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TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA

TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA

Titel: TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alexis de Tocqueville
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lac.

        
12 août.
- Arrivée à 11 heures à Machinac.

        Sauvage
pharo.
Chapeau européen, plume noire autour. Cercle de fer blanc autour du haut. Trois plumes de voltigeur au sommet. Immenses boucles d'oreilles. Nez percé, un anneau dedans. Cravate noire. Blouse bleue. Grand collier composé de pla­ques de fer blanc avec des animaux graves, anneaux de fer blanc aux jambes, jarretières rouges avec une multitude de petites perles de verre. Mocassins brodés. Un manteau rouge avec lequel il se drape. Opinion d'un vieux Canadien qu'ils sont plus beaux dans leur costume sauvage, entièrement nus sauf les plumes à la ceinture et à la tête.
    Longs cheveux tressés souvent jusqu'aux pieds. Tout le corps peint. Chasse aux pigeons. Canadian pointer. Sermon de Mr. Mullon.

        
13 août.
- Départ à 9 heures de Machinac. Rien d'intéressant dans le retour. Arrivé le dimanche 14 au soir à Détroit.

        ***

        À M. Le Comte de Tocqueville ["Cette lettre, comme les autres écrites d’Amérique, a été publiée par les soins de Gustave de Beaumont dans
La Nouvelle
correspondance entièrement inédite d'Alexis de Tocqueville,
Michel Lévy,
1866.
Voir page
47
et suivantes. Les coupures au texte sont de Gustave de Beaumont.]

        Sur le lac Huron, 14 août 1831.

        Dans la dernière lettre que j'écrivais à la maison, mon cher père, je vous disais que j'allais partir pour Buffaloe, et de là me diriger vers Boston par le Canada. C'était, en effet, notre intention. Mais il était écrit, à ce qu'il paraît, que nous n'accomplirions pas nos projets. En allant porter nos lettres à la poste, nous avons appris qu'il venait d'arriver un grand vaisseau à vapeur, dont la destination était d'explorer rapidement tous les grands lacs, et de revenir ensuite à Buffaloe : le tout bien commodément et en douze jours.
    Nous nous laissâmes tenter. Au lieu donc de partir le lendemain matin de Buffaloe, comme nous le voulions, nous nous sommes embarqués pour le lac Supérieur : c'est-à-dire que nous avons ajouté à peu près quinze cents milles ou cinq cents lieues de France à notre plan originaire. (...)

        Nous avons remonté rapidement le lac Saint-Clair et la rivière du même nom, et après avoir été arrêtés un jour à l'entrée du lac Huron par les vents contraires et le manque de bois, nous sommes entrés enfin dans cet immense lac, qui ressemble en tout à la mer, sinon que ses eaux sont d'une limpidité merveilleuse et laissent voir les objets à trente pieds de leur surface. Nous marchâmes deux jours et une nuit sur le lac Huron, faisant nos trois lieues à l'heure et ne pouvant en trouver la fin. Le matin du troisième jour nous découvrîmes pour la première fois un lieu habité par les blancs. C'est le Saut- Sainte- Marie (sic), situé sur la rivière du même nom, qui joint le lac Supérieur au lac Huron. Là nous jetâmes l'ancre et descendîmes à terre. L'immense étendue de côtes que nous venions de parcourir ne présente pas de points de vue remarquables. Ce sont des plaines couvertes de forêts. L'ensemble, cependant, produit une impression profonde et durable. Ce lac sans voiles, cette côte qui ne porte encore aucun vestige du passage de l'homme, cette éternelle forêt qui la borde : tout cela, je vous assure, n'est pas seulement grand en poésie. C'est le plus extraordinaire spec­tacle que j'aie vu dans ma vie. Ces lieux, qui ne forment encore qu'un immense désert, deviendront un des pays les plus riches et les plus puissants du monde.
    On peut l'affirmer sans être prophète. La nature a tout fait ici ; une terre fertile, des débou­chés comme il n'y en a pas d'autres dans le monde. Rien ne manque que l'homme civilisé : et il est à la porte.

        Je reviens au Saut-Sainte-Marie. En cet endroit, la rivière n'est plus navigable. Notre vaisseau s'arrêta : mais non pas nous. Les Indiens ont appris aux Européens à faire des canots d'écorce, que deux hommes portent sur leurs épaules. Je rapporte un peu de l'écorce avec laquelle ces embarcations sont faites. Vous penserez comme moi que celui qui le premier s'est embarqué là dedans était un hardi compère. Les sauva­ges font un canot de cette espèce en cinq jours de temps. C'est une chose effrayante à voir qu'une pareille coquille de noix lancée au milieu des récifs de la rivière Sainte-Marie et descendant les
Rapides
avec la vitesse d'une flèche. Le fait est

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