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Toulouse-Lautrec en rit encore

Toulouse-Lautrec en rit encore

Titel: Toulouse-Lautrec en rit encore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Alaux
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dégoupillé depuis que…
    — Que quoi ? insista le policier.
    — Que…
    — Que votre mère se jetait dans les bras du premier qui passait devant la loge ?
    — Je vous interdis de salir ma mère, commissaire !
    — N’avez-vous pas l’impression, monsieur Labatut, d’avoir sali votre famille au point de pousser votre père à commettre l’irréparable ? s’indigna Coustot.
    — Je ne l’ai pas tué ! hurla le souteneur dont les yeux gris brillaient comme des billes au milieu d’un visage révélant sur chacune des joues les traces disgracieuses d’une acné mal soignée.
    — Que faisiez-vous la nuit où le musée a été cambriolé ?
    — Je jouais au poker avec mon frère, chez des amis.
    — Vous êtes joueur ?
    — Depuis peu…
    Soudain Coustot se leva, chercha son paquet de Gitanes au fond des poches de son pantalon avant de déserter son sinistre bureau.
    — Veuillez m’excuser quelques secondes, monsieur Labatut, je reviens tout de suite.
    Le jeune proxénète songea un instant à s’enfuir, mais le commissaire avait pris soin de placer un de ses hommes dans le couloir. Sa silhouette, massive et alerte, s’animait en effet derrière le verre dépoli de la porte.
    Bien évidemment, Coustot avait rejoint Couderc, lequel cuisinait Jules avec méthode.
    — Tu n’aurais pas du feu, Albin ? Je n’arrive pas à mettre la main sur mon foutu briquet, prétexta le commissaire, faussement bougon.
    Le collègue de Fernand finit par dégoter une grosse boîte d’allumettes dans l’un des tiroirs de son bureau métallique et la tendit à son supérieur, lequel enflamma aussitôt l’extrémité de sa Gitane avant de se pencher à la fenêtre. Dans la rue du Rempart-Saint-Étienne, un livreur de meubles de chez Lévitan provoquait un concert de klaxons.
    Couderc poursuivit son interrogatoire comme si de rien n’était, faisant mine d’ignorer la présence taiseuse de son patron.
    — Labatut, vous connaissiez les mœurs de M. Dupuy ?
    — Non, enfin, si… Il paraît qu’il était un peu pédé sur les bords…
    — Qui faisait courir ce bruit-là ?
    — Vous savez, commissaire, tout finit par se savoir. Albi est un village…
    — Justement, Paul Dupuy était plutôt du genre discret. On ne lui connaissait pas d’amant sur Albi, à l’exception d’une personne. Une seule ! martela l’adjoint de Coustot.
    Jules Labatut se raidit et remonta machinalement le col de sa chemise.
    — Peut-être avez-vous un peu froid ? Voulez-vous que le commissaire ferme la fenêtre ?
    Fernand Coustot restait immobile, consumant sa Gitane sans jamais la détacher de ses lèvres épaisses.
    — Non, non. Ça va… bégaya Jules, totalement imperméable à l’humour du policier.
    — Et cette personne, vous la connaissez on ne peut mieux. Non ?
    Figé sur sa chaise, le teint hâve, le jeune homme demeurait silencieux.
    C’est alors que Coustot se retourna subitement et plongea ses yeux vifs dans ceux, déjà un peu hagards, de Jules :
    — Vous pouvez parler, mon petit gars ! Votre grand frère a été très bavard. Il m’a tout dit, lui ! Il n’a pas envie de passer la nuit, et peut-être une bonne partie de sa vie, à Saint-Michel… Les cellules sont glacées et il paraît que ça sent la pisse ! En revanche, les sodomites y trouvent quelques plaisirs…
    — Qui donc était l’amant de Paul Dupuy ? réitéra Couderc.
    — J’ai couché avec ce sourdingue parce qu’il me payait.
    L’aveu stupéfia Coustot et Couderc sans qu’ils n’en laissent rien paraître.
    — Cher ?
    — Suffisamment pour que j’y trouve mon compte.
    — Et le jour où il n’a plus voulu ou plus pu payer ?
    — Ç’a été fini !
    — Tout cela est de l’histoire ancienne, n’est-ce pas ? fit remarquer Coustot.
    À nouveau muet, le fils Labatut regardait la paume de sa main droite comme si dans ses lignes se dessinait un sombre avenir.
    — Et l’idée de le faire chanter ? Elle est de vous ou… de votre frangin ?
    — Quel chantage ?
    — Vous n’avez jamais tenté d’extorquer de l’argent à Dupuy ?
    — Quand il n’a plus voulu baiser avec moi, j’ai pris mes distances…
    — Vous avez préféré, sur la recommandation de votre grand frère, l’argent facile, en jouant à votre tour les marlous, avec toutefois une spécialité bien à vous : les travestis. Quel duo redoutable faites-vous avec votre frangin ! ironisa le commissaire toulousain qui,

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