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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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affranchis !
    Et peut-être Phaon l’a-t-il livré.
     
    Ce sont les dernières heures. Néron pleure, grimace, geint, puis, tout à coup, dit d’un ton grave, devant la fosse qu’il a demandée que l’on creuse :
    — Quel artiste va périr avec moi !
    Il tourne autour du trou, sort de sa ceinture deux poignards dont il essaie successivement les pointes, puis les remet précipitamment dans leurs gaines.
    — L’heure marquée par le destin n’est point encore venue, dit-il.
    Il se plaint. Personne ne veut-il l’encourager en se donnant la mort ?
    On se dérobe.
    Il pleure, demande à Sporus de commencer les lamentations et les plaintes. Il dit qu’il veut qu’on brûle son cadavre afin que sa tête ne soit pas livrée aux insultes et aux crachats.
    Puis il semble vouloir fuir, se tord les mains, s’affaisse et murmure :
    — Ma conduite est ignoble, déshonorante. C’est indigne de Néron, oui, indigne ! Il faut du sang-froid en de pareils moments. Allons, réveille-toi, Néron !
     
    Les nourrices et Acté s’approchent.
    Elles annoncent que les cavaliers prétoriens sont en route, qu’ils ont pour mission de le ramener vivant afin qu’il soit supplicié selon l’antique tradition.
    — Il faut qu’on brûle mon corps tout entier, répète-t-il.
    On entend les cavaliers qui pénètrent dans le jardin.
    Il murmure un vers d’Homère :
     
    Le galop des chevaux aux pieds rapides frappe mes oreilles.
     
    Puis il enfonce l’un des poignards dans sa gorge, mais si maladroitement, si lentement qu’Epaphrodite doit appuyer de toute ses forces sur la lame.
    Le sang jaillit.
    Néron respire encore quand un centurion fait irruption dans la pièce, tente avec son manteau de colmater la blessure, de contenir le sang, voulant faire croire à l’empereur déchu qu’il vient pour le sauver.
    — Trop tard, lâche Néron.
    Puis il ajoute en expirant :
    — Voilà où en est la fidélité.
    Ses yeux paraissent jaillir de leurs orbites et prennent une telle fixité que les témoins s’écartent, horrifiés.
    Alors les femmes enveloppent son cadavre dans de blanches couvertures brodées d’or.

 
     
     
     
     
TROISIÈME PARTIE

 
     
13
    J’ai vu Rome renverser les statues de Néron et les briser à grands coups de masse.
    En traversant le champ de Mars, j’ai croisé des bandes hurlantes qui poursuivaient des hommes et des femmes aux yeux hagards, aux visages déformés par la peur.
    J’ai reconnu en l’un d’eux le gladiateur Spiculus.
    Il venait vers moi, fuyant devant la meute. Il criait qu’il n’était pas un délateur. Il avait simplement combattu dans l’arène pour le peuple et pour l’empereur. Il n’avait été ni le courtisan ni l’amant de Néron.
    Les hommes-chiens, les hommes féroces qui aboyaient à ses trousses se rapprochaient de lui. Ils brandissaient des bâtons cloutés. Ils avaient enfoncé sur leurs têtes, jusqu’aux sourcils, des bonnets phrygiens, symbole de la liberté recouvrée.
    Spiculus haletait. Il se tournait vers la meute, lançait :
    — Vous m’avez vu ! Vous m’avez acclamé ! Je ne suis qu’un mirmillon.
    — Tu as tué pour lui, tu as été au service de la Bête ! vociférait-on.
    Il a trébuché près de moi. Il a tendu les mains.
    J’ai croisé son regard. J’ai reculé.
    Les fauves, les chiens l’ont déchiqueté, puis ont jeté ses restes, morceaux informes de chair rougie, parmi les débris de pierre des statues de Néron.
    Ils m’ont flairé. Ils m’ont touché. Ils ont levé leur bâton.
    J’ai dit que j’étais le chevalier Serenus, l’ami de Sénèque, ce sage que Néron avait contraint au suicide. Je rentrais d’exil.
    On m’a dévisagé, puis une voix a lancé :
    — Là, là, une putain de Néron, là !
    Et la meute s’est écartée.
    Je l’ai vue se saisir d’un corps de femme, le jeter en l’air et le recevoir sur la pointe des poignards et des glaives, puis l’écarteler.
    Une voix près de moi a murmuré :
    — Je crains que bientôt on ne regrette Néron.
    Je n’ai même pas voulu entrevoir le visage de l’homme qui avait ainsi chuchoté, peut-être pour me tendre un piège, ou parce qu’il avait deviné ce que je commençais à penser.
     
    Quelques heures à peine s’étaient écoulées depuis la mort du tyran.
    Mais déjà j’avais appris que Nymphidius Sabinus, le préfet du prétoire, l’homme qui avait soudoyé les prétoriens, organisé et voulu la fin de Néron, envoyé des

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