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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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pour tous les
malfaisants. Vái, Thorn, ce sont bien là les lois romaines. Nous obéissons
aux anciennes lois des Goths, bien plus sensées. Quand un criminel est pris sur
le fait ou se trouve d’une façon ou d’une autre indiscutablement coupable, tout
procès serait superflu. Si le crime s’est déroulé à l’insu de tous, ou que pour
toute autre raison, il y a doute sur la culpabilité de l’accusé, dans ce cas
oui, on organise un procès. Mais de telles occasions sont rares.
    Il fit une pause et sourit, rayonnant.
    — C’est la raison pour laquelle nous autres Goths avons
tendance à être plutôt ouverts et directs, dans nos péchés comme dans nos
bonnes actions. À présent, nous voici arrivés sur la place où va se tenir le
banquet. Vautrons-nous sans vergogne dans le péché de gloutonnerie.
    Les décurions, signiferi et optiones de
Théodoric avaient, semble-t-il, mis à contribution chacun des habitants de la
ville, à l’exception des plus jeunes enfants, et la population ne manifestait
pas un grand enthousiasme à la tâche. Pour les gens aisés et les mieux nourris
de la cité, cette prise de Singidunum ne signifiait rien d’autre qu’un
changement de maîtres. Les hommes et leurs fils avaient été assignés à la
répugnante corvée d’aller chercher les cadavres, de leur ôter leurs armures,
leurs armes et tout ce qui pouvait avoir de la valeur, et d’en débarrasser la
ville. Vu le nombre des corps, cette tâche les occuperait sans doute de longs
jours encore. Comme je devais le découvrir, on leur avait simplement demandé de
les jeter du haut de la falaise, afin qu’ils aillent s’écraser dans la plaine
en contrebas, où d’autres étaient chargés de les arroser d’huile et de poix et
de les disposer en un gigantesque bûcher où l’on procéderait à leur crémation.
    Aux femmes et à leurs filles, on avait demandé d’ouvrir les
réserves de nourriture, de les faire cuire et de les servir, d’une part aux
Ostrogoths affamés de la troupe, mais aussi aux habitants faméliques des
faubourgs. Aussi de grands feux crépitaient-ils sur la place centrale, tandis
que la fumée montait des cheminées alentour. Les femmes allaient et venaient,
chargées de plateaux lourdement garnis de miches de pain et de morceaux de
fromage, ainsi que de chopes, de cruches et de pichets. La place et toutes les
rues y conduisant étaient bondées de nos guerriers et des habitants de
l’extérieur – j’y vis même Aurora accompagnée de ses parents – en
train de se servir avidement une portion de nourriture, ou d’agripper un plat
élégant ou un bol et d’y puiser, voraces, sans le secours d’un quelconque
ustensile.
    La foule se fendit respectueusement pour laisser passer
Théodoric, et je me glissai à ses côtés. Après avoir saisi un peu de viande, de
pain et de vin, nous avisâmes un coin inoccupé sur les pavés ronds et Théodoric
s’y assit sans cérémonie avant de se mettre à dévorer aussi peu royalement que
moi, avec l’avidité de n’importe quel soldat ou gosse invité à partager le
festin.
    Dès que notre faim et notre soif furent un peu assouvies, je
demandai à Théodoric :
    — Et maintenant, que va-t-il se passer ?
    — Rien, j’espère. Du moins pas ici, pour un certain
temps. Les habitants de Singidunum ne sont pas plus heureux de nous voir qu’ils
ne l’ont été avec les Sarmates. D’un autre côté, en définitive, ils n’ont pas
non plus trop souffert. Les Sarmates n’ont pas eu l’occasion de piller et
d’emporter du butin, et j’ai interdit aux miens de le faire. Pas de pillage, ni
de viols. À chacun, s’il en est capable, de trouver son Aurora. Je veux que la
cité soit intacte et qu’elle demeure respectée, faute de quoi elle ne me sera
d’aucune utilité dans le marché que je compte soumettre à l’Empire.
    — Tu vas donc devoir l’occuper et y résider quelque
temps.
    —  Ja, et cela avec environ trois mille hommes
valides, seulement. Au nord du Danuvius, en Vieille Dacie, il reste bien
d’autres de ces Sarmates de Babai, sans compter leurs alliés, les Scires. Mais
le roi Babai ayant décidé de conduire en personne l’occupation de Singidunum et
de s’y fixer, ces gens sont à présent privés de chef, et ne sauront
momentanément plus à qui se vouer. Tant que ne sera pas propagée la nouvelle,
par quelque espion, que la ville est tombée et que Babai a péri, nulle
contre-attaque d’envergure n’est à

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