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Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
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fonda l’« anglicanisme ». En fait, un catholicisme schismatique, l’Église anglicane – surtout la « haute Église » – restant de style « catho ».
    Dès 1588, un théâtre puissant naissait à Londres avec Shakespeare : Richard III hit joué en 1592. L’Angleterre fit ainsi (presque en même temps que la Prusse) une entrée fracassante dans la compétition culturelle. Mais Henri VIII se heurta dans son royaume à un fort parti fidèle à Rome et dut faire exécuter son chancelier Thomas More, ami d’Érasme, en 1535.
    En France, Jean Calvin (1509-1564) adhéra à la Réforme et s’exila en Suisse, d’où il écrivit en 1539 L’Institution de la religion chrétienne . De 1541 à sa mort, il fut le dictateur de la ville de Genève, où il appliqua un protestantisme beaucoup plus radical que celui de Luther : le calvinisme.
    À Genève, sous Calvin, une espèce de police religieuse des bords du lac Léman vérifiait que les fidèles ne prenaient pas de plaisir ici-bas, allant jusqu’à goûter les plats des auberges afin de vérifier qu’ils n’étaient pas trop bons ; sinon, c’était l’amende ou la prison. Les Talibans n’ont rien inventé. Les protestants, que la bien-pensance contemporaine présente aujourd’hui comme des chrétiens éclairés, furent souvent des fanatiques (à la manière des sectes fondamentalistes américaines). D’ailleurs, en 1553, Calvin (par ailleurs essayiste génial : son Institution est un chef-d’œuvre de la langue française) n’hésita pas à faire monter sur le bûcher son ami Michel Servet, suspect de déviationnisme !
    Ainsi, au milieu du xvf siècle, l’Europe latine était en pleine crise : une bonne part avait quitté l’Église catholique en se ralliant aux luthériens ; l’Angleterre avait fait schisme et, en France, les calvinistes essayaient, depuis Genève, de pousser le pays au protestantisme. Il était évident que la partie allait se jouer en France. Si celle-ci basculait vers la Réforme, le protestantisme s’imposerait ; si elle demeurait catholique, la Réforme resterait « régionale », car la France était alors la plus grande puissance du monde (et le resterait jusqu’à Waterloo).
    Le calvinisme fit beaucoup d’adeptes en France, surtout parmi les nobles éclairés. Dans la nuit du 23 au 24 août 1572, la régente Catherine de Médicis, après avoir tenté de faire assassiner l’amiral de Coligny, chef du parti réformé, arracha au roi Charles IX, son fils, l’ordre de massacrer les chefs protestants réunis à Paris pour le mariage d’Henri de Navarre avec Marguerite de Valois (la reine Margot). Il y eut plus de trois mille morts, dont Coligny. Les « guerres de religion » se déchaînèrent alors entre protestants et catholiques. Le roi, influençable et fragile, ne survécut que quelques mois. (Henri II, son père, le mari de Catherine, était mort dans un tournoi d’un coup de lance malheureux, treize ans auparavant.)
    Henri III, frère de Charles IX, avait davantage de bon sens. Personnage complexe, cultivé, homosexuel, accordant trop de crédit à ses « mignons », il gardait cependant le sens de l’Etat.
    Le parti catholique devenant puissant sous la direction des Guise (la Ligue), Henri III profita de la réunion des États généraux à Blois en 1588 pour convoquer dans sa chambre le duc de Guise, chef de la Ligue. Ce dernier s’était laissé aller à des paroles imprudentes, donnant à entendre qu’on allait remplacer le roi et qu’il ceindrait la couronne. Il n’en eut pas le loisir : les gardes d’Henri III le tuèrent. Il s’agit là davantage d’une exécution que d’un assassinat, bien qu’on parle en général de l’« assassinat du duc de Guise ». Le souverain légitime fit exécuter un rebelle – catholique, certes, mais séditieux. Le pauvre Henri III sera, lui, réellement assassiné par un moine ligueur l’année suivante.
    Selon l’ordre de succession monarchique, les fils de Catherine de Médicis n’ayant pas laissé de descendance, la couronne devait échoir à Henri de Navarre. Or, celui-ci était protestant.
    Deux principes se sont affrontés à ce moment décisif : le principe de religion (celui de Luther : Cujus regio, ejus religio) et le principe de légitimité (celui des juristes). Car, si Henri était protestant, il était incontestablement le roi légitime. Les catholiques « éclairés » en convenaient. Mais les masses populaires de France

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