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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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nombreux «  Io ! » et «  Euoi ! ».
    Dengla ôta son manteau, l’allongea sur notre couche et sans
chercher à nous attirer à sa suite, les enfants ou moi, se jeta dans la danse,
et se mit à bondir, à hurler et à se déshabiller comme les autres. Je constatai
qu’elle avait les jambes courtes et boulottes, mais ses pieds étaient si longs
et étroits que lorsqu’elle se mit à taper en mesure sur le sol de mosaïque, ses
battements spasmodiques réussirent à dominer le tumulte. On ne peut pas dire
que cette masse grouillante avait de quoi séduire l’œil. Les quelques hommes et
la plupart des femmes avaient l’âge de Dengla, et pas meilleure allure. Hormis
Philippe et Robin, j’étais la plus jeune dans le temple, et j’ai le regret de
le dire sans aucune modestie, de loin la plus regardable. Bien que j’eusse
gardé sur moi tous mes vêtements, de nombreuses femmes parmi celles étendues
sur les couches alentour me regardaient, m’adressant des œillades et de petits
clins d’œil entendus.
    La lumière était trop ténue pour que je puisse voir si les
danseuses – à leurs mamelons érigés, par exemple – manifestaient une
quelconque excitation sexuelle, et leurs contorsions et ululements frénétiques
auraient pu passer autant pour des insanités que pour des signes visibles
d’émoi charnel. C’était la même chose pour les hommes, dont aucun n’était en
érection ; la lumière des torches suffisait, ici, pour qu’on pût
l’affirmer. Le préfet Maecius avait cependant atteint, pour sa part, un stade
d’exaltation suffisant pour laisser tomber toute dignité, puisqu’il s’était
dévêtu. Il bondissait gauchement, telle une masse informe, faisant remuer et
onduler ses bourrelets de vieille graisse, mais ce qui pendait sous le sac
oscillant de son ventre n’était visiblement pas plus émoustillé qu’un lobe
d’oreille.
    Les danseurs, lorsqu’ils passaient près de la blanche table
de marbre, arrachaient des treilles pendantes quelques grumes de raisin ou une
grappe entière, et en faisaient jaillir le jus et les pépins de la façon la
plus dégoûtante, tout en continuant de chanter. Dès que l’un d’entre eux se
trouvait hors d’haleine, il s’extrayait quelques instants de la foule qui
l’écrasait pour aller se resservir du vin. Certains gisaient étendus sur le
dos, laissant tomber le filet de vin directement du baril dans leur gorge, ce
qui eut pour effet de maculer le sol d’un glissant barbouillis. Plus d’un
danseur tomba affalé dans ce bourbier, déclenchant l’hilarité de ses
semblables.
    Tous les hommes les avaient à présent rejoints, et il ne
restait plus que quelques femmes encore assises sur les couches. Celles-ci,
tout comme moi, semblaient se contenter de regarder, mais toutes s’étaient
dévêtues, excepté trois ou quatre d’entre elles qui conservaient à la romaine
un sous-vêtement sur elles : un strophion sous les seins, une ceinture
autour des hanches, un pagne symbolique. Des regards lourds de reproches
convergeaient dans ma direction et celle des jumeaux, aussi m’inclinai-je vers
eux et leur déclarai ce qu’avait dit un jour saint Ambroise :
    —  Si fueris Romae, Romano vivito more … [114]
    Ils ne comprenaient sans doute pas le latin, mais dès qu’ils
me virent commencer à me dévêtir, ils m’imitèrent. Les garçons se mirent
entièrement nus, et je gardai bien sûr la bande qui, ceignant mes hanches,
dissimulait ma virilité. Pour en masquer sa véritable utilité, je l’avais ornée
d’une guirlande décorative de lin semée de perles de couleur. Je fis aussi en
sorte de relâcher les muscles de ma poitrine, et de m’asseoir penchée vers
l’avant, afin de rendre le plus proéminents possible mes petits seins.
    Dès que dûment déshabillés nous nous fûmes tous trois
rassis – les deux garçons gardant d’un air gêné leurs mains en coupelle
autour de leurs attributs –, je constatai qu’aucun regard courroucé
n’était plus dardé sur nous. Tous fixaient désormais le fond de la salle, où
était en train de débuter le seul sacrifice rituel auquel il m’ait été donné
d’assister. Dengla et plusieurs autres femmes avaient cessé leur danse démente,
mais de manière tout aussi folle, s’étaient jetées sur les chevreaux tenus en
laisse.
    Et chacune d’entre elles (toutes en train de hurler «  Io
Bacche ! Euoi Bacche ! ») luttait fébrilement pour tenter de
s’emparer,

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