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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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s’entourer de jeunes
hommes ? Si tel était le cas, il aurait sérieusement changé depuis qu’il
est parti.
    Ma rougeur devait avoir atteint celle de l’apoplexie, et je
répondis d’une voix enrouée par la vexation :
    — J’ai acquis ce titre, Princesse, parce que j’ai aidé
Théodoric à prendre la cité de Singidunum, et pour nulle autre…
    Elle m’interrompit soudain du tintement d’un long rire aux
intonations mélodieuses. Sa main gracile me salua d’un geste d’hilarité
désespéré, tandis que le vieux Costula se mettait lui-même à pouffer, et je me
serais volontiers à l’instant même enfoncé dans le sol là où je me trouvais.
Quand elle parvint à reprendre le contrôle d’elle-même, essuyant d’un geste
gracieux ses yeux brillants de larmes comme des pierres précieuses, elle ajouta
avec un amusement enjoué :
    — Pardonnez-moi. Je sais que mon attitude n’est pas
très digne. Mais vous aviez l’air si… si… D’ailleurs, comme le lekeis n’arrête pas de me le dire, le rire est le meilleur médicament au monde.
    Je répondis d’un ton glacé :
    — J’approuve cette médication, Princesse.
    — Bon, allons… Vous n’êtes pas jeune au point de devoir
me parler comme à une aînée. Appelez-moi Amalamena, et je vous appellerai
Thorn. Si vous avez lu la lettre de mon frère, vous comprendrez qu’il n’y avait
aucune méchanceté dans ma raillerie.
    — Je ne l’ai pas lue, rétorquai-je avec raideur. C’est
votre chambellan ici présent qui en a rompu le sceau. Demandez-le-lui !
    — Peu importe. Son contenu a de quoi vous rendre fier,
croyez-le bien. Mon frère vous y encense sans réserve, et parle non seulement
de vous comme d’un maréchal, mais comme d’un ami. Il a de nombreux amis, en
tant que roi… Vous, c’est de Théodoric dont vous êtes l’ami.
    — J’essaie de m’en montrer digne, répliquai-je, pas
entièrement dégelé par son ton chaleureux. On m’a confié une mission d’une
certaine urgence, Princesse. Je veux dire… Amalamena. Si vous pouviez avoir la
bonté de nous fournir de quoi poursuivre cette expédition, comme le requiert
sans doute Théodoric dans cette lettre, je continuerai ma route, et…
    — Et moi avec vous, intervint-elle. J’aimerais en
effet, comme le suggère du reste Théodoric, me joindre à votre expédition.
    Je répondis aussitôt :
    — Je pense que lorsqu’il a écrit cela, votre frère
n’était pas au courant de votre… euh… (Je m’étais interrompu, car le vieux
Costula, debout derrière la chaise de la princesse, secouait négativement la
tête avec une telle emphase que sa barbe en tournoyait presque.) Ce que je veux
dire, c’est que… je ne sais rien de la route qui va nous mener à
Constantinople. Le voyage pourrait être rude. Voire périlleux.
    Elle me gratifia de nouveau de son sourire comprimé par ses fossettes,
et insinua d’un ton persuasif :
    — Mais j’ai Thorn pour me guider, et me protéger. Si
j’en crois cette lettre, je ne serais pas plus en sécurité sous l’aegis [131] de
Minerve ou de Jupiter. Me refuseriez-vous l’opportunité de le vérifier par
moi-même ?
    Elle me posait à présent une question, ce n’était pas un
ordre. Et il s’agissait là d’une princesse royale, la sœur de mon roi et ami,
sans doute adulée de son peuple, atteinte d’un mal dont j’ignorais jusqu’au nom,
et j’en serais tenu responsable, quoi qui pût lui arriver sous ma garde.
J’avais donc de multiples raisons d’avoir des doutes et des appréhensions, et
j’aurais dû les lui exprimer avec vigueur. Au lieu de quoi, alors que
j’admirais cette exquise et frêle jeune fille, la seule pensée qui tournoyait
dans ma tête était : «  Akh ! que ne puis-je être un
homme ! » Et pour toute réponse je ne pus que m’incliner :
    — Jamais je ne saurais vous refuser quoi que ce soit,
Amalamena.

 
38
    Amalamena donna diverses instructions au faúragagga concernant la préparation de l’expédition, et lui demanda de lui envoyer divers
serviteurs et auxiliaires militaires à qui elle en donnerait d’autres. Puis
elle me dit :
    — L’excitation que je ressens à cette idée m’a quelque
peu fatiguée. Ou peut-être, Thorn, est-ce dû à ce rire salutaire que vous
m’avez valu… (Et elle rit à nouveau.) Toujours est-il que je vais prendre un
peu de repos, à présent. Costula va vous montrer vos appartements, et
s’arrangera pour vous faire porter vos

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