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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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ce dieu-là que Néron incarnait et qu’on honorait. Après seulement on se dirigea vers le temple de Jupiter, au Capitole.
    Dans le grand stade, Néron se mit à chanter, à jouer de la cithare, cependant que l’on disposait autour de lui les mille huit cent huit couronnes gagnées en Grèce, et que les Augustiani applaudissaient.
     
    J’ai eu honte de ce triomphe grotesque.
    C’était donc pour cet homme-là que l’on massacrait en Galilée et en Judée, que l’on suppliciait les Juifs et qu’on envoyait à la mort les légions de l’Empire ?
    Quand donc cesserait ce règne qui durait déjà depuis quatorze années ? Chaque jour, des hommes avaient été égorgés, des femmes empoisonnées, des enfants étouffés, un père, un frère, une sœur, une épouse assassinés, et tant d’autres contraints au suicide, si bien que chacun – moi comme les autres – vivait dans la terreur.
    Et certains, pour que leur angoisse cesse, se précipitaient dans la mort.
     
    À Naples j’ai entrevu un premier espoir.
    On murmurait autour de moi que Vindex, un Gaulois, légat impérial de rang prétorien, gouverneur de la Lyonnaise, s’était dressé contre Néron, organisant des milices, proclamant que l’empereur était un piètre acteur, un mauvais citharède, qu’il fallait chasser cet histrion, cet usurpateur, ce matricide.
    J’ai guetté le visage de Néron, mais, durant plusieurs jours, il n’a paru prêter aucune attention à ces rumeurs qui gagnaient peu à peu son entourage aux aguets.
    À Rome on me chuchota que Galba, le gouverneur de la province espagnole de Tarraconaise, avait soulevé ses légions contre Néron dans le but, disait-il, de « restaurer la gloire et la dignité de Rome ».
    J’ai pensé à la prédiction de Josèphe Ben Matthias et j’ai commencé à croire qu’en effet, un jour, par des détours qui m’étaient inconnus, Vespasien et Titus régneraient sur l’Empire du monde.
    Ils ne s’étaient jamais comparés à des dieux, mais mieux valaient des empereurs qui n’étaient que simples mortels, plutôt qu’un souverain grotesque et sanguinaire qui prétendait être l’incarnation d’Hercule et d’Apollon.
    Et qui n’était qu’un lâche que la peur et la panique envahirent quand il apprit que Galba et ses troupes avaient fait défection !
    Je l’ai vu tout à coup s’effondrer, perdre conscience, et j’ai souhaité que la mort le saisisse.
    Mais il a repris ses sens et s’est mis à hurler, lacérant ses vêtements, se frappant la tête contre les murs, répétant en se lamentant que c’en était fait de lui, que son infortune était la plus grande de toutes celles qui avaient frappé ses prédécesseurs. Il avait à peine trente et un ans et le pouvoir suprême lui échappait de son vivant, encore en pleine jeunesse et alors que la Grèce, patrie des dieux, venait de reconnaître ses talents, de le couronner plus grand artiste de l’univers !
    Puis, sur ces mots, il a semblé oublier les révoltes et s’est remis à chanter, à déclamer, à s’enthousiasmer pour le fonctionnement d’orgues hydrauliques d’un modèle entièrement nouveau.
    Et j’ai pensé que les dieux auxquels il croyait lui étaient toujours favorables, puisque les légions de Germanie supérieure, commandées par le légat Virginius Rufus, avaient écrasé à Vesontio 1 les vingt mille miliciens de Vindex. Et que celui-ci s’était suicidé après sa défaite.
    Virginius Rufus regagnait maintenant sa province de Germanie supérieure, refusant de se joindre aux troupes mutinées de Galba.
     
    J’étais accablé. À l’expression des sénateurs et des chevaliers que je côtoyais, je devinais qu’ils partageaient mes sentiments. Ils avaient espéré que Néron serait enfin chassé, châtié.
    Mais la peur les réduisait au silence. Ils baissaient la tête, continuaient, comme moi, d’acclamer l’empereur, craignant qu’il ne mît à exécution les projets qu’on lui prêtait.
    Il voulait, murmurait-on, envoyer des assassins auprès de tous les gouverneurs des provinces afin de les remplacer par des hommes fidèles.
    Il préparait un grand festin auquel tous les sénateurs seraient conviés et contraints d’avaler des mets et des boissons empoisonnés.
    Il ferait massacrer tous les Gaulois de Rome, tous les citoyens exilés.
    Et il doutait plus que jamais de la fidélité de Vespasien, de Titus, de Tibère Alexandre.
    Je figurais parmi les suspects, moi, l’ami de Sénèque,

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