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TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA

TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA

Titel: TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alexis de Tocqueville
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d'honnêtes gens, souvent mécontents, et presque toujours inutiles [Les notes prises par Tocqueville sont extraites de l'ouvrage du Marquis de Mirabeau,
L'ami des Hommes
(1756-1758). Voir
L'Ancien Régime et la Révolution, volume II, p. 444.]
. Au milieu de tout cela des héros faits pour faire honneur à l'humanité, et d'assez mauvais sujets capables, dans l'occasion, de traits d'héroïsme. Le vol des cœurs, pour ainsi dire, et le talent de l'amitié des naturels du pays. De belles entreprises, jamais de suite. Le fisc qui serre l'arbre naissant, et déjà s'attache aux branches. Le monopole dans toute sa pompe ; voilà nos colonies. »

        On croirait voir l'Algérie. Le seul trait qui manque est l'activité stérile et tracas­sière de l'administration civile.

         

        
        
Colonie du Canada.
- « La terre, dit le marquis de Mirabeau, était excellente dans ses productions, la mer la plus poissonneuse qui soit au monde, le commerce des pelleteries tout neuf et si abondant qu'on n'en savait que faire. Ils se déterminèrent en braves Français : ils prirent tout, et tout de suite furent plus loin pour voir s'il n'y aurait pas encore quelque chose de meilleur. Ils étaient sept ; un demeure en Terre-Neuve et dit : « Malgré ces brouillards je tiens ici, et toute la pêche est à nous » ; deux en Acadie, qui bientôt se battirent entre eux, à cause qu'ils étaient trop serrés. Les quatre autres se furent poser à Québec, dont l'un fut à plain-pied par le plus beau chemin du monde s'établir dans la baie d'Hudson ; deux autres, pour prendre l'air, remontèrent le fleuve pendant quelques vingt-cinq, trente ou quarante jours, jargon­nèrent avec les sauvages, et leur demandèrent des nouvelles, les filoutèrent de leur mieux, furent à la chasse des hommes avec les premiers qui les en prièrent sans leur demander pourquoi et seulement pour se désennuyer, fichèrent quatre bâtons en terre qu'ils appelèrent « forts », partout où il leur parut que s'assemblait la bonne compagnie, et surtout plantèrent force poteaux où ils eurent soin d'écrire avec du charbon : « De par le roi ».

        Morceau charmant et, sous son air de plaisanterie, plein de vérité et de profon­deur.

        

1857 [Une conversation avec Lord Elgin]

        Tocqueville fit en 1857 un voyage fort remarqué en Angleterre. Il semble que ce soit là l'époque d'un long entretien avec Lord Elgin, ancien gouverneur du Canada. De cet entretien, il ne reste plus aujourd'hui que quelques phrases conservées par un parlementaire français du nom de Raudot dans un périodique qu'on ne lit plus
(Le correspondant,
tome 58, 1863, pp. 304-305). Nous avons cru qu'il y avait lieu de transcrire ces trop rares propos qui ont échappé à l'oubli :

       
 « Voici ce que j'ai entendu raconter en 1858 à M. Alexis de Tocqueville, de si regrettable mémoire, qui avait eu l'occasion de parler longuement du Canada avec Lord Elgin, le plus remarquable des gouverneurs généraux de cette contrée. Lord Elgin avait voulu laisser aux Canadiens le choix de leurs administrateurs ; mais nos Français résistèrent d'abord, ils voulaient continuer à être administrés par des fonctionnaires choisis par le gouverneur et n'avoir pas la charge et l'ennui de gérer leurs affaires publiques ; ils rejetaient la liberté qu'on voulait leur donner. Ainsi l'administration des intérêts locaux entre les mains du gouverneur général et de ses agents, qui aurait semblé une énormité aux Anglais, passait aux veux des Canadiens-français pour un avantage. Rien n'avait plus frappé Lord Elgin que cette différence dans les idées des deux peuples ; mais mû par des motifs d'un ordre supérieur, il obligea nos Français à s'administrer eux-mêmes. Ils s'accoutumèrent bientôt à ce régime, et si un jour on voulait ravir aux fils ce qu'il fallut imposer aux pères, l'indignation serait grande sans doute dans le Canada français ».

APPENDICE

Notes biographiques

    1805  Naissance, à Paris, d'Alexis-Charles-Henri Clérel de Tocqueville.

       
 1810-1825   Études sous la direction de l'abbé Lesueur. Études secondaires au collège de Metz où le Comte de Tocqueville, père d'Alexis, est préfet. Études de droit à Paris.

     1827 Nommé Juge-auditeur à Versailles. Rencontre d'un jeune procureur du roi, Gustave de Beaumont.

    1830  Après la Révolution de Juillet, serment prêté à contrecœur au

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