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TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA

TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA

Titel: TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alexis de Tocqueville
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aussi, se sont fondus presque tous avec les Chippeways. Beaucoup sont établis à Green Bay et dans les environs. Les Iroquois formaient une nation astucieuse, toujours prête à se mettre de notre côté ou de celui des Anglais suivant que la fortune semblait pencher.

        D. - Avez-vous quelque chose à craindre des Indiens en commerçant avec eux ?

        R. - Presque rien. Les Indiens ne sont pas voleurs et d'ailleurs nous leur sommes utiles.

        D. - Pensez-vous que les Indiens soient -meilleurs ou plus mauvais en proportion qu'ils sont plus pris ou plus éloignés des Européens ?

        R. - Je pense qu'ils sont beaucoup meilleurs quand ils n'ont point de contact avec nous, et certainement plus heureux. Il y a plus d'ordre, plus de gouvernement chez eux, à mesure qu'on avance davantage dans le désert. Je fais cependant une exception pour les Indiens chrétiens et surtout catholiques. Ceux-là sont les meilleurs de tous.

        D. - Les Indiens éloignés dont vous parlez ont-ils des chefs ?

        R. - Oui, Monsieur, ils ont des chefs dont le pouvoir est très respecté pendant la paix. (Ils sont héréditaires et leur origine se perd dans la nuit des temps.) lis nomment un chef particulier (le plus brave) pour les mener à la guerre. Ils n'ont pas précisément de justice. Lorsque cependant un meurtre est commis, on livre le meurtrier à la famil­le du mort.
    Souvent il parvient à se racheter. Plus souvent encore on le tue et on l'enterre avec sa victime.

        D. - Comment vivent ces Indiens dont vous parlez ?

        R. - Avec une aisance absolument inconnue près des établissements européens. Ils ne cultivent point la terre. Ils sont moins bien couverts et ne se servent que d'arcs. Mais le gibier est d'une abondance extrême dans leurs déserts. Je me figure qu'il en était ainsi jusqu'à l'Atlantique avant l'arrivée des Européens. Mais le gibier fuit vers l'ouest avec une rapidité incroyable. Il précède les blancs de plus de cent lieues. Les peuplades indiennes qui nous environnent meurent de faim si elles ne cultivent pas un peu la terre.

        D. - Est-ce que les Indiens n'ont pas l'idée que tôt ou tard leur race sera anéantie par la nôtre ?

        R. - Ils ont une incroyable insouciance de l'avenir. Ceux qui sont à moitié détruits déjà, ou sur les pas desquels nous marchons, voient avec désespoir les Européens s'avancer vers l'ouest, mais il n'est plus temps de résister. Toutes les nations éloignées de l'Ouest, (J'ai entendu dire qu'il y en avait bien trois millions (?) ne semblent pas se douter du danger qui les menace.

        D. - Est-il vrai que les Indiens aiment les Français ?

        R. - Oui, - Monsieur. Extrêmement. Ils ne consentent à parler que le français. Dans les déserts les plus éloignés la qualité de Français est la meilleure recomman­dation près d'eux. Ils se rappellent toujours nos bons traitements lorsque nous étions maîtres du Canada. D'ailleurs beaucoup d'entre nous leur sont alliés et vivent presque comme eux.

        D. - Comment les Français du Canada souffrent-ils la domination anglaise ?

        R. - Comme un mal inévitable. Mais nous ne nous fondons point. Nous restons deux peuples distincts. La population française du Canada est devenue très nom­breuse.

        
8 août. -
Journée insignifiante passée sur l'eau. De temps en temps, à droite et à gauche, des terres basses couvertes de forêts. [
Voyages I, pp. 176-177.]

        
9 août.
- Arrivée à 8 heures du matin à Green Bay. Fort. Village sur le bord au milieu d'une prairie sur le bord d'une rivière. Village indien iroquois plus haut. Grand seulement.
    Nous ne savons que faire, je vais chasser seul. Rivière traversée à la nage. Canot. Herbes au fond de l'eau. Je me perds un moment, retourne au même endroit sans m'en douter. Après le dîner, pars avec un Anglais pour Ducks Creek : 4 milles. Nous remontons en canot un petit fleuve solitaire. Arrive à la maison d'une Indienne. Herbe. Bonne aventure. Nous revenons.

        
11 août. - Conversation
avec un sauvage civilisé, habillé comme un de nos pay­sans. Parle bien l'anglais. Les sauvages aiment mieux les Français ; ses idées sur la vie civilisée ; espère que tous les Indiens s'y plieront. N'est pas chrétien. Religion des Indiens. Dieu, immortalité de l'âme. Le paradis indien. Obéir à ses commandements.

        Journée monotone sur le

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