Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Toulouse-Lautrec en rit encore

Toulouse-Lautrec en rit encore

Titel: Toulouse-Lautrec en rit encore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Alaux
Vom Netzwerk:
heure ? s’offusqua Théo.
    — À Toulouse !
    — À Toulouse ? Vous plaisantez, j’espère !
    — Pas le moins du monde. J’ai besoin d’un partenaire jeune, beau, intelligent et pas farouche…
    — Qu’est-ce que c’est que cette idée saugrenue, commissaire ?
    — Allez, suivez-moi et cessez de me poser des questions inutiles ! Vous verrez sur place. Vous risquez de ne pas être déçu !
    Trélissac faisait sa tête des mauvais jours.
    — J’espère que je ne vous ai pas tiré d’un beau rêve ! fit Coustot, goguenard.
    — Si, précisément. Et le rêve est en train de virer au cauchemar !
    — Pardonnez-moi, Théo, mais la mission que je vais vous confier, personne au bureau n’est en mesure de l’assumer et surtout pas mon adjoint Couderc. Il n’a rien de très sexy, vous en conviendrez…
    Perplexe, la mine renfrognée, Théo ne décrocha pas la mâchoire pendant tout le trajet reliant le chef-lieu du Tarn à la capitale régionale.
    Arrivé à Toulouse, Coustot gara son véhicule de service sur l’un des « emplacements réservés à la police », rue du Rempart-Saint-Étienne. D’un pas pressé, les deux hommes empruntèrent la rue de Metz avant de bifurquer en direction de la place Saint-Georges.
    Comme chaque fin de semaine, les rues de la Ville rose débordaient de jeunes étudiants dépenaillés, dont certains étaient passablement éméchés, chantant à tue-tête et pissant impunément dans les caniveaux.
    Il n’était pas loin de une heure du matin et, au bout d’une ruelle sombre, un néon rose s’allumait par intermittence. On pouvait lire :
    L A C OCHINCHINE – N IGHT -C LUB
    Pas besoin d’explications. Théo savait pertinemment ce que Coustot attendait de lui. Il n’était qu’un leurre. Un garçon, plutôt bien de sa personne, qui ne manquerait pas de susciter quelques convoitises dans ce club à la clientèle franchement homosexuelle. Il était là pour tenter de renouer quelques liens avec de vieux amis de « Paulo », des gigolos comme lui – c’était le rôle qu’implicitement lui avait imparti le commissaire Coustot – ou toutes personnes susceptibles d’orienter l’enquête.
    À peine le policier était-il entré dans la boîte de nuit en posant familièrement sa main sur l’épaule de Théo que la musique lui agressa les tympans. Les enceintes acoustiques du club débitaient à grand renfort de décibels du Sugar Baby Love qui dégoulinait sur la piste de danse où, torses nus, des garçons se trémoussaient.
    — Je comprends mieux pourquoi le père Dupuy était devenu totalement sourd ! ricana Coustot en se penchant sur Trélissac, qui appréciait modérément cette familiarité assortie d’une affreuse odeur de nicotine.
    Théo se déhanchait, faisant mine d’être dans le tempo.
    L’homme fort de la PJ se dirigea vers le bar et commanda un whisky-Coca. Il demanda au jeune Trélissac ce qu’il souhaitait boire. L’adjoint de Cantarel l’imita en même temps qu’il ôtait son pull. Sur son t-shirt, le logo des Stones était de nature à faire passer Théo pour un garçon rebelle et sensuel, prêt à hurler I can’t get no… satisfaction sur la piste de danse où une boule d’argent à facettes renvoyait mille éclats de lumière parmi les danseurs en transe.
    La boîte se prolongeait dans une succession de caves visitées par des rayons laser et meublées de larges banquettes profondes. L’exploration exhaustive de La Cochinchine finissait par les back-rooms où s’échappaient par moments des plaintes lascives. De l’ombre surgissaient parfois des couples dont certains étaient harnachés de cuir. Quelques folles piaillaient, la plupart s’abandonnaient, à coups de reins et de balancement de la tête, à une rythmique obsédante qui oscillait entre la pop et le disco.
    Très vite, Théo ne manqua pas de prétendants. Il était un piètre danseur, mais préférait tout de même les Rubettes à Dave quand il s’agissait de mouvoir ses fesses sur les refrains forcément sirupeux de Sugar Baby Love ou de Vanina . Plusieurs garçons l’accostèrent, l’invitèrent à prendre un verre, le draguèrent ouvertement. Aucun ne semblait avoir connu Paulo le sourdingue.
    Perché sur son tabouret, Coustot observait la scène avec un œil de dompteur. Il savait que Théo s’acquittait au mieux de sa tâche, même s’il devait redoubler d’efforts pour ne pas se trahir. Fernand matait les regards concupiscents d’hommes à la

Weitere Kostenlose Bücher