Toute l’histoire du monde
Bakr, Omar, Othman et Ali (ce dernier avait épousé Fatima, l’une des filles du Prophète). Mais l’hérédité du pouvoir califal fut contestée. En janvier 661, Ali fut assassiné : une partie des musulmans voulurent rester fidèles à sa lignée, provoquant ainsi le schisme chiite.
Ensuite, la capitale arabe se transporta en Syrie, conquise sur les Byzantins, avec la dynastie des Omeyyades (qui régna de 650 à 750). L’Égypte avait été occupée en 639, et Le Caire fondé près de l’ancienne Memphis. L’Afrique du Nord fut soumise dès 707 (avec la construction de Kairouan). En 712, les Arabes passèrent en Espagne. Le détroit de Gibraltar n’est autre que le Djebel el-Tarik, du nom d’un chef berbère. Bientôt, les cavaliers d’Allah dépassèrent les Pyrénées à l’ouest.
À l’est, les armées arabes subjuguèrent facilement la Perse sassanide. Cependant, le monde iranien, voulant garder son originalité, adopta le chiisme et réussit à iraniser quelque peu l’islam.
Les cavaliers arabes semblaient invincibles, d’autant plus qu’ils n’apportaient pas avec eux l’anarchie, mais un ordre nouveau.
Ils se souciaient peu de conserver le passé. Par exemple, les magnifiques villes romaines de Libye ou de Syrie (Leptis Magna, Palmyre) furent abandonnées. Les monuments égyptiens aussi. L’architecture pharaonique était restée « comme neuve » jusqu’à leur arrivée au VII e siècle. Malgré la perte de son indépendance, l’Égypte avait gardé jusque-là sa civilisation. Les rois grecs, les empereurs romains ou byzantins y construisaient des temples à l’identique. Tout s’écroula avec les nouveaux maîtres. Non qu’ils fussent indifférents à l’art : à Damas, à Cordoue, à Grenade, ils édifièrent des mosquées et des palais sublimes, mais ils méprisaient tout ce qui s’était passé avant Mahomet.
Avec eux, comme l’a souligné l’historien Henri Pirenne, le monde méditerranéen, uni pendant cinq siècles par l’empire romain, se cassa en deux – et il le reste aujourd’hui ! On peut même dire qu’il existe aujourd’hui trois Méditerranées : deux au nord (la latine catholique à l’ouest et la byzantine orthodoxe à l’est) et une au sud (l’arabo-musulmane, qui ne parle plus le grec ou le latin, mais l’arabe).
De nos jours, la Méditerranée est une mer d’affrontement, et non plus une mer d’unité.
La chevauchée arabe semblait irrésistible. Elle fut cependant arrêtée au viii e siècle.
D’abord, devant Constantinople, en l’an 717, par l’armée et la marine byzantines. Les Byzantins repoussèrent les Arabes jusqu’aux monts Taurus (où la frontière s’établit pour des siècles), non sans subir l’influence musulmane – dont témoigne la querelle de l’iconoclasme. L’islam prohibe en effet le culte des images. Les empereurs byzantins furent tentés d’en faire autant, jusqu’à ce que leur théologiens leur fassent remarquer que, Dieu s’étant fait homme en Jésus, il était légitime de représenter les visages.
Ensuite, aux environs de Poitiers, en 732, par la cavalerie lourde des envahisseurs francs. Les combats de Poitiers (même si on les situe approximativement et s’ils ne constituèrent pas l’immense bataille que les chroniqueurs des deux camps grossirent par souci de propagande) ne sauraient être contestés.
Les Francs l’emportèrent. Pourquoi ? Parce que ces Germains montaient de lourds chevaux de labour (des percherons) et qu’ils utilisaient les étriers. Les Arabes, qui montaient encore à l’ancienne sur de petits chevaux, vinrent s’écraser contre le « mur de fer » de la cavalerie de Charles Martel (« mur de fer » : l’expression est tirée des chroniques arabes).
Il est vrai aussi que les Francs combattaient près de la Somme et du Rhin, alors que les Arabes se trouvaient fort éloignés de l’Arabie. Clausewitz expliquera que l’armée qui combat loin de ses bases est désavantagée.
Il serait d’ailleurs inexact d’interpréter la victoire du chef franc Charles Martel comme une victoire de la civilisation sur la barbarie.
À cette époque encore mérovingienne, les Francs étaient certainement plus barbares que les Arabes (seulement, ils étaient intimidés par la civilisation romaine -contrairement aux Arabes). Poitiers fut en fait la bataille des Barbares du nord contre les nomades du sud, unifiés par l’islam.
À partir de 750, le risque diminua pour
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