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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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bélier. Au-dessus
de la massive porte de bois pendait une planche où étaient clouées des lettres
peintes : en or le nom du vieil empereur qui avait fait construire le
fort, VALENTINIEN , et en rouge le nom de
la légion à laquelle appartenaient les troupes de la garnison : LEGIO XI CLAUDIA .
    Cet immense portail était hermétiquement clos, comme chacune
des entrées de la ville, mais de l’une des tours latérales s’éleva une voix
rude, qui nous apostropha successivement en latin, puis dans la Vieille
Langue :
    —  Quis accedit ? Huarjis anaquimith ? [37]
    Wyrd me surprit en répondant dans les deux langues :
    —  Est caecus, quisquis ? Ist jus blinda, niu  ? [38] Qui
penses-tu donc que cela puisse être, Paccius ? Allons, toutou arrogant,
n’as-tu pas reconnu la putain de ta mère ? Tu connais bien ma voix, signifer [39] , comme je connais la tienne.
    J’entendis la sentinelle glousser de rire, mais la même voix
reprit :
    — Certes, je t’ai bien reconnu, vieil homme. Mais ce
n’est peut-être pas le cas de la soixantaine d’archers qui te tiennent
actuellement en joue de leurs flèches. Annonce-toi donc.
    Wyrd frappa furieusement du pied et rugit :
    — Par les vingt-quatre testicules des douze
apôtres ! Je suis Wyrd, le Traqueur des Bois !
    — Et ton compagnon ?
    — Rien qu’un autre chien de garde dans ton genre,
insolent que tu es ! C’est mon apprenti homme des bois, Thorn le Vaurien.
    — Et son compagnon ?
    — Quoi ? éructa Wyrd, désorienté. (Il regarda
autour de moi.) Akh, tu veux parler de l’oiseau ! Ne me fais pas croire,
Paccius, qu’un légionnaire romain ne sait pas reconnaître un aigle ?
Dois-je t’annoncer aussi séparément chacun de mes orteils, qui s’allongent déjà
d’envie à l’idée d’aller chatouiller ton arrière-train souillé de merde ?
    — Attends ici.
    Wyrd continua quelques instants de vociférer, alignant une
série de nouveaux blasphèmes encore plus gratinés, mais seul le silence lui
répondit. Je souhaitai ardemment qu’il se taise à son tour, compte tenu des
archers qui nous tenaient en joue de traits encore plus nombreux, sans doute,
que ceux qui avaient percé saint Sébastien.
    Mais nous n’attendîmes pas longtemps. On entendit derrière
le portail les sons mats, grincements et craquements de lourdes barres que l’on
relève. Il s’entrouvrit alors avec une lenteur solennelle, juste assez pour
nous donner l’accès. Nous fûmes accueillis par la sentinelle Paccius, qui comme
tous les autres légionnaires encadrant l’entrée, était en tenue de combat.
C’était la première fois que je voyais des soldats, sans parler de leurs armures.
    Chaque soldat portait un casque de fer muni sur l’arrière
d’une palette lui protégeant la nuque, et sur les côtés deux rabats articulés
recouvrant ses joues, le tout étant richement orné de décorations forgées ou en
relief. Son armure était formée d’innombrables bandelettes de métal imbriquées
les unes dans les autres et fixées à un corselet de cuir porté en dessous.
Chaque homme portait autour du cou une écharpe empêchant sa peau d’être irritée
par ce rigide équipement. Une large ceinture entourait leur taille, ornée de
gros clous décoratifs. Côté gauche de celle-ci était fixée une dague gainée à
lame en forme de feuille, tandis qu’un fourreau très ornementé faisait le
pendant, côté droit. Tous les hommes présents venaient d’en tirer une épée
courte qu’ils tenaient en main, prêts à s’en servir. Sur l’avant de la ceinture
pendait une sorte de tablier constitué de rondelles de métal reliées par des
courroies de cuir, dont la souplesse permettait le mouvement aussi aisément que
le bas de la tunique de laine qu’ils portaient par-dessous, mais qui protégeait
également leur bas-ventre de toute blessure. Tous les hommes, et parmi eux
surtout le nommé Paccius, qui semblait d’un rang plus élevé, m’apparurent si
forts, si tannés, si capables et si braves que je rêvai spontanément d’être moi
aussi un homme, et d’avoir atteint l’âge adulte, pour pouvoir à mon tour
m’engager comme légionnaire.
    —  Salve, Uiridus, ambulator silvae, fit
aimablement Paccius, brandissant son poing serré pour le salut romain.
    —  Salve, signifer, grogna Wyrd, les bras trop
encombrés pour lui rendre la pareille. Il t’en a fallu, du temps, dis-moi.
    — J’ai dû me rendre au legatus praesidio [40] pour

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