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Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
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nombreux : des tribus de chasseurs et surtout d’éleveurs qui se déplaçaient de la Baltique à la Mongolie dans la grande steppe eurasienne.
    Les Huns, de race jaune, en plein élan vers l’Occident, provoquèrent dans leur ardeur des mouvements en chaîne. Tout le monde a retenu le nom du plus célèbre de leurs chefs : Attila (395-453). Les Huns expliquent les noms et les traits asiatiques de certains Européens : les Hongrois, les Bulgares, quelques Russes (Lénine avait aussi les yeux bridés). Les « Gitans », c’est autre chose : ce ne sont pas des guerriers, mais des sans-caste venus des Indes et qui ont toujours vécu en symbiose au sein des sociétés agricoles.
    Rome avait, des siècles durant, su contenir ces tribus. Les Barbares étaient d’ailleurs fascinés par elle. Ne pouvant la conquérir, ils y immigraient. Au IV e siècle, ils s’engageaient dans l’armée romaine, où ils devenaient d’excellents défenseurs de l’Empire.
    Pourquoi, alors, la catastrophe de 410 ? Événement extraordinaire qui fit une impression profonde sur saint Augustin. Rome, en effet, n’avait pas été conquise depuis l’irruption très ancienne des Gaulois, huit siècles plus tôt.
    Il faut comprendre qu’à l’époque la supériorité militaire des « civilisés » tenait seulement à leur organisation (à leur « modernité »). Une légion romaine utilisait les mêmes armes que les Barbares germains, mais son commandement et sa discipline lui assuraient à tout coup le succès. Individuellement, les Barbares étaient meilleurs. Et cette supériorité individuelle des nomades sur les sédentaires perdurera jusqu’à l’utilisation par ces derniers, au XV e siècle, de la poudre et des canons.
    Qu’une société sédentaire se désorganise, et elle était à la merci des envahisseurs. Tant qu’elle fut organisée, Rome, avec ses trente légions, repoussa facilement les Barbares dans les ténèbres extérieures. Elle était la plus grande puissance du monde. Elle n’avait pas d’ennemis à sa mesure (si l’on excepte les Perses-Parthes, ennemi héréditaire). L’Empire s’est écroulé parce qu’il s’est autodétruit.
    En effet, dès le 111 e siècle, Rome entra en décadence. Nous savons que cette notion est très critiquée, mais nous ne voyons pas par quoi la remplacer.
    La décadence fut d’abord civique. Si riche et corrompue fut-elle, la classe dirigeante romaine garda longtemps le sens du bien public, comme nous l’avons constaté en lisant les notes de l’empereur Marc Aurèle. À partir du IV e siècle, elle le perdit. Or, aucune classe dirigeante ne peut résister à l’égoïsme individualiste. Les gouvernants doivent au moins donner l’impression qu’ils s’occupent du bien commun ; mieux, ils doivent s’en occuper réellement s’ils veulent justifier leurs privilèges. Chateaubriand l’a écrit, dans ses Mémoires d’outre-tombe d’une manière définitive :
    « Une classe dirigeante connaît trois âges successifs : l’âge des supériorités, l’âge des privilèges, l’âge des vanités. Sortie du premier, elle dégénère dans le deuxième et s’éteint dans le troisième. »
    Quand une classe dirigeante s’écroule, cela peut entraîner l’écroulement de la société si des dirigeants de remplacement ne sont pas prêts à prendre sa place. Quand la noblesse s’écroula lors de la Révolution française, la bourgeoisie était prête à (et désireuse de) assumer l’État. Rien de tel dans la Rome du V e siècle. Les vertus qui avaient fait la puissance de l’Empire et
    de ses patriciens – le respect de la loi, le courage militaire, le sens de la grandeur – s’étaient évanouies. L’armée n’existait pour ainsi dire plus. Les Barbares, ne trouvant plus personne devant eux, passèrent le limes - non plus comme immigrés, mais en conquérants – et se mirent à violer et à tuer. Ce fut une formidable régression de la civilisation, une espèce d’implosion.
    Il faut comprendre que le progrès n’est pas automatique.
    Pendant trente-cinq siècles, depuis les pharaons, l’humanité avait progressé ; chaque siècle ayant été plus « moderne » que le précédent. Mais, après 410, tout s’écroula. Quand il n’y eut plus d’État, il n’y eut plus de sécurité. Les paysans, qui ont besoin de paix pour cultiver, fuirent les champs. La famine s’installa. Et, comme une agglomération urbaine ne peut fonctionner sans surplus

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