TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA
active, élevant les enfants ou soignant les malades.
D. - Avez-vous la liberté de la presse ?
R. - Liberté complète illimitée.
D. - A-t-on quelquefois essayé de la tourner contre la religion ?
R. - Jamais. La religion est trop respectée pour qu'un journaliste se permît de l'attaquer le moins du monde.
D. - Les classes élevées de la société sont-elles religieuses ?
R. - Oui, beaucoup.
D. - Y a-t-il de l'animosité entre les deux races ?
R. - Oui. Mais pas vive. Elle ne s'étend pas jusqu'aux rapports habituels de la vie. Les Canadiens prétendent que le gouvernement anglais ne donne les places qu'à des Anglais, les Anglais se plaignent au contraire qu'il favorise les Canadiens. Je crois qu'il y a de part et d'autre exagération dans les plaintes. En général il y a peu d'animosité religieuse entre les deux peuples, la tolérance légale étant complète.
D. - Pensez-vous que cette colonie échappe bientôt à l'Angleterre ?
R. - Je ne le pense point. Les Canadiens sont heureux sous le régime actuel. Ils ont une liberté politique presque aussi grande que celle dont on jouit aux États-Unis. S'ils devenaient indépendants, il y a une multitude de dépenses publiques qui tomberaient à leur charge ; s'ils se réunissaient aux États-Unis, ils craindraient que leur population ne fût bientôt absorbée dans un déluge d'émigration et que leurs ports, fermés pendant quatre mois de l'année, ne tombassent à rien s'ils étaient privés du marché de l'Angleterre.
D. - Est-il vrai que l'instruction se répand ?
R. - Depuis plusieurs années il s'est fait un changement complet sous ce rapport. L'impulsion est maintenant donnée et la race canadienne qui s'élève ne ressemblera pas à celle qui existe.
D. - Ne craignez-vous point que ces lumières ne nuisent au principe religieux ?
R. - On ne peut encore savoir l'effet qui sera produit. Je crois cependant que la religion n'a rien à en craindre.
D. - La race canadienne s'étend-elle ?
R. - Oui. Mais lentement et de proche en proche. Elle n'a point cet esprit aventureux et ce mépris des liens de naissance et de famille qui caractérisent les Américains. Le Canadien ne s'éloigne qu'à la dernière extrémité de son clocher et de ses parents et il va s'établir le plus près possible. Cependant le mouvement est grand, comme je le disais, et il centuplera je pense avec l'accroissement des lumières.
***
Conversation avec MM. Mondelet [Voir
Voyages
I, pp. 78-79. À propos des frères Mondelet, Pierson écrit dans son
Tocqueville and Beaumont in America
(pp. 316-317) : "it was probably John C. Spencer of Canandaigua who had given them a letter of introduction to these two brothers. The questions and later activities of Tocqueville and Beaumont make it interesting to realize that Dominique Mondelet (1799-1863) was in that very year, 1831, elected to represent Montreal in the Assembly of Lower Canada. There he joined the group of moderate constitutional reformers who were seeking to increase the power of the native French-Canadian population in the legislative and executive administration of the Province, without, however, attacking the supremacy of the Empire or severing the tie with England. The following year, in a move to conciliate the
habitants
by giving them representation in the executive branch, the Governor appointed him to the Executive Council. But at this the extreme Canadian nationalist party in the Assembly, in a characteristic fit of inconsistency and animosity, declared his seat vacant and proclaimed him a traitor to his race. In 1834, therefore, he and John Neilson both beaten by Louis Joseph Papineau and the extremists, withdrew from politics and accepted an appointment to go and investigate the American penitentiary reforms - thus following in Tocqueville and Beaumont's footsteps.
The two Canadians used Du
Syst. Pen.
as a guide, and returned with a verdict in favour of the Pennsylvania System. In 1842, after the abortive revolution of 1837-1838, the famous Durham Report, and the Union of the two Provinces, Dominique Mondelet and his brother, Charles Joseph Elzéar Mondelet (1801-1876), were appointed to judgeships, a career in which each attained advancement and distinction. "]
(24 août 1831).
MM. Mondelet sont avocats à Montréal. Ce
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