours
d’eau, je peux en revanche affirmer que j’ai trouvé des choses plus
merveilleuses encore, et je me demande si quelqu’un d’autre a jamais porté les
yeux sur elles. Les tunnels ne se contentaient pas de se diviser et de
s’entremêler comme le Labyrinthe des temps anciens, ils débouchaient souvent
sur des salles intérieures bien plus vastes que la caverne située au bord de la
falaise, si immenses que la clarté de ma torche ne parvenait pas à en éclairer
le plafond. Ces gigantesques salles étaient meublées de façon
merveilleuse : des tabourets, des bancs, des pinacles, des flèches de
pierre avaient littéralement poussé du sol rocheux, et la matière qui les constituait
semblait par moments avoir été mélangée. Des plafonds pendaient de grandioses
draperies dont l’aspect rappelait souvent la glace, mais faites de cette même
roche fondue. Sur une dentelle particulièrement exquise de cette substance en
apparence fondue puis congelée, j’écrivis avec la fumée de ma torche l’initiale
de mon nom : þ, juste pour montrer que moi, Thorn, j’avais été là. Mais
ayant réalisé que cela gâchait la beauté du site, je l’effaçai du pan de mon
sarrau.
    Cependant, en dépit des choses mystérieuses et
extraordinaires que je découvris dans les profondeurs, la plus exceptionnelle
de toutes, je la trouvai à l’air libre, sur l’un des rebords de la cascade qui
m’était si familière. Ce n’était qu’un rocher assez ordinaire, juste au bord de
l’un des bassins, dont la forme pointue rappelait une gigantesque lame de hache
posée au tranchant tourné vers le ciel. Comme toutes les pierres alentour, de
la mousse couvrait sa surface… mais pas entièrement. Je remarquai en effet une
entaille en forme de V creusée dans sa partie la plus effilée, comme si cette
hache rocheuse avait été frappée avec force contre quelque chose de plus dur,
et que le tranchant en avait été ébréché. Mais cette roche n’avait jamais été
une hache. La cannelure semblait avoir été creusée comme par la lime d’un
forgeron, une bonne lime qui ne s’émoussait pas rapidement, car l’entaille
était aussi large et profonde que mon petit doigt. Il n’y avait dans celle-ci
aucune trace de mousse, et sa surface intérieure était doucement

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