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TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA

TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA

Titel: TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alexis de Tocqueville
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part du ministre, à certaines conditions, et jusqu'à une certaine limite, indiquée à l'avance. Tous ceux qui connaissent la province d'Oran pensent que le grand mouvement d'émigration et de colonisation qui a eu lieu depuis un an dans cette partie de l'Algé­rie, tient principalement à ce que chacun des colons qui se présente est sûr d'être aussitôt placé.

         Nous croyons devoir signaler à l'attention de la Chambre, comme un document utile à consulter, le rapport de la commission du Canada, dont nous parlions tout à l'heure. Ce rapport jette de grandes lumières, non seulement sur la question du Cana­da, mais sur celle de l'Algérie. Les causes qui font échouer ou réussir la colonisation dans un pays nouveau sont si analogues, quel que soit ce pays, qu'en lisant ce que M. Buller dit du Canada, on croit souvent entendre parler de l'Afrique. Ce sont les mêmes fautes produisant les mêmes malheurs. On retrouve là, comme en Algérie, les misères des émigrants à leur arrivée, le désordre de la propriété, l'inculture, l'absence de capital, la ruine du pauvre qui veut prématurément devenir propriétaire, l'agiotage stérilisant le sol ...  [En relation avec la colonisation en Algérie, on trouve chez Tocqueville d'autres brèves remarques touchant le Canada. En 1841, pendant son séjour en Algérie, il note :
                « Le fait est qu'aucune de
nos colonies
n'a jamais dans
aucun
temps été traitée comme Alger. Toutes, sous une forme ou sous une autre, ont admis une action de la population locale ou tout au moins ont laissé aux autorités locales l'administration des revenus locaux. Alger est une singularité en mal, même au milieu de notre détestable système de colonisation. Savoir plus au juste ce qui se passait jadis au Canada et à Saint-Domingue et ce qui arrivait, il y a dix ans, dans nos Antilles. » (Voyages II, p. 205)]
        En 1846, lors d'un débat survenu à la Chambre, sur les difficultés qui se sont présentées et se présenteront dans les pays nouveaux, il fait une première allusion, sans le mentionner cette fois, au rapport Durham (voir Écrits et
discours politiques p.
297). Enfin, en juin 1847, dans un autre rapport déposé devant la Chambre, il donne en exemple un plan de colonisation militaire du Canada. tracé par Vauban, plan qui, du reste, ne fut jamais appliqué (op. cit., pp. 393-394).]

1856 [L'ancien régime au Canada]
    Comment c'est au canada qu'on pouvait le mieux juger la centralisation administrative de l'ancien régime [En 1856, Tocqueville vivant à l'écart d'une vie publique abandonnée au moment du coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte (décembre 1851) faisait paraître, avec
l'Ancien Régime et la Révolu­tion,
la première partie de son étude sur la Révolution française. Sa mort. survenue en 1859, allait l'empêcher d'achever l’œuvre commencée. Il est fait mention du Canada aussi bien dans l'ouvrage de 1856 que dans les ébauches de ce qui devait y faire suite. Notre premier texte est constitué d'une note de l'ouvrage de 1856. Voir dans les
Oeuvres complètes, l'Ancien Régime et la Révo­lu­tion,
volume premier, pp. 286-287.]

        C'est dans les colonies qu'on peut le mieux juger la physionomie du gouverne­ment de la métropole, parce que c'est là que d'ordinaire tous les traits qui la caracté­risent grossissent et deviennent plus visibles. Quand je veux juger l'esprit de l'admi­nistration de Louis XIV et ses vices, c'est au Canada que je dois aller. On aperçoit alors la difformité de l'objet comme dans un microscope.

        Au Canada, une foule d'obstacles que les faits antérieurs ou l'ancien état social opposaient, soit ouvertement, soit secrètement, au libre développement de l'esprit du gouvernement, n'existaient pas. La noblesse ne s'y voyait presque point, ou du moins elle y avait perdu presque toutes ses racines ; l’Église n'y avait plus sa position domi­nante ; les traditions féodales y étaient perdues ou obscurcies ; le pouvoir judiciaire n'y était plus enraciné dans de vieilles institutions et de vieilles mœurs.
    Rien n'y empêchait le pouvoir central de s'y abandonner à tous ses penchants naturels et d'y façonner toutes les lois suivant l'esprit qui l'animait lui-même. Au Canada, donc, pas l'ombre d'institutions municipales ou provinciales, aucune force collective autorisée, aucune initiative individuelle permise. Un intendant ayant une position bien

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