Toute l’histoire du monde
Danois.
Les Suédois vont réussir à remonter puis à descendre les grands fleuves des espaces qui leur faisaient face. Ils leur donneront un nom. On appelait les Suédois les « Rouss », et le pays deviendra la « Russie ». Le commerce entre la Baltique et la mer Noire fut longtemps leur monopole. À Constantinople, sous le nom de « Varègues », ils formeront la garde d’élite de l’empereur byzantin.
Les Danois eurent une immense importance historique. À chaque fois que les commentateurs, à propos de l’Union européenne, qualifient le Danemark de « petit pays », ils montrent qu’ils ignorent tout de l’histoire de l’Europe.
Descendant naturellement vers le sud, les Danois s’établirent dans la province qui porte leur nom, la « Normandie », le pays des hommes du Nord, lequel leur sera concédé par un roi carolingien au traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911. Toute la toponymie de Normandie est d’ailleurs danoise, tantôt clairement – le cap de la Hague (et Copenhague) -, tantôt de façon plus camouflée : Floor fut latinisé en « fleur », et Honfloor devint Honfleur ; Beck en « bec », d’où Caudebec.
Christianisés, les Danois feront plus tard avec Guillaume le Conquérant, en 1066, la conquête de l’Angleterre sur leurs cousins anglo-saxons. La tapisserie de Bayeux, grande BD du temps, raconte cet épisode ; on y voit les drakkars sur le départ. Ils avaient appris le français. Plus tard encore, ils s’établiront en Sicile et en Italie du Sud, où ils fonderont des royaumes. Bien plus : au moment des Croisades, ces farouches Normands deviendront le fer de lance de la chrétienté, et on les retrouvera à Jérusalem !
Les Norvégiens eurent moins de chance. À côté de leur pays ne s’étendaient ni la Russie ni l’Europe, mais les immensités atlantiques. Par le nord, cependant, naviguant d’île en île, ils réussirent à dominer le grand océan.
En Arctique, l’Atlantique se resserre en de multiples rivages. Les Norvégiens, par les îles Féroé, s’installèrent à partir de 865 en Islande, terre déjà connue des navigateurs grecs et romains ( Ultima Thüle), mais inoccupée -à l’exception de quelques moines. Ils y sont toujours, et les Islandais sont leurs descendants. Les Norvégiens avaient amené avec eux des esclaves celtes et de petits chevaux.
D’Islande, un explorateur norvégien, Erik le Rouge, découvrit en 982 une terre immense où il attira quelques centaines de familles. Il la nomma Grœnland, « Terre verte » – ce qui fut longtemps considéré comme de l’humour noir, jusqu’à ce que les historiens comprennent qu’à cette époque le climat était beaucoup plus chaud qu’aujourd’hui : ce qu’on appelle l’« optimum climatique médiéval ». De fait, les Vikings purent élever des vaches au Grœnland et y faire les foins, ce qui serait impossible de nos jours malgré le « réchauffement ». D’ailleurs, il y eut ensuite un « refroidissement », et les Vikings ne purent se maintenir au Grœnland, où les Eskimos les remplacèrent.
Du Grœnland, les Islandais gagnèrent naturellement le Labrador, l’estuaire du Saint-Laurent, et peut-être les Caraïbes. Au XVIe siècle, l’empereur aztèque Montezuma racontera à Cortès que les Espagnols avaient été précédés au Mexique, longtemps auparavant, par de grands marins blonds « dont les bateaux avaient des têtes de serpent ». Comment ne pas penser aux drakkars ? Ce sont donc les Norvégiens qui ont découvert l’Amérique, cinq siècles avant Colomb. Mais cette découverte tomba à plat. Bons navigateurs, mais nuls en géographie générale, les Vikings ne virent dans ces côtes que de nouveaux rivages. L’Europe, en pleine anarchie, n’était pas non plus préparée à les suivre. Cependant, les navigateurs se transmirent ces récits dans leurs « portulans » et il semble bien que Colomb en eut connaissance. On constate ici qu’une découverte n’est rien sans un bon environnement mental et économique.
Trop peu nombreux, les Vikings furent absorbés, ou tués par les tribus indiennes. Chassés du Grœnland par le refroidissement du climat, les Norvégiens ne purent se maintenir qu’en Islande – où ils tombèrent d’ailleurs rapidement sous la domination danoise, dont les Islandais ne se libérèrent qu’en 1941.
L’effondrement de la civilisation, aux temps barbares, ne fut pas un effondrement définitif. Nous le
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