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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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charges et responsabilités de famille
incombant à la plupart des hommes et des femmes.
    Akh, je le confesse, il est arrivé à ma partie
féminine, en des moments incertains, inconfortables ou particulièrement
terribles de ma vie, d’aspirer à un peu plus de sécurité et de tranquillité.
Mais ces flottements furent toujours brefs, et jamais je n’ai pu me résoudre à
ce que la plupart des gens considèrent comme la « normalité ». Avec
le recul, j’aurais tendance à m’en réjouir. Si je m’étais cantonné aux limites
ordinaires de la moralité ou si j’avais choisi un sexe, l’assumant pour le
restant de mes jours, ma vie aurait certes été bien plus simple et vierge
d’imperfections. Mais comme elle aurait manqué de piment et d’aventure !
Je me suis souvent demandé ce que peuvent ressentir, lorsqu’ils se penchent sur
leur passé, les gens normaux, policés et vertueux. Qu’ont-ils vraiment fait qui
soit digne d’intérêt ? Quels sont les souvenirs susceptibles de faire
naître en eux un sourire rétrospectif, un accès de chagrin, une sensation de
fierté, un sanglot de regret, voire un sentiment de honte de ce qu’ils ont pu
faire ?
    Mon apparence a toujours été le reflet de mon appartenance
sexuelle. Ambiguë. Durant ma vie d’adulte, j’ai été aussi souvent qualifié de
« beau garçon » ou de « bel homme » que complimentée comme
une jolie femme. J’en ai connu de plus grandes que moi, mais aussi des hommes
plus petits. Mes cheveux ondulés sont restés mi-longs, ce qui sied à l’homme
comme à la femme. Ma voix n’a pas mué à l’adolescence, faisant de moi tantôt un
homme à la voix douce, tantôt une femme au timbre rauque, un peu provocant.
Lorsque je cheminais seul, je demeurais un homme. Mais même ainsi, je
conservais un côté équivoque. Parce que j’étais blond aux yeux gris, les
peuples hâlés du Sud me prenaient pour un Scandinave. Mais la finesse de mes
traits et mon visage imberbe m’ont toujours fait passer, auprès des peuples
germaniques, pour un Romain.
    Je n’ai jamais eu ni barbe ni poils sur le torse, excepté un
peu de duvet sous les aisselles, et jamais je n’ai développé non plus de
véritable poitrine. Mes attributs mammaires étaient comparables à des pectoraux
d’homme. Quelle qu’ait été leur douceur, je pouvais aussi aisément les aplatir
sous un habit serré que les mettre en valeur à l’aide d’un strophion [25] pour accroître leur volume. Leurs aréoles rose pâle et leurs mamelons étaient
un peu plus développés que ceux d’un homme et plus érectiles sans doute,
lorsqu’on les stimulait, mais jamais les femmes me croyant un homme ne les
trouvèrent désagréablement efféminés. Du reste, après Deidamia, nulle femme qui
m’ait vu dévêtu ne m’a jamais pris pour une consœur.
    Mon écusson pubien était bien dessiné, légèrement plus
sombre que la teinte de mes cheveux, et ni aussi diffus que celui d’un homme,
ni aussi net et triangulaire que celui d’une femme ; mais hormis certains
médecins, nul ne prête attention à cette différence. De même, mon nombril,
contrairement à celui des hommes, n’était pas à hauteur de la taille, ni aussi
bas que celui des femmes. Là encore, rares sont ceux qui sont conscients de ces
détails. Mon organe viril était de taille suffisante pour qu’en veillant à ma
posture lorsque j’étais nu, je puisse en dissimuler aisément l’absence de
testicules. Je pouvais tout aussi bien l’escamoter totalement, en le fixant sur
mon ventre à l’aide d’une bande bien serrée, dès que je devenais une femme.
    On pourrait croire que je m’adaptai très jeune à ma nature
particulière. Tel ne fut pas le cas. Comme on le verra, je mis du temps à
l’admettre, et la normalisation de mes rapports avec autrui fut l’aboutissement
d’une longue série de rencontres, sexuelles ou pas, avec divers hommes et
femmes. J’acquis de certaines une simple expérience, et si quelques-unes me
procurèrent de réelles émotions, d’autres furent franchement embarrassantes ou
réellement douloureuses. En fait, je mis de longues années à m’accepter tel que
j’étais. Souvent, je me demandais : « Dois-je chausser les socques de
la comédie, ou les cothurnes de la tragédie ? » Longtemps, je
supportai mal la présence de certains animaux tels que les chevaux, les
juments, et a fortiori les mules. Akh, même la vue d’une certaine
fleur me mettait mal à

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