Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA

TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA

Titel: TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alexis de Tocqueville
Vom Netzwerk:
Paris, ne fût-elle pas plus complète pour l'Afrique que pour nos départements de France, ce serait déjà un grand mal [Bien après son séjour en Amérique, Tocqueville a continué de s'intéresser aux questions colo­niales. Divers travaux le montrent alors préoccupé aussi bien de l'abolition de l'esclavage, de la domination anglaise des Indes que de la colonisation de l'Algérie. Devenu membre du Parlement français en 1839, l'Algérie allait être au centre de ses préoccupations. Non content d'y consacrer études et discours, il y séjourna en 1841 et en 1846, À titre de rapporteur de l'une des commissions de la chambre, il déposa en mai 1847 un long rapport sur l'Algérie, Nous en tirons ces brèves allu­sions au célèbre rapport Durham. Voir dans les Oeuvres complètes (Mayer), le volume Écrits et discours politiques, pp. 308-379 et, pour ces "remarques incidentes", es pages 333 et 334.]. Tel principe qui, en cette matière, doit être maintenu comme tutélaire sur le territoire du royaume devient destructeur dans la colonie. On comprendra bien ceci par un seul exemple.

        Quoi de plus naturel et de plus nécessaire que les règles posées en France pour J'aliénation ou le louage du domaine de l'État ? Rien, en cette matière, ne peut se faire qu'en vertu soit d'une loi, soit d'une ordonnance, soit d'un acte ministériel ; en d'autres termes, c'est toujours le pouvoir central qui agit sous une forme ou sous une autre. Appliquez rigoureusement les principes de cette législation à l'Afrique, vous suspen­dez aussitôt la vie sociale elle-même.
    La création d'une colonie n'est, à propre­ment parler, autre chose que J'aliénation incessante du domaine de l'État en faveur de particuliers qui viennent s'établir dans la contrée nouvelle. Que l'État qui veut colo­niser se réserve le droit de fixer à quelles conditions et suivant quelles règles le domaine public doit être concédé ou loué, cela se comprend sans peine : en cette matière, c'est la loi elle-même qui devrait poser les règles. Qu'on réserve au pouvoir central seul le droit d'aliéner d'un seul coup une vaste étendue de territoire, rien de mieux encore, mais que, pour chaque parcelle de terrain, quelque minime qu'elle soit, qu'on veut vendre ou louer dans la colonie, il faille venir s'adresser à une autorité de la métropole, il est permis de dire que cela est peu raisonnable ; car la disposition du domaine dans une colonie, en faveur des émigrants, nous le répétons, c'est l'opération-mère. La rendre lente et difficile, c'est plus que gêner le corps social, c'est l'empêcher de naître.

La commission dont M. Charles Buller [André Jardin qui a annoté les
Écrits et discours politiques
indique dans une note (p. 333) à propos de Buller que « membre de la Chambre des Communes, de tendance radicale, il fut emmené au Canada comme chef de son secrétariat par Lord Durham lorsqu'il fut nommé gouverneur (1939). Le célèbre rapport de celui-ci fut en grande partie rédigé par Buller, qui par ailleurs entretenait des relations avec Alexis de Tocqueville : lorsque ce dernier avait dirigé le journal Le Commerce Buller lui avait adressé des articles non signés sur la politique anglaise. »
        À propos des relations de Tocqueville et de Buller, voir encore la
Correspondance
d'Alexis de Tocqueville et de Gustave de Beaumont,
volume I, p. 529, p. 536 et la
Correspondance
anglaise, p.
77 et seq. On y voit que Tocqueville a fait la connaissance de Buller en 1944, donc bien après la rédaction du rapport de Durham.] a été le rapporteur, et qui fut envoyée, en 1838, au Canada, sous la présidence de lord Durham, pour rechercher quelles étaient les causes qui empêchaient la population de se développer dans cette province aussi rapidement que dans les États-Unis, attribue l'une des principales à la nécessité où sont tous les émigrants qui veulent se fixer dans la colonie, de venir chercher leur titre de propriété à Québec, chef-lieu de la province, au lieu de l'obtenir partout sur place, comme aux États-Unis.

      
  En Afrique, on ne saurait acheter ni louer un mètre du sol appartenant à l'État sans une longue instruction, qui ne se termine qu'après avoir abouti à M. le ministre de la Guerre.

        Une seule exception a été faite à cette règle, en faveur de la province d'Oran. Là, le gouvernement local a été autorisé à concéder le domaine, sauf ratification de la

Weitere Kostenlose Bücher