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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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reliefs de repas ne le rebutaient pas. On lui avait déjà servi deux mille poissons, sept mille oiseaux, des plats où se mêlaient des foies de scare – ce poisson des mers chaudes –, des cervelles de faisan et de paon, des langues de flamant, des laitances de murène. Il engloutissait tout cela, puis vomissait.
    Et, les yeux voilés par l’ivresse, il ordonnait la mort de tel ou tel. Puis, glouton et cruel, il assistait aux supplices.
     
    — Vespasien doit être empereur, a répété Ben Zacchari.
    Il s’est penché vers moi, la tête inclinée sur l’épaule, et j’ai de nouveau pensé à ces crucifiés que la mort saisit et dont la tête tout à coup retombe. Il m’a dit :
    — Vous prendrez Jérusalem, vous détruirez le Temple.
    Sa voix exprimait la souffrance.
    Puis il s’est redressé, défiant à nouveau les vagues dont certaines s’abattaient sur le pont et nous couvraient d’écume et d’embruns.
    — Mais mon peuple survivra si Vespasien puis Titus sont empereurs de Rome. Les légions romaines auront brisé les pierres, renversé les remparts, les tours et les murs, mais notre foi demeurera.
    Il a laissé son corps s’affaisser, retenu seulement par les bras, plus étirés, plus maigres encore.
    — Vous êtes le châtiment que Dieu nous inflige pour les fautes que nous avons commises, a-t-il ajouté. Il veut nous punir de nous être divisés, suppliciés, entretués, trahis les uns les autres.
    Je me suis souvenu de Toranius, le chrétien, des accusations qu’il avait portées contre les prêtres juifs, responsables, selon lui, de la mort de Christos, crucifié parce que dénoncé aux Romains par les Juifs.
    — Ce dieu, Christos…, ai-je murmuré.
    — L’un de nous, un fils de nos peuples, a répondu Ben Zacchari. L’un de ceux qui sont tombés victimes de nos guerres fratricides. Caïn a tué Abel. Ils étaient frères. C’est le malheur, la malédiction qui nous menacent. Mais tant d’autres que Christos ont été victimes de nos folies !
     
    Il a parlé d’une voix exaltée que je ne lui avais jamais entendue.
    Sa fille avait rejoint les zélotes à Jérusalem, me dit-il. Il connaissait cet Éléazar, ce Jean de Gischala qui étaient à leur tête, même s’ils étaient rivaux. C’étaient des hommes courageux, mais cruels et dépravés.
    — Les zélotes pillent, assassinent, volent les riches, violent les femmes, a martelé Ben Zacchari. Ils dévorent leurs dépouilles arrosées de sang. Ils prennent sans vergogne les mœurs des femmes. Ils arrangent leurs cheveux avec soin, portent des vêtements féminins, s’inondent de parfum et se font les yeux pour rehausser leur beauté. Ils ont les passions, les amours, l’impudence des femmes. Mais à cette dépravation ils ajoutent la cruauté. Ils tuent, ils massacrent.
    Ben Zacchari s’est redressé, le corps arqué, les doigts crispés sur les cordages.
    — Ils se vautrent dans Jérusalem comme dans un lupanar, et souillent la cité entière de leurs actions impures ! a-t-il assené.
    Puis il s’est longuement interrompu, peut-être pour prier.
    Lorsqu’il s’est remis à parler, ç’a été pour dénoncer ce Simon Bar Gioras, tout aussi cruel qu’Éléazar et Jean de Gischala, mais leur rival. Les zélotes occupaient le Temple, les troupes de Simon les villes basse et haute, dont les habitants leur avaient ouvert les portes, ne comprenant, n’imaginant même pas qu’ils dussent subir les violences et les crimes de ceux qu’ils appelaient à leur secours pour les protéger des zélotes.
    — Les hommes de Simon Bar Gioras volent et violent. Ils tranchent les mains. Et tous ces Juifs se déchirent, s’entretuent sans se soucier des légions romaines. Voilà pourquoi Dieu nous a châtiés. Toutes nos villes, à l’exception d’Hérodion, Massada et Macheronte, sont entre vos mains. J’ai appris qu’Hébron, la ville d’Abraham, notre ancêtre, la ville que les fils d’Abraham ont quittée pour rejoindre l’Égypte, a été réduite en cendres par un tribun militaire de Vespasien. Il a massacré toute la population. Il ne nous reste plus que Jérusalem. Mais comment pourrait-elle échapper à la punition de Dieu alors qu’elle se vautre dans le crime, la débauche et la trahison ?
    Il s’est tout à coup serré contre moi.
    — Ma fille Léda est à Jérusalem, je te l’ai dit, Serenus. Sauve-la, si Dieu le veut !
    Puis il a de nouveau empoigné les cordages, bras écartés, à l’instar

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