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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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fortement.
    — Sauvez des vies, a-t-il dit, je vous en supplie ! Chaque vie est le temple de Dieu.
    Son attitude, sa voix, la pression de ses doigts osseux m’ont bouleversé. Il pensait à Léda.
    J’ai balbutié quelques mots avant de le remercier pour sa proposition : je repartirais avec lui pour Alexandrie.

 
     
16
    J’avais hâte de fuir Rome.
    La mort y rôdait, le sang de la guerre civile s’y répandait.
    Je ne voulais pas être sommé de choisir entre Galba, Othon et Vitellius. Je croyais chaque jour davantage que la prophétie de Josèphe Ben Matthias pouvait se réaliser, que Vespasien puis Titus deviendraient empereurs du genre humain.
     
    Je le répétais à Ben Zacchari que je pressais d’appareiller pour Alexandrie avant que les prétoriens et la flotte de l’un ou l’autre des rivaux ne nous interdisent de sortir du port d’Ostie, et que le marécage sanglant qu’était devenu Rome ne nous engloutisse.
    Ben Zacchari m’écoutait.
    J’admirais son calme et jusqu’à son mutisme que ne venaient rompre que quelques mots de sagesse m’exhortant à la patience.
    Dieu décidait toujours, murmurait-il.
    Je retrouvais en lui la maîtrise de mon maître Sénèque, cet apparent fatalisme qui n’était que lucidité.
    Ben Zacchari me faisait aussi penser à ces chrétiens que j’avais côtoyés, à ce Toranius qu’il m’arrivait de rencontrer sur le Forum où il avertissait les Romains des dangers qui les menaçaient, et dont j’avais admiré le courage et la foi.
    Lorsque je lui ai fait part de mes réflexions, des comparaisons qui s’imposaient à moi, Ben Zacchari m’a seulement répondu :
    — Sont frères tous ceux qui croient à l’immortalité de l’âme, ceux qui savent que la vie n’est qu’un bref passage, et le corps une enveloppe mortelle dont l’âme se dépouille pour rejoindre l’éternité divine.
    Il avait parlé à mi-voix, assis, jambes et bras croisés, le corps si immobile qu’on eût dit celui d’une statue. Ses lèvres mêmes m’avaient paru figées, et cependant, quand j’ai évoqué la résurrection des corps à laquelle les chrétiens croyaient, celui de Christos étant ainsi revenu à la vie, il m’a répliqué que chacun pouvait choisir ses songes et se consoler de n’être qu’un mortel dont l’âme seule survivrait.
    — Dieu donne à chacun l’espérance qu’il mérite, a-t-il murmuré.
    Je n’ai pas vu l’expression de son visage enfoui dans la pénombre.
    Puis nous avons parlé de notre départ, qu’il voulait retarder encore pour rencontrer celui qui succéderait à Galba, car Ben Zacchari aussi croyait à la chute et à la mort prochaines du vieillard qui s’imaginait régner.
     
    Je sentais bien, en parcourant Rome, que le pouvoir s’était déjà dissous.
    Chacun agissait à sa guise, sans respecter ni les lois ni les usages. La cruauté était la seule règle.
    Les affranchis de Galba, Icelus, Vinius, Laco, volaient, tuaient, sachant que leur maître serait bientôt renversé. Les esclaves ne respectaient plus rien, détroussant, s’enivrant, s’emparant avec avidité de tout ce qui était à portée de leurs mains. Prétoriens et soldats étaient trop occupés à s’affronter et à se choisir un nouvel empereur pour se soucier des désordres qui ensanglantaient la ville, puis, bientôt, toutes les provinces de l’Empire.
    Les troupes de Germanie avaient désigné comme empereur leur général, Vitellius, l’un des plus dépravés et des plus corrompus courtisans de Néron, délateur et jouisseur.
    À Rome, les prétoriens avaient acclamé Othon, lui aussi proche de Néron, ayant partagé avec l’empereur défunt les vices les plus extravagants, les corps les plus débauchés, à commencer par celui de Poppée. Mais on le voulait pour empereur précisément parce que la plèbe se souvenait de Néron, de ses distributions de grain, des jeux qu’il offrait.
    Quant au vieillard Galba, il imaginait qu’il régnait encore alors qu’on le méprisait parce qu’à l’impuissance il ajoutait la vilenie.
     
    J’avais appris qu’il avait payé des assassins pour se rendre en Galilée afin d’y tuer Vespasien et Titus dont il craignait qu’ils ne devinssent ses rivaux. Mais, arrivés à Césarée, les tueurs s’étaient eux-mêmes livrés pour obtenir la grâce de Vespasien et avaient dénoncé l’empereur.
    On savait aussi que Galba, au moment de son arrivée à Rome, avait fait massacrer des centaines de rameurs de

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