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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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instant, pût faire une
proclamation. À la façon un peu grandiloquente dont le praeco [115] avait
coutume d’annoncer les jeux à l’amphithéâtre, il cria en grec, en latin puis en
gotique :
    — Silence, tout le monde, je vous prie ! Car nous
allons bientôt assister ensemble à un événement vraiment significatif qui ne
fera qu’embellir cette nuit bachique des plus saintes et des plus
festives !
    La plupart des assistants étaient silencieux, mais un
certain nombre d’entre eux copulaient encore, grognant, poussant de petits cris
ou gloussant. Aussi le vieux Vénérable cria-t-il plus fort :
    — Je suis fier d’annoncer que deux jeunes novices mâles
vont cette nuit être dédiés au dieu et initiés à son culte ! La bacchante
Dengla nous fait l’honneur, ce soir, d’offrir à Bacchus ses deux propres
fils !
    Les jumeaux, assis à mes côtés, émirent de pitoyables
gémissements et m’agrippèrent chacun un bras. Les musiciens posèrent leurs
instruments légers et en saisirent de plus imposants : des tambours et des
cymbales.
    — Leur mère va conduire en personne leur cérémonie
d’initiation, continua le vieil homme. Elle suivra le rite traditionnel
autrefois pratiqué par la bacchante de Campanie que nous révérons tous, et dont
nul n’a oublié la façon dont elle a un jour, elle aussi, consacré ses deux
fils ! Ne manquez pas l’extraordinaire moment auquel nous allons assister
maintenant !
    Toutes les bacchantes libres à cet instant applaudirent
immédiatement, frappant des pieds et hurlant leurs traditionnels «  Euoi
Bacche ! Io Bacche ! », et je me demandai sérieusement si je
n’aurais pas mieux fait d’attraper les jumeaux et de m’enfuir avec eux. Mais
avant que j’aie pu décider si je devais ou non interférer dans la cérémonie,
Dengla et Melbai fondirent sur nous.
    Leurs cheveux étaient emmêlés et hirsutes, et toutes deux
avaient le regard empreint de folie. En haut de leurs cuisses, sur leurs pubis
rasés, leurs lèvres intimes qui ressortaient hideusement étaient humides de
mucus. Leur haleine était lourde de relents de vin, mais ce qui écœura le plus
mon odorat féminin, ce fut la rance odeur de poisson de leurs corps repus de
sexe jusqu’à l’indigestion. Leur bouche était toute maculée de sang séché, et
leurs seins pendants, eux aussi, piquetés de taches rougeâtres. Melbai saisit
chacun des garçons par un poignet, tandis que Dengla fouillait dans le manteau
qu’elle avait laissé sur la couche. Elle tira d’un de ses plis un olisbós, mais
d’une sorte que je n’avais encore jamais vue. Celui-ci était un régime d ’olisbói, comme un champignon muni de plusieurs tiges et de plusieurs chapeaux,
représentant des organes masculins de tailles graduées, de celle du jeune
garçon à celle de l’homme mûr en pleine érection.
    — Venez maintenant, mes fils, invita Dengla. Approchez
sans protester ni vous plaindre. C’est cela… ou le thyrse.
    Melbai traîna les garçons vers la couche près de laquelle se
trouvaient les musiciennes. Dengla la suivit, mais loin de confier l’horrible
nouvel olisbós à un quelconque Vénérable, elle se l’attacha autour de la
taille. De là où je me trouvais, dans la pénombre, je ne distinguais plus les
jumeaux l’un de l’autre, mais Melbai et une de ses sœurs couchèrent l’un d’eux
au bord de la couche. Toutes les autres bacchantes, debout à distance autour de
la pièce afin de bien voir, poursuivaient leur chant perpétuel : «  Io
Bacche ! Euoi Bacche ! »
    Dengla prit position derrière le garçon penché en avant et
balaya du regard l’alentour pour être sûre qu’elle était bien le point de mire
de toutes les attentions. Elle croisa le regard du vieux Vénérable décharné, et
il inclina cérémonieusement la tête. Immédiatement, le chant des assistants se
mua en un rugissement, et les musiciennes se mirent à frapper tambours et
cymbales, afin de couvrir le cri perçant du jeune garçon empalé par le plus
petit des multiples olisbói. Personne n’entendit son hurlement, mais il
avait hurlé, car son corps se tortilla, sa tête se releva en arrière et sa
bouche s’ouvrit soudain incroyablement. Presque autant que les yeux de son
jumeau qui le regardait.
    Le rugissement de tonnerre se poursuivit, tandis que Dengla
secouait ses hanches un moment, puis se retirait vers l’arrière. L’enfant
s’affaissa sur sa couche, palpitant, mais son répit fut de

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