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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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été exterminés jusqu’au dernier.
    — Et leur roi, Babai ? m’enquis-je.
    L ’optio, rayonnant, ouvrit son sac et en tira par les
cheveux la tête coupée de Babai. Bien que celle-ci laissât couler par le cou du
sang et d’autres substances, ses yeux ouverts conservaient un regard courroucé,
et sa bouche était fixée dans un rictus de rage. Cela aurait pu être la tête de
n’importe quel guerrier sarmate, excepté que son front était ceint d’un bandeau
d’or.
    Camundus, qui n’avait pas cessé de gémir derrière nous et de
tenter de placer un mot, sombra soudain dans un silence horrifié. Nous nous
tournâmes alors tous trois vers lui. Il dut ouvrir et refermer plusieurs fois
la bouche avant de réussir à articuler quelque chose.
    — Babai, déclara-t-il d’une voix grinçante, m’a trahi
pour prendre la cité.
    — Ce misérable médit des morts, alors qu’ils ne sont
plus là pour se défendre, cracha Daila. De plus, il ment. Quand nous l’avons
trouvé, il était entouré de gardes du corps sarmates, prêts à tuer pour le
défendre.
    — Bien sûr qu’il ment, renchérit Théodoric. S’il disait
vrai, il serait déjà mort dans l’honneur. Après avoir perdu sa ville, il se
serait, comme tout bon Romain, embroché sur sa propre épée. Alors qu’il va
maintenant devoir faire usage de la mienne.
    Théodoric dégaina son épée, et sans cérémonie, d’un seul
coup, il ouvrit à la fois la toge de Camundus et son abdomen. Le légat ne cria
pas. La coupure avait dû être trop vive et cinglante pour lui causer une
douleur immédiate. Il haleta et rassembla ses mains autour de la blessure
béante pour empêcher ses intestins d’en sortir.
    — Tu ne l’as pas décapité ? s’enquit Daila avec
désinvolture.
    — Un traître ne mérite pas la mort d’un ennemi
honorable. Cette blessure au ventre lui vaudra des heures d’intolérable
souffrance avant qu’il ne meure. Qu’un homme le surveille jusqu’à ce qu’il
expire, et alors seulement, qu’on m’amène sa tête. Qu’il en soit ainsi !
    —  Ja, Théodoric, clama Daila, saluant d’un geste
vif.
    — Thorn, tu dois mourir de faim et de soif. Viens, nous
allons festoyer sur la place centrale.
    En cours de route, je dis à Théodoric :
    — Tu as parlé de neuf mille ennemis défaits. Mais qu’en
est-il de nos hommes ?
    D’un ton satisfait et enjoué, il répondit :
    — Nous nous sommes bien débrouillés, je savais qu’il en
serait ainsi. Peut-être deux mille morts, et environ un millier de blessés. La
plupart s’en sortiront, même si certains ne pourront plus jamais combattre.
    Considérant les circonstances plus que difficiles, je devais
admettre que les Ostrogoths avaient en effet bien tiré leur épingle du jeu.
Mais je ne pus m’empêcher d’ajouter :
    — Tu ne me sembles pas très affecté par ces pertes.
Après tout… nous avons tout de même des milliers de blessés et de tués !
    Il me lança un regard de côté.
    — Si tu veux dire que je devrais pleurer sur leur sort, ne , n’y compte pas. Je ne pleurerais pas si tous mes officiers de haut
rang avaient péri dans l’attaque, et pas davantage si toi et mes amis étaient tombés
également. J’espère bien que personne ne me pleurerait, si j’avais subi le même
sort, moi aussi. Combattre est la vocation du guerrier, c’est son devoir et son
plaisir. S’il faut mourir, qu’il meure. En ce jour, je me réjouis car ce pour
quoi tous ont combattu a fini par tomber. Et où qu’ils soient, dans le ciel ou
au Walhalla, les morts s’en réjouissent avec moi, j’en suis sûr.
    —  Ja, je ne te contredirai pas sur ce point.
Cependant, l’ optio Daila a dû t’en parler, l’un de nous au moins a péri
de la main d’un des ses camarades ostrogoths… en l’occurrence celle de Daila
lui-même.
    — Il n’a fait que son devoir. Tout comme moi, lorsque
j’ai infligé à Camundus sa mortelle blessure, tout à l’heure. La désobéissance
aux ordres d’un officier supérieur est un crime, comme l’a été l’indiscutable
trahison du légat. Et les crimes doivent être punis sur-le-champ.
    — Mais je pense, et un procès équitable l’aurait
montré, que la victime de Daila s’est rendue coupable plus d’impulsivité que
d’insoumission. Il a certes agi sans réfléchir, mais dans l’ardeur de la
bataille…
    — Un procès équitable ? coupa Théodoric ébahi,
comme si je venais de demander un pardon inconditionnel

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