Toute l’histoire du monde
(1515-1582), et son ami Jean de la Croix (1542-1591), réformateurs des Carmes, furent
de grands poètes. Le Livre des demeures de Thérèse et La Nuit obscure de Jean, publiés en 1588 (année de la défaite de l’Armada : les vraies victoires sont idéologiques !), restent des chefs-d’œuvre de la littérature castillane et spirituelle. Comme quoi Charles Quint n’avait pas tort de vouloir s’adresser à Dieu en espagnol ! Au même moment, Philippe Neri fondait à Rome l’ordre de l’Oratoire.
Alors que le protestantisme, quelque peu « iconoclaste », ne réussissait pas à s’inventer une architecture, les jésuites lancèrent une mode qui fera fureur : celle du « baroque ». Inauguré à Rome, en 1568, avec l’église du Gesii, le baroque triomphera de Salamanque à Cracovie et jusqu’au Mexique…
Ces événements ont laissé des traces. Le président américain Bush Junior est un fondamentaliste protestant. En revanche, l’Union européenne reste si catholique que son drapeau est celui de la Vierge Marie et qu’on a pu parler d’« Europe vaticane ».
Si la Renaissance fut une période d’humanisme et de gloire, elle fut aussi une période de tragédie : les civilisations précolombiennes en sont mortes et elle a connu les « guerres de religion ».
Rien n’étant plus effrayant que les guerres de religion, on doit remercier le bon roi Henri d’y avoir jadis mis un terme. Puissent-elles ne pas resurgir aujourd’hui !
Le grand XVIIe siècle
À la mort d’Henri IV, la régence fut exercée en France par Marie de Médicis, au nom de son fils Louis XIII. Aux États généraux de 1614, elle dut faire des concessions à la noblesse. Peu intelligente, influencée par un entourage détestable (les Concini), elle voulut garder le pouvoir à la majorité du roi. Mais elle eut l’immense mérite de faire entrer Richelieu au Conseil.
La régente disgraciée, Louis XIII garda Richelieu. C’était en 1624. Le roi avait vingt-quatre ans ; le ministre, devenu cardinal, trente-neuf. Louis XIII était un homme de petite allure, au physique ingrat, bègue, mal à l’aise avec les femmes (il mit treize ans à faire un enfant à la sienne, Anne d’Autriche).
Ce roi timide fut cependant capable, parce qu’il en reconnaissait le talent, de conserver le cardinal comme ministre pendant vingt ans. Armand du Plessis avait le sens de l’État. À l’intérieur, il lutta contre tout ce qui pouvait entraver l’autorité monarchique. Les protestants ayant profité de la mort d’Henri IV pour ouvrir aux Anglais La Rochelle qu’ils dominaient, Richelieu fit jeter une digue devant le port charentais et contraignit les gens de la RPR (Religion prétendue réformée) à obéir, tout en respectant leur liberté religieuse. Il poussa le roi à châtier les « grands » séditieux. Ce n’était pas facile : « Les quatre pieds carrés du cabinet du roi ont été pour moi plus difficiles à conquérir que les champs de bataille d’Europe », disait Richelieu. Louis XIII n’était pas une « potiche ». Mais Montmorency et Cinq-Mars furent décapités.
En Europe, Richelieu pratiqua une politique habile pour restaurer la prépondérance française, n’hésitant pas à s’allier aux princes protestants contre les Habsbourg catholiques, ce qui scandalisait les dévots. Il subventionna le roi de Suède, Gustave-Adolphe, pour le faire intervenir en Allemagne. La Suède connut alors soixante ans de grandeur militaire.
Efficace et fructueuse, cette politique eut des conséquences désastreuses en Allemagne. La guerre de Trente Ans, de 1618 à 1648, qui se termina avantageusement pour la France et la Suède au traité de Westphalie (1618), a été pour l’Allemagne une terrible tragédie (destructions, morts), dont elle mettra longtemps à se relever ; la Prusse et les États héréditaires des Hasbourg (l’Autriche) étant épargnés.
Richelieu intervint aussi dans le domaine culturel : il fonda l’Académie française en 1634, fit bâtir l’église de la Sorbonne et le Palais-Royal à Paris. De santé fragile, malgré son énergie farouche, il mourut en 1642, et son roi, tuberculeux, quelques mois plus tard en 1643.
À cette époque, un événement étrange survint en Angleterre : la proclamation d’une république, en 1649, après la décapitation du roi Charles. (Eh non ! les Français n’ont pas été les premiers à couper la tête de leur roi !) Olivier Cromwell, devenu le
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