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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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hommes-femmes aux cheveux longs, au corps épilé, au visage fardé ? Comment pouvaient-ils obéir à un empereur qui s’affichait aux côtés d’un Sporus, son « épouse », grimé afin de ressembler à la défunte Poppée, et se dandinant comme une putain de lupanar ?
    La honte allait rejaillir sur eux. Or ils détenaient la force des glaives. Ils pouvaient élire un nouvel empereur – pourquoi pas ce Galba, un soldat qui voulait rendre à Rome sa gloire et sa dignité ?
    Sabinus distribuait chaque jour de nouvelles pièces d’or et d’argent aux prétoriens. Et ceux-ci quittaient les postes de garde, laissant le palais sans défense.
    Les soldats qui veillaient aux portes de la chambre de l’empereur s’étaient retirés, volant tout ce qui pouvait l’être, bijoux, bustes, fourrures, même les couvertures.
    On avait été jusqu’à dérober la boîte d’or contenant le poison que Néron avait déposée près de son lit.
     
    Je n’ai pas été témoin de ce qui a suivi, mais les nourrices de Néron, et Alexandra, deux vieilles femmes qui l’aimaient comme s’il avait été leur fils, et Acté, l’affranchie, la maîtresse dont on assurait qu’elle croyait en Christos et qui, bien que l’empereur l’eût rejetée, lui témoignait amour et compassion, m’ont raconté ses dernières heures. Dans la nuit du 8 juin, il a appris que les prétoriens, dans leur caserne, avaient proclamé Galba empereur, et que le Sénat l’avait déclaré, lui, Néron, ennemi public, le condamnant a être puni selon la vieille coutume.
    Il avait demandé à ses nourrices et à Acté, puis aux trois affranchis qui étaient restés auprès de lui, quel était donc ce châtiment. L’un d’eux, Phaon, après avoir hésité et interrogé du regard Sporus et Epaphrodite, avait décrit le supplice auquel Néron serait soumis s’il était pris vivant.
    On le mettrait nu. On engagerait sa tête dans une fourche et on le frapperait avec des verges jusqu’à ce que mort s’ensuive, puis son corps serait traîné par un croc et jeté dans le Tibre.
     
    Néron avait hurlé de terreur, dit qu’il allait lui-même se précipiter dans le fleuve, puis, après avoir couru sur quelques centaines de pas dans les rues désertes, il était rentré couvert de sueur, suppliant les quelques personnes qui étaient encore au palais d’aller chercher le gladiateur Spiculus, un mirmillon, l’un des plus habiles tueurs des jeux de Rome, qu’il avait félicité et couronné plusieurs fois dans l’amphithéâtre.
    Spiculus, lui, saurait le tuer.
    Mais comment le trouver ?
    Les esclaves qu’on avait chargés de lui transmettre l’appel de Néron revenaient déjà, affirmant que Spiculus avait quitté Rome. Mais peut-être qu’aucun d’eux n’était sorti du palais, ne craignant plus désormais cet empereur qui pleurnichait tout en sollicitant ses proches de le tuer. Mais tous s’éloignaient.
    — Je n’ai donc ni ami ni ennemi, avait-il déclaré.
    Phaon l’avait pris par le bras, lui murmurant qu’il fallait fuir au plus vite. Il offrait d’accueillir Néron dans sa maison, située vers la quatorzième borne militaire, entre la via Nomentana et la via Salaria.
     
    On part.
    Néron est à peine vêtu.
    C’en est fini du manteau pourpre constellé d’étoiles d’or. Aucune couronne ne ceint son front. Il n’est plus qu’un fuyard monté sur un cheval dont un prétorien ne voudrait pas. L’animal fait un écart pour ne pas heurter un cadavre puant étendu au milieu de la route. Le mouchoir avec lequel Néron se cache le visage glisse. Des passants reconnaissent l’empereur, l’interpellent.
    On n’est pas loin de la caserne des prétoriens.
    On entend les soldats qui crient le nom de Galba.
    On pousse les chevaux.
    On craint que la maison de Phaon ne soit déjà cernée par les prétoriens.
    On se glisse dans les buissons. On se déchire aux ronces. On se cache parmi les roseaux.
    Néron boit l’eau tiède d’un marécage, lui qui dans les coupes « homériques » voulait que l’eau qu’on lui servait fut refroidie par de la neige venue chaque jour des Apennins.
    On l’invite à se cacher dans un trou. Il hésite :
    — Quelle destinée, aller vivant sous terre !
    Parfois on a l’impression que c’est l’acteur qui joue un rôle et s’adresse à cette plèbe qui l’a tant acclamé. Il lance :
    — Celui qui autrefois était fier de sa suite nombreuse n’a plus maintenant autour de lui que trois

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