Toute l’histoire du monde
dictateur (le « lord-protecteur ») de cette république, la dirigea d’une main de fer jusqu’à sa mort (3 septembre 1658). Il en profita pour faire la conquête de l’Écosse et de l’Irlande, restées quasi indépendantes jusque-là.
Les partisans du lord-protecteur s’appelaient les « puritains », protestants rigides. Le nom est resté. L’annexion de l’Ecosse, protestante comme l’Angleterre, fut assez facile (malgré des révoltes). Elle sera validée par un traité d’Union en 1765. Raison pour laquelle on parle depuis du « Royaume-Uni ». Celle de l’Irlande catholique fut sanglante. Cromwell y envoya ses puritains, qui s’approprièrent les meilleures terres volées aux gentilshommes catholiques (beaucoup d’entre eux se réfugièrent en France). Il en résulta une haine séculaire des Irlandais envers les Anglais, qui conduira l’Irlande en 1920 à devenir indépendante. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle restera neutre, malgré Hitler, par détestation de l’Angleterre.
Les Anglais, regroupés en Ulster, conservèrent toutefois le quart de l’Irlande. Cette survivance explique les combats de l’IRA – dont on peut espérer voir la fin, un armistice étant aujourd’hui conclu. Il est probable que ce conflit séculaire (dans lequel les États-Unis jouent maintenant le rôle d’arbitre, de nombreux Américains étant des catholiques d’origine irlandaise, tel le président Kennedy) aboutira à la réunification de l’île, les protestants de l’Ulster devant choisir entre devenir vraiment irlandais ou retourner dans le pays d’où leurs ancêtres sont venus.
Cela dit, contrairement à la française, la République anglaise ne dura pas. Dès la mort de Cromwell, la monarchie fut rétablie en Grande-Bretagne. Elle y subsiste encore.
Louis XIII mort, son épouse Anne d’Autriche, écervelée jusque-là, se hissa à la hauteur des circonstances. Elle commença par conserver le premier ministre que Richelieu avait choisi comme successeur : Giulio Mazarini, dit Mazarin, un diplomate pontifical que Richelieu avait « repéré » et embauché. Mazarin, souple en apparence, avait en fait beaucoup de caractère. Il en eut besoin. À la mort de Richelieu et de Louis XIII, les nobles se révoltèrent. On appelle « Fronde » cette dernière sédition des « grands », à l’origine peut-être du divorce qui existe en France entre le peuple et les élites. Les frondeurs n’hésitèrent pas à s’allier aux ennemis extérieurs ; le fameux « parti de l’étranger », déjà !
Mazarin et Anne d’Autriche formèrent un couple solide. Ils n’étaient pas amants (bien que Mazarin fut un cardinal laïc, l’union d’un roturier et d’une descendante de Charles Quint était impensable), mais très amis. Ils firent front. Fuyant quand il le fallait (aussi le jeune dauphin, futur Louis XIV, eut-il une enfance tourmentée), ils revenaient toujours. En 1653, la Fronde était écrasée. L’État avait été sauvé par deux étrangers : une Espagnole et un Italien. Le traité des Pyrénées, signé en 1659, mit également fin aux hostilités extérieures. Mazarin, bien qu’il ait confondu le trésor public avec sa cassette privée (aujourd’hui, on l’inculperait d’« abus de bien social »), a bien mérité de la patrie.
Avec Richelieu et Mazarin, le prestige intellectuel de la France éclipsa celui de l’Italie. René Descartes, installé en Hollande – par commodité plus que par prudence – mais passionnément lu et commenté en France, avait publié en 1637 son fameux Discours de la méthode. Il revint d’ailleurs trois fois à Paris, où il rencontra un autre génie, Biaise Pascal, un physicien exceptionnel auteur d’études savantes sur le vide, la pesanteur et la mécanique des fluides. Les deux hommes avaient en commun la « méthode expérimentale » ; Pascal était en outre un mystique, plus connu pour ses célèbres Pensées que pour son Traité du triangle arithmétique.
À la mort de Mazarin – son parrain et son maître en politique -, en 1661, le roi Louis XIV avait vingt-quatre ans. Tant que le cardinal vécut, il avait laissé faire. Personne ne savait ce qu’il avait dans la tête (à l’exception de Mazarin, qui jugeait grandes les capacités de son filleul et élève). On pensait à la cour qu’il continuerait ses amours (le jeune homme, très beau, étant fort amateur de dames) et laisserait gouverner sa mère.
Pendant que
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