Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
qui arrivais de Galilée.
    On disait aussi qu’il songeait à faire incendier Rome et à lâcher sur le peuple des milliers de bêtes féroces pour qu’on ne pût combattre les flammes.
    Puis il annonça – j’étais dans l’assistance – qu’il allait prendre la tête de ses armées et marcher vers les provinces rebelles, la Gaule et l’Espagne.
    Il pérorait, disant qu’il avait ordonné que l’on rasât les cheveux des femmes qui l’accompagneraient. Elles seraient ses Amazones, armées de haches et de boucliers.
    — Sitôt que j’aurai touché le sol de la province, je me présenterai sans armes aux yeux des soldats, clamait-il d’une voix aiguë, exaltée. Je me contenterai de verser des pleurs ; alors les révoltés seront pris de repentir et, le lendemain, plein de joie, au milieu de l’allégresse générale, je chanterai un hymne de victoire qu’il me faut composer dès maintenant…
    Cet homme était fou.
    Comment pouvait-on encore lui obéir alors qu’il exigeait une nouvelle contribution en pièces d’or et d’argent, que le blé manquait à Rome, que les navires qui arrivaient d’Alexandrie n’étaient pas chargés de grain, mais de sable pour les lutteurs de la Cour !
     
    J’ai senti en marchant dans les rues de Rome que la plèbe frémissait de colère.
    Attaché à une statue de l’empereur, j’ai vu un sac et quelques mots écrits sur le socle : « Tu as mérité le sac. » La mort infamante.
    En quelques jours, les murs se sont couverts d’inscriptions menaçantes.
    « C’est maintenant que commence la lutte véritable ! Le temps des concours de chant est fini, voici la guerre ! Dérobe-toi si tu le peux ! » disait l’une.
    Plus loin on avait ajouté : « À force de chanter, tu as réveillé les coqs ! »
    Et partout on lisait « Vindex », ce nom qui signifie vengeance.
    Je fus sûr qu’elle s’avançait à pas rapides, implacable et armée.

 
     
12
    En ces mois de printemps de sa quatorzième année de règne, j’ai vu s’approcher de Néron la mort vengeresse.
    Au fur et à mesure que son ombre s’étendait, envahissant peu à peu les salles du palais impérial, les courtisans, les affranchis, les maris et les femmes de Néron, ses complices et ses compagnons de débauche et de crime, ses prétoriens l’abandonnaient.
    J’observais son visage parcouru de tics. Son corps tremblait, puis, tout à coup, la colère l’emportait.
    Il déchira la lettre lui annonçant que le légat de la légion romaine d’Afrique, Macer, avait renvoyé le consul et rejetait ainsi l’autorité de Néron.
    L’empereur se leva d’un bond, renversa la table, brisa sur le sol les deux coupes ciselées dans lesquelles il aimait boire et qu’il qualifiait d’« homériques » parce que des scènes d’Homère y étaient représentées.
    Puis, marchant d’un pas lourd, la tête retombant sur la poitrine, il convoqua la vielle Locuste, l’empoisonneuse, et lui réclama un poison qu’il enferma dans une boîte d’or.
    Brusquement, il serra les poings, les brandit, disant qu’il allait rassembler une flotte à Ostie, qu’il fuirait l’Italie, gagnerait Alexandrie après avoir obtenu du peuple qu’on le nommât préfet de cette province.
    Il rêvassait un moment, les yeux clos, puis demandait aux centurions et aux tribuns de la garde prétorienne s’ils étaient prêts à l’accompagner.
    Ils se dérobaient, quittaient la salle, et l’un d’eux lançait avec mépris ce vers de Virgile :
     
    Est-ce un si grand malheur que de cesser de vivre ?
     
    Néron regarda autour de lui, hagard.
    Il appela Tigellin, le préfet du prétoire, maître des délateurs et des tueurs, le grand exécuteur, l’homme qui torturait lui-même les ennemis du souverain, les suspects, tout en les forçant à rédiger un testament en sa faveur.
    Mais Tigellin avait disparu, réfugié dans sa propriété, abandonnant le pouvoir au second préfet du prétoire, Nymphidius Sabinus, homme voûté dont on ne réussissait pas à capter le regard.
    Sabinus avait dénoncé à Néron des dizaines de citoyens et il confiait maintenant qu’il avait pris langue avec Icelus, l’affranchi de Galba.
    On savait qu’il versait de fortes sommes aux prétoriens, qu’il leur répétait que Néron les dédaignait : comment eux, les gardes de l’empereur, les meilleurs soldats de Rome, pouvaient-ils accepter de ne plus composer l’escorte impériale ? d’être remplacés par ces

Weitere Kostenlose Bücher