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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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cessait de bougonner son étonnement à
ce sujet. En traversant les faubourgs, nous ne vîmes personne, ni travailleurs
en action, ni même un oisif assis à ne rien faire. Les portails devant lesquels
nous passions étaient fermés, les feux des forges et des fours à céramique
éteints, et l’on n’entendait pas ce brouhaha usuel de toute communauté humaine
en activité. Même les chiens étaient silencieux.
    — Par le corps recuit de saint Polycarpe, récrimina
Wyrd, tout ça n’est quand même pas banal !
    — Regardez là-haut, fráuja, il semble tout de
même y avoir quelques fumées montant au-dessus de ces cabanae.
    — Ja. Arrive, gamin, je t’invite dans ma taverne
favorite. Elle est tenue par un vieil ami à moi, qui ne coupe pas son vin. On
lui demandera quelle plaie s’est abattue sur la ville.
    Mais bien que la fumée indiquât clairement qu’un feu de
cheminée brûlait à l’intérieur, la porte de l’auberge était close, comme toutes
celles des environs. Wyrd tambourina avec rage sur le panneau, éructa quelques
hideuses obscénités de son cru et hurla :
    — Ouvre-moi cette foutue porte, Dylas ! Que tous
les dieux te damnent, je sais que tu es là !
    Ce n’est qu’après que Wyrd eut martelé copieusement le
battant et ajouté quelques malédictions à son chapelet fleuri que dans un bruit
subit, un volet finit par s’entrouvrir, laissant le passage par une mince
fissure à un œil rougi et larmoyant, tandis qu’une voix bourrue s’exprimant
dans la Vieille Langue avec un indéfinissable accent répliquait :
    — Wyrd, mon vieux compagnon, c’est toi ?
    —  Ne, tonna Wyrd d’une voix si puissante que
plusieurs autres volets s’entrouvrirent à leur tour, je ne suis que le souple
éphèbe Hyacinthe, venu te séduire et te débaucher ! Ôte ta barre de
derrière la porte, ou par Iésus, je te la défonce à coups de pied !
    — Je ne puis le faire, vieux camarade, il m’est
interdit d’ouvrir à tout étranger.
    — Comment ça, interdit ? Par tous les furoncles de
Job, nous avons toi et moi contracté toutes les sortes de vérole existant en ce
bas monde, et nous avons bien survécu ! Nous ne craignons pas la
contamination, tout de même. Et je ne suis pas un étranger ! Je te le
répète, si tu n’ouvres pas…
    — Si tu pouvais ne serait-ce qu’une seule fois dans ta
vie, vieux croûton, fermer un peu ta grande gueule de braillard invétéré, tu
pourrais ouvrir tes oreilles. Cette porte est barrée sur ordre du légat
Calidius. Toutes celles de Basilea le sont aussi, sans aucune exception. Ce
n’est pas une épidémie qui nous a frappés, ce sont les Huns.
    —  Iésus ! Est-ce que Calidius fait
barricader les écuries dès qu’un cheval est volé, niu ?
    —  Tu ne crois pas si bien dire. Ici, en
l’occurrence, seule une jument et son poulain ont été volés.
    — Perdition, Pluton et pandémonium ! enragea Wyrd.
Fais-moi entrer et raconte-moi ça en détail.
    — Je n’ai même pas le droit de raconter ce qui s’est
passé ici. Pas plus qu’aucun autre citoyen. Tous les visiteurs étrangers
doivent se présenter à la garnison, Wyrd. C’est la seule porte que tu trouveras
ouverte.
    — Dylas, vieille fripouille ! Mais que diable se
passe-t-il donc, à la fin ? Il n’y a même pas assez de Huns dans toute
cette partie du monde pour monter une attaque contre une garnison
romaine !
    — Je ne puis t’en dire plus, vieux frère. Va à la
garnison.
    Nous nous y rendîmes donc, et remontâmes les rues qui
menaient des cabanae jusqu’en haut de la colline. Wyrd passa tout le
trajet à marmonner des paroles salées, et je gardai prudemment le silence. En
approchant du fort qui dominait la terrasse, nous zigzaguâmes entre les haies
de pieux hérissant le parcours et traversâmes les ponts-levis jetés sur les
fossés, toutes défenses aisées à franchir pour un piéton isolé, mais capables
de briser une charge de fantassins ou de cavaliers organisés en formations de
combat. Finalement nous parvînmes au pied du grand mur, et même si, comme je
l’ai dit, Basilea n’était pas une des plus considérables garnisons romaines
existantes, sa taille m’impressionna. Elle devait mesurer au bas mot pas loin
de quatre cents pas de côté. Le mur, quoique fait sans nul doute de pierres ou
de briques, était entièrement doublé sur l’extérieur d’une épaisse couche de
mottes de tourbe, afin d’amortir les éventuels assauts d’un

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