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Toulouse-Lautrec en rit encore

Toulouse-Lautrec en rit encore

Titel: Toulouse-Lautrec en rit encore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Alaux
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Dupuy ?
    — Il se contentait de renseigner. Il n’était pas assez courageux pour aller au-delà, ajouta Théo, désenchanté de la nature humaine.
    — Son implication dans la disparition des Lautrec ne fait désormais aucun doute ! assena Coustot.
    — Les dernières réserves me semblent en effet levées.
    — Tout cela ne nous dit pas quel est le commanditaire des deux vols. Ramón n’était vraisemblablement qu’un intermédiaire chargé d’exécuter les basses œuvres, si je puis dire, pour le compte d’un collectionneur. Votre entreprenant rouquin ne vous a pas livré l’adresse de cet antiquaire de Collioure ?
    — Je suis convaincu, commissaire, que vos hommes se révéleront efficaces dans cette traque aux trafiquants d’art.
    — Quel est le point de vue de votre nouvel ami sur la mort de Dupuy ?
    — Pour lui, le gardien du musée Lautrec devenait trop gourmand, trop encombrant aussi… Peut-être pas assez fiable ? Les hommes de Montana ont fait ce qu’il fallait, connaissant parfaitement son talon d’Achille.
    — À ce propos, j’ai eu cet après-midi les résultats de l’autopsie de Dupuy. Paulo a été exécuté par strangulation avec un fil d’acier, puis déshabillé. C’est après l’avoir étranglé que ses assassins l’ont sommairement travesti et transporté jusqu’à la Gravière.
    — Il n’a pas été tué sur place ? s’étonna Théo.
    — Son élimination était programmée, puis elle fut hâtivement maquillée en affaire de mœurs. La perruque qu’il portait quand vous l’avez découvert, souvenez-vous, n’était même pas adaptée à son crâne, pas plus que ses vêtements féminins n’étaient à sa taille, rajouta Coustot.
    — Mlle Combarieu n’avait pas tout à fait tort quand elle disait que Dupuy était un drôle de loustic !
    — Je ne vous le fais pas dire… soupira le policier.
    Par petites lampées, Théo avalait son lait chaud. Il recouvrait peu à peu ses esprits. La nuit avait été si mouvementée.
    — Tonnerre de Dieu ! s’écria soudain Coustot. J’y suis ! Le Grenier du voyageur à Port-Vendres, la carte de visite dans la table de nuit.
    Aussitôt, le commissaire se leva et se mit en quête de sa veste. Il entendait se rendre au bureau prendre avec lui quelques hommes et rejoindre illico la Côte Vermeille.
    Théo s’interposa aussitôt :
    — On ne s’est pas bien compris, commissaire. Vous me raccompagnez à Albi tout de suite, n’est-ce pas ?
    Quand Coustot quitta prestement son appartement de la rue Croix-Baragnon, la casserole de lait s’était répandue sur la cuisinière à gaz en une flaque blanche qui sentait le cramé.
    — Bordel ! Avec cette histoire, je vais foutre le feu à la baraque ! pesta le policier.
    — Un conseil, monsieur Coustot, prenez la peine de laisser un mot à votre fils sur la table.
    Vexé, le commissaire considéra le jeune homme de toute sa stature et eut un geste d’hésitation. Puis, saisissant une enveloppe qui traînait sur la table, il gribouilla au dos de celle-ci quelques mots qui ne lui étaient pas familiers :
    Thomas, mon grand,
    Je te souhaite une bonne journée et t’embrasse.
    Papa.
    — Merci, Théo ! Parfois, j’envie M. Cantarel de vous avoir à ses côtés.
    En dévalant l’escalier, Théo gratifia le commissaire bien enrobé de son plus beau sourire. Celui qu’il offrirait à Cécile, dans moins d’une heure, quand le soleil habillerait de feu la cathédrale d’Albi.

14
    — Enfin, monsieur Dorléac, vous n’allez quand même pas envoyer fleurs et couronnes à un homme qui a spolié votre musée ! s’exclama Hélène Cantarel, courroucée par tant de compassion.
    Jean Dorléac n’avait jamais paru aussi abattu. Certes son musée avait retrouvé l’affluence des grands jours, certes l’enquête avançait désormais à grands pas, mais il se sentait désormais bien seul dans son palais où il lui semblait entendre les éclats de rire aigrelets de Toulouse-Lautrec.
    Il n’avait désormais plus de secrétaire ni de concierge, car il s’était enfin résigné à ne pas installer le nouvel amant de Mme Labatut dans ses murs. Le courage lui manquait aussi pour organiser la rétrospective Monet qui devait constituer l’événement artistique de ce printemps. Tout lui paraissait au-dessus de ses forces.
    Dans la plus grande discrétion, le corps de Paul Dupuy avait été rapatrié de la morgue d’Albi à Menton. Ainsi l’avait voulu sa sœur

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