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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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ses affranchis, ses maris et ses épouses, ses jeunes éphèbes l’acclamaient, reprenant mes propos, criant :
    — Vive l’olympionique ! Vive Néron-Hercule ! Vive Néron-Apollon !
    Il a levé lentement la main, secouant la tête, murmurant qu’il ne méritait pas tous ces éloges, puis, tout à coup, se rengorgeant, se penchant vers moi, il m’a dit qu’il avait remporté mille huit cent huit couronnes depuis qu’il était arrivé en Grèce. Il était à présent contraint de rentrer en Italie, mais les citoyens de Rome comprendraient enfin quel artiste il était.
     
    Il a quitté le palais et ses courtisans m’ont entouré. Que m’avait dit l’empereur ?
    Ils étaient comme des chacals prudents et avides voulant m’arracher une confidence, un secret.
    Je me suis détourné. Ils étaient plus répugnants que ces mouches noires aux reflets verts qui grouillent sur les cadavres.
    Mais j’étais vivant. J’avais échappé à la mort.
     
    Peu après, Néron m’a convié à prendre place sur la tribune placée au centre du stade où les Grecs s’étaient rassemblés pour saluer leur empereur avant son départ pour l’Italie.
    C’était une journée pluvieuse, avec de brèves éclaircies que le vent venu des massifs du nord de l’Achaïe effaçait.
    Néron a chanté, déclamé, et à chaque vers, à chaque pincement des cordes de la cithare les Augustiani, sa cohorte de plusieurs centaines de jeunes hommes chargés de l’accompagner et de saluer son talent, l’acclamaient, et tous les spectateurs se levaient, ajoutant leurs cris aux éloges.
     
    Puis les trompettes ont retenti et Néron s’est avancé jusqu’au milieu de la scène qui prolongeait la tribune.
    Il a levé les bras et, quand le silence s’est établi, il a annoncé que la Grèce cessait d’être une province soumise à l’impôt, et qu’elle devenait une nation libre.
    Il remerciait ainsi la terre des dieux de l’avoir sacré, lui, Néron, plus grand artiste de tous les temps, l’égal des divinités de l’Olympe.
    Il a esquissé un pas de danse cependant que la foule se levait sur les gradins.
    Il s’est tourné vers la tribune. Je l’ai acclamé comme tous ceux qui m’entouraient.
    Et j’ai eu honte.

 
     
11
    J’ai continué d’être lâche.
    J’ai acclamé Néron à Naples lorsque son char, tiré par quatre chevaux blancs, est entré dans la ville par une brèche que l’on avait ouverte dans les murailles de la cité.
    Il était l’empereur du genre humain, maître de toutes les villes, celles de l’Orient et de l’Occident, et aucune d’elles ne pouvait lui résister. Sur la route de Rome, on a de même défoncé les remparts d’Antium et d’Albe pour que le char impérial puisse pénétrer dans chacune de ces cités.
    Et la foule de l’acclamer.
    Il chantait. Il jouait, la tête toujours ceinte de la couronne olympique, entouré d’esclaves qui portaient les autres couronnes ou bien des pancartes sur lesquelles étaient inscrits les noms de ceux qu’il avait vaincus, les titres des pièces qu’il avait interprétées, la liste des villes grecques qui lui avaient réservé un triomphe et l’avaient salué comme le dieu qu’il était.
    Les Augustiani encadraient le char, l’applaudissaient en cadence, suivant un rythme précis, et ils criaient à chaque fois : « Vive Néron-Hercule ! Vive Néron-Apollon ! Vive l’olympionique, Auguste, Auguste ! »
    Les prétoriens frappaient à mort ceux des spectateurs qui ne manifestaient pas assez d’enthousiasme ou qui tentaient de s’éloigner.
    Et j’ai eu honte, de Naples à Rome, de me prêter, comme un esclave qui veut sauver sa vie, à cette mise en scène grotesque et cruelle.
    Car tout au long de la via Appia on immolait des victimes pour célébrer le passage de l’empereur Néron !
     
    Il entra dans Rome enveloppé d’un grand manteau pourpre parsemé d’étoiles d’or.
    Il montait le char sur lequel Auguste avait triomphé. Il avait fait asseoir près de lui le musicien Diodore.
    Le sol avait été couvert de fleurs et de safran, et l’on avait répandu des parfums pour que les odeurs fétides qui empuantissaient l’air de Rome fussent un temps masquées.
    Des délégations s’avancèrent, portant des offrandes au dieu Néron. On déposa à ses pieds des oiseaux multicolores, des pierres rares, des tissus dorés.
    Puis le cortège s’ébranla de nouveau, se dirigeant vers le temple d’Apollon au Palatin, puisque c’était

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