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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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qui s’effondraient, je ne comprenais pas.
     
    J’étais au premier rang des soldats, aux côtés du centurion.
    La veille, les torches, les flèches enduites de poix et enflammées avaient incendié les poutres soutenant la seconde enceinte.
    Il nous avait fallu des dizaines de jours pour ouvrir une brèche dans le premier mur et pour que les béliers commencent à ébranler le second. Mais il était constitué de mottes de terre, et les béliers, au lieu de le crever, le renforçaient, tassant la terre.
    C’est alors que Flavius Silva avait donné l’ordre de charger les catapultes, les scorpions, les balistes, de boules de chiffons imprégnées de poix, puis d’enflammer les flèches et de tenter ainsi d’incendier cette enceinte et la forteresse avec elle.
    Mais le vent soufflait contre nous et les flammes, au lieu de ravager Massada, commençaient à brûler les machines de siège.
    Malgré les cris des centurions et des tribuns, les soldats reculaient, murmuraient que les dieux avaient choisi de protéger les Juifs, que cette forteresse était imprenable, qu’il fallait renoncer à la conquérir, quitter ce désert de Judée où tant d’hommes étaient déjà tombés – et il suffisait de quelques jours pour que leurs cadavres dévorés deviennent des amoncellements d’os blanchis que l’on confondait avec les pierres.
    Mais, tout à coup, alors que la nuit tombait, le vent avait tourné, soufflant en rafales vers la forteresse, portant le feu jusqu’en son centre et dévorant les poutres qui soutenaient l’enceinte.
    — Les dieux sont avec nous ! s’était écrié Flavius Silva, et les soldats avaient lancé leur cri de guerre.
    Mais Silva, passant dans leurs rangs, les avait retenus. L’assaut serait donné à l’aube. Il fallait laisser à l’incendie, à cette colère divine le soin de ravager Massada et de dévorer ses défenseurs.
     
    Toute la nuit j’ai regardé le brasier, écouté les craquements des poutres, les détonations des pierres qui éclataient.
    Puis, quand l’aube violette a envahi l’horizon, les soldats se sont ébranlés, frappant leur bouclier avec la hampe de leur javelot, les tambours, les trompettes, les cris de guerre rythmant la marche sur cette rampe d’accès qui conduisait jusqu’aux flammes encore vives. Près de moi, le centurion lançait ses ordres, puis commandait qu’on s’arrêtât, craignant de voir jaillir des ruines et de l’incendie des combattants, comme ç’avait été souvent le cas à Jérusalem.
    Mais ce n’étaient devant nous que pierres éclatées et noircies, murs effondrés, terre de l’enceinte répandue, et, en dépit du grondement du brasier, cette sensation de profond silence.
    C’est alors que les deux femmes et les enfants ont paru sortir de terre et se sont approchés.
     
    J’ai bousculé les soldats, j’ai repoussé le centurion qui tentait de me retenir et me mettait en garde contre les stratagèmes, les perfidies des combattants juifs. J’étais sûr que Léda Ben Zacchari avait une nouvelle fois survécu, qu’elle était cette femme dont je croyais reconnaître la silhouette, la chevelure. L’autre était lourde et vieille, elle tordait ses bras au-dessus de sa tête, elle hurlait d’une voix aiguë, plaintive. Je me suis arrêté à quelques pas quand j’ai découvert le visage de la jeune femme.
    J’ai crié :
    — Où es-tu, Léda Ben Zacchari ?
    Les deux femmes se sont regardées. Elles ont serré contre elles les cinq enfants.
    Les soldats les ont entourées. Elles étaient comme deux femelles affolées qui protègent leur portée. Mais aucun soldat n’a levé son arme. Fascinés, ils découvraient, au fur et à mesure que le vent de l’aube dissipait les fumées et soufflait les flammes, les ruines désertes de la forteresse.
    Le silence s’étendait, nous enveloppait, nous faisait frissonner. Je me suis avancé vers le lieu d’où avaient surgi les deux femmes. J’ai vu ce trou dans la terre, une sorte de puits auquel aboutissait un aqueduc souterrain reliant sans doute les citernes.
    Je suis retourné vers les femmes qui se tenaient par l’épaule, les enfants blottis entre elles deux.
    Le centurion a poussé vers moi l’esclave juif qui nous servait d’interprète.
    — Où sont les combattants, les autres habitants de la forteresse ? ai-je demandé.
    L’esclave a traduit, et la plus jeune des femmes, celle dont j’avais cru et espéré qu’elle était Léda Ben Zacchari, a fait un

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