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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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des partisans, à faire taire les prétoriens qui réclamaient leur dû et auxquels il avait eu la maladresse de répondre : « J’ai l’habitude d’enrôler les soldats, non de les acheter. »
    Les prétoriens attendaient qu’on les paie, et comme Galba s’y refusait, ils l’insultaient, conspiraient, hésitaient encore à le tuer, ne sachant par qui le remplacer.
     
    Un jour, dans l’amphithéâtre, alors que les tribuns militaires et les centurions priaient, selon la coutume, pour le bonheur de l’empereur Galba, la foule des soldats, au milieu de laquelle je me trouvais, commença à protester, puis, les officiers continuant leurs prières, les prétoriens crièrent : « … si Galba en est digne ! »
    À cet instant j’ai su que Galba était condamné.
     
    J’ai voulu quitter Rome, aller au-devant de Titus, dont un courrier m’avait appris qu’il avait embarqué à Césarée pour venir, au nom de Vespasien et des légions de Judée, saluer le nouvel empereur.
    Je me suis rendu sur la rive droite du Tibre, dans ce quartier juif où, me disait-on, on pouvait trouver un passage sur l’un de ces navires, propriété de riches marchands, qui, plusieurs fois par semaine, partaient pour Alexandrie.
    J’ai été surpris par l’activité joyeuse qui régnait dans les rues étroites. On se félicitait de la mort de Néron. Les Juifs comme les disciples de Christos pensaient que Dieu avait châtié l’empereur qui avait donné l’ordre à ses légions – celles de Vespasien, de Titus et de Tibère Alexandre – de réprimer la révolte des villes de Galilée, ces légions qui s’apprêtaient, craignait-on, à conquérir et à détruire Jérusalem.
     
    Une ambassade juive venait d’arriver d’Alexandrie pour tenter d’arrêter ces massacres de dizaines de milliers de Juifs dont j’avais été le témoin.
    On m’a conduit auprès de Ben Zacchari, qui dirigeait l’ambassade, et j’ai aussitôt reconnu cette silhouette maigre, ce visage émacié qu’affinait encore une barbe grisonnante. J’ai cherché des yeux, dans cette maison où il me recevait, sa fille Léda dont le souvenir me tenait souvent éveillé. J’ai osé l’interroger à son sujet et j’ai vu son visage se crisper. C’est d’une voix étranglée qu’il m’a dit que Léda avait rejoint ces fous de zélotes et de sicaires qui croyaient pouvoir arracher à Rome la liberté pour leur peuple. Elle était avec eux à Jérusalem.
    — Il faut la paix, a-t-il murmuré.
    Il connaissait la prophétie de Josèphe Ben Matthias, mais, a-t-il aussitôt ajouté, un Juif n’avait pas à lire l’avenir pour les Romains. Dieu seul choisissait, et Josèphe avait peut-être tout simplement voulu sauver sa vie.
    — Néron est mort, ai-je répondu.
    J’ai parlé plus bas.
    — Qui peut croire que Galba va réussir à régner ? Cet homme-là ne peut être l’empereur du genre humain.
    — Il y a Othon et Vitellius, d’autres encore, a-t-il objecté.
    — Pourquoi pas Vespasien et Titus ? Josèphe Ben Matthias a peut-être entendu la voix de votre dieu.
    Il a écarté les bras en m’annonçant que les Juifs d’Alexandrie et tous ceux que la folie n’aveuglait pas, qui avaient conservé tant soit peu de raison, reconnaîtraient l’empereur que les citoyens de Rome se choisiraient.
    Son visage s’est éclairé d’un sourire las.
    — Quelques-uns parmi nous sont citoyens romains. Je le suis.
    — Vous honorez l’empereur ? ai-je demandé.
    Il a baissé la tête.
    — Nous faisons des sacrifices en son honneur.
    J’ai pensé que sa fille Léda était romaine, et j’en ai été heureux, puis je me suis souvenu du sort réservé aux habitants de Jotapata ou de Tibériade, aux femmes que les soldats violaient et éventraient, ou vendaient comme esclaves après avoir abusé d’elles.
    — Je dois retourner en Galilée, ai-je dit.
    Il m’a longuement dévisagé, puis m’a proposé d’embarquer sur le navire qui ramènerait l’ambassade juive à Alexandrie. Après quoi il me serait facile de gagner Césarée.
    — Si Jérusalem ne se soumet pas, ai-je repris, il nous faudra la conquérir, et que restera-t-il d’elle après les combats ?
    Il s’est levé.
    — Jérusalem est une ville sacrée, a-t-il murmuré. Ne détruisez pas notre Temple.
    Ce fut à mon tour d’ouvrir les bras en signe d’impuissance et de soumission à la fatalité, au choix divin.
    Ben Zacchari m’a pris les mains, les a serrées

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