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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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au service de Néron, ne pouvait apporter au peuple de Judée qu’un surcroît de guerre et de malheurs.
    Vespasien était certes un général implacable, mais Josèphe Ben Matthias l’avait vu empereur. Et Titus était l’amant de la reine juive Bérénice. Agrippa et d’autres Juifs faisaient partie de l’entourage de Vespasien. Lui et Titus sauveraient peut-être ce qui pouvait encore l’être du peuple juif.
    — Jérusalem ? a murmuré Ben Zacchari.
    — Même si Jérusalem est détruite.
    Il a baissé la tête.
    — Nous partirons, a-t-il dit.
    Nous sommes sortis du port d’Ostie au moment où les légions de Vitellius pénétraient dans Rome et commençaient à la piller.

 
     
17
    Je me souviens de chaque moment de cette traversée.
    J’ai rejoint Ben Zacchari dès que nous eûmes gagné la haute mer. Il se tenait à la proue, les mains agrippées à deux cordages, et, les bras ainsi levés et tendus, il ressemblait à un crucifié.
    Je me suis placé près de lui, mes mains proches des siennes. Nos corps se frôlaient, s’appuyaient l’un à l’autre.
    Il ne m’a pas regardé. Son visage était tourné vers le ciel. Le vent rejetait ses cheveux en arrière et son profil osseux était régulier, vigoureux. Cet homme frêle était en même temps puissant et volontaire.
     
    Au moment où nous avions embarqué à Ostie, j’avais découvert un groupe d’hommes, de femmes et d’enfants assis, serrés les uns contre les autres sur le pont. La plupart dissimulaient leur visage, les uns le front posé sur leurs genoux, les bras entourant leurs jambes, les autres la tête baissée enveloppée de voiles.
    J’avais interrogé Ben Zacchari du regard.
    — Mon peuple est fier, avait-il murmuré en tendant la main et en montrant ces corps tassés, recroquevillés. Vous l’avez réduit en esclavage. Il est vaincu.
    Il avait fait quelques pas, s’arrêtant devant l’un ou l’autre de ces Juifs qu’il venait de racheter à des marchands qui arrivaient de Galilée et de Judée avec de pleines cargaisons d’esclaves.
    — Ceux que vous n’avez pas massacrés, vous les avez enchaînés, souillés ! avait-il ajouté.
    À Rome les prix des esclaves juifs s’étaient effondrés. Et ils étaient si nombreux que la communauté juive n’avaient pu tous les racheter.
    Ben Zacchari avait choisi les plus jeunes.
    — À Alexandrie, avait-il dit, quand le vent soufflera du nord, ils reconnaîtront les parfums de l’Idumée, de la Judée, de la Samarie et de la Galilée. Ils seront à quelques jours de marche de Jérusalem.
    Après avoir prononcé ces mots, il s’était dirigé vers la proue et je l’y avais suivi lorsque la côte d’Italie n’avait plus été qu’un mince filet noir soulignant l’horizon. Le capitaine du navire m’avait assuré qu’avec ce vent d’est nous rejoindrions Alexandrie en six ou sept jours.
     
    D’abord Ben Zacchari m’avait ignoré.
    Il s’était tu, puis, tout à coup, comme si nous reprenions une conversation à peine interrompue, il m’a dit :
    — Je prie Dieu pour que la prophétie de Josèphe Ben Matthias se réalise, que Vespasien soit désigné empereur de Rome. Il a vécu parmi mon peuple. Il l’a supplicié et vaincu. Mais ni lui ni Titus ne nous ont méprisés. Ils nous ont reconnus comme un peuple de braves, un peuple qui combat – c’est Titus qui l’a dit, vous le savez – pour sa patrie et sa liberté.
    Il s’est enfin tourné vers moi :
    — À Alexandrie je vais me rendre avec toute une ambassade auprès du gouverneur d’Égypte. Je connais Tibère Alexandre. Il est né juif, même s’il a rejeté, oublié ses origines. Il connaît notre influence et notre richesse. Je lui dirai qu’il faut que ses légions se prononcent pour Vespasien et refusent de suivre Vitellius.
     
    Un moment avant de quitter Ostie, nous avions appris que les troupes de Vitellius avaient déjà transformé Rome en un immense camp militaire.
    Chaque maison était pleine de soldats en armes. Ils venaient des terres froides, rudes et austères de Germanie. Ils découvraient l’or et l’argent de la première cité du monde. Ils détenaient la force, et l’une de leurs mains serrait le glaive tandis que l’autre s’emparait avec avidité de tous ces biens dont Rome regorgeait.
    Quant à Vitellius, il avait commencé à banqueter, à s’enivrer, à se gaver de nourriture : petit déjeuner, dîner, orgie se succédaient dans la même journée. Même les

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