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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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l’on puisse mieux les apprécier
l’un après l’autre, était aussi une mode d’inspiration grecque.
    La porte intérieure située au bout du hall s’ouvrit, et
Costula me fit signe d’avancer. Je posai mon pot de bière pour me diriger vers
lui, et il me conduisit dans la pièce du fond. C’était une chambre spacieuse,
aux plafonds hauts, éclairée de multiples fenêtres aux volets ouverts à cette
chaude journée d’été. Le décor était le même que dans la pièce d’où je
venais : sol de mosaïque, trophées de chasse, urnes à la grecque. Mais
contre le mur opposé à l’entrée, se dressait un objet d’ameublement qui n’avait
rien d’ornemental : un trône élancé, sur lequel se détachait la fine
silhouette voilée de blanc d’une femme. Elle tenait à la main la lettre déroulée
de Théodoric, comme si elle était en train d’en prendre connaissance, sans aide
extérieure. Cela ne laissa pas de me surprendre : une femme
« étrangère », même de sang royal, sachant lire… Je devais découvrir
par la suite que la princesse ne se contentait pas de savoir lire, ainsi
qu’écrire ; elle était véritablement lettrée.
    Je me dirigeai vers elle d’un pas à la fois altier et
mesuré, mais il y avait loin de l’entrée au trône, et toute la dignité dont je
tentais de me parer fut ruinée par le comique couinement spongieux émanant de
mes chaussures humides, horriblement amplifié par la forme voûtée de cette
chambre. Loin du noble maréchal et du hiératique herizogo, je me fis
plutôt l’effet d’un cafard aquatique en train de patauger dans la boue.
    La princesse Amalamena devait être en train de se dire la
même chose, car elle garda la tête baissée et les yeux fixés sur mes pieds tout
le temps que je pris pour la rejoindre. Lorsque je cessai enfin de couiner,
juste devant son trône, elle consentit à relever lentement la tête. Elle
souriait assez joliment, mais les fossettes autour de sa bouche montraient
assez clairement qu’elle se retenait ; visiblement, elle aurait volontiers
éclaté de rire. Conscient que je devais être d’un rouge pivoine que n’aurait
sans doute pas renié l’Aurora de Théodoric, je m’inclinai en une profonde
révérence pour mieux dissimuler mon visage et ne m’en relevai que lorsque
j’entendis Amalamena me dire :
    — Bienvenue, Saio Thorn.
    Elle se contrôlait toujours, mais son sourire était devenu
songeur, tandis qu’elle respirait délicatement l’émanation qui emplissait
l’air.
    — Êtes-vous passé par la Vallée des Roses, pour
venir ?
    —  Ne, Princesse, dis-je, réprimant la remarque
qui me brûlait les lèvres, comme quoi son affection ne devait pas être un rhume
diminuant son acuité olfactive. C’est juste que je porte un parfum à l’essence
de rose, Princesse.
    — Vraiment ? Comme c’est original ! (Ses
fossettes montraient derechef une certaine difficulté à contenir son sourire.)
La plupart des émissaires de mon frère arrivent empestés de sueur et de sang.
    Elle n’eut pas besoin de le dire, j’avais une bien frêle
silhouette pour un maréchal du roi. J’aurais pourtant aimé impressionner cette
Amalamena, car elle était aussi avenante qu’est censée l’être une princesse. Sa
ressemblance avec Théodoric était assez frappante, mais ses traits étaient bien
sûr plus délicats : alors qu’il était beau, elle paraissait jolie. Elle
n’avait pas non plus sa stature ; svelte au point d’en être spectrale,
elle n’avait pas plus de poitrine que moi lorsque j’étais Veleda. Tandis que
Théodoric était blond de cheveux et pâle de peau, comme tous les Goths,
Amalamena avait les tresses argent doré, les lèvres jaune pâle et une peau
ivoire si translucide que l’on pouvait distinguer les veines bleu cendré qui
couraient sous ses tempes. Elle portait bien son nom de « Lune des
Amales », tant elle incarnait à la perfection cet astre mince, fragile et
blafard qu’est la nouvelle lune. Son teint uniformément nacré faisait briller
ses yeux d’un bleu nordique tels ces feux de Saint-Elme que j’avais un jour
contemplés, et ces yeux se moquaient de moi de façon bien espiègle lorsqu’elle
me dit :
    — Ma foi, Saio Thorn, vous n’êtes guère plus
gros que moi, ne semblez pas beaucoup plus âgé, et n’avez pas davantage de
barbe. Peut-être pourrais-je moi aussi postuler au maréchalat ? Ou
Théodoric préfère-t-il à présent, comme jadis Alexandre,

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