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Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
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restaient obstinément catholiques.
    Henri de Navarre eut l’intelligence de le comprendre : il abjura le protestantisme et put ainsi, en 1594, entrer à Paris. On lui prête ce mot : « Paris vaut bien une messe. » S’il ne l’a pas prononcé, il l’a certainement pensé. En 1598, devenu roi et sacré, Henri IV promulgua le fameux édit de Nantes qui accordait aux protestants une certaine liberté religieuse.
    Si l’édit reste prudent, ses conséquences idéologiques sont immenses. À partir de sa promulgation, on put dissocier religion et citoyenneté. Le protestant renégat se révéla ainsi infiniment plus progressiste que Luther et Calvin ! On pourrait dire que la conception française de la laïcité n’est pas née, comme on le croit, en 1905, mais en 1598…
    Henri IV fut un grand roi qui, avec de sages ministres, tel Sully, rétablit la loi et l’ordre, donc la prospérité. On connaît son souhait que tous les Français puissent manger paisiblement leur « poule au pot » (la « fracture sociale », déjà !). Bon vivant, bon amant (« Vert galant »), bon dirigeant, il mourut assassiné le 14 mai 1610 par un fanatique catholique du nom de Ravaillac. Mais le catholicisme (un catholicisme tolérant) avait, grâce à lui, gagné la partie en Europe. La France n’avait pas basculé.
    Cette victoire de l’Église fut d’autant plus grande qu’elle avait enfin compris les leçons de Luther et entreprenait de se réformer. Ce fut la « Contre-Réforme ». De 1544 à 1563, le concile de Trente, réunissant les principaux évêques et théologiens, jeta les bases de cette Réforme catholique.
    L’Église ouvrit de multiples « séminaires » (par un paradoxe étrange, on nomme aujourd’hui « séminaires » des réunions civiles souvent commerciales) qui surent former un nouveau clergé, digne et cultivé, opposable aux pasteurs protestants.
    Les papes se remirent à avoir la foi (Pie V). De nombreux héros catholiques surgirent, dont Ignace de Loyola (1491-1556), espagnol mais qui fonda son ordre à Montmartre. Le 15 août 1534, il y créa les Jésuites, religieux modernes, savants, lettrés, et surtout entièrement dévoués à la papauté. Très souples, un peu machiavéliques, ils surent employer des moyens intelligents « pour la plus grande gloire de Dieu » (Ad majorem Dei gloriarri). Les Exercices spirituels de saint Ignace ont été un best-seller.
    Beaucoup de missionnaires furent jésuites. Car l’Église catholique voulait évangéliser le monde. Les Amériques et les Philippines étant déjà catholiques par le fait de la conquête espagnole, le jésuite François Xavier se rendit en 1549 au Japon, où le catholicisme connut un grand succès (brisé au siècle suivant par les persécutions). Un autre jésuite, Matteo Ricci, jeta les fondements du christianisme en Chine et devint le premier « sinologue ». À Pékin, capitale de la Chine depuis le siècle précédent, il admira beaucoup les raffinements en usage à la cour des empereurs Ming. De nombreux lettrés chinois se convertirent, Ricci adoptant envers les rites confucéens une attitude conciliante qui ne fut pas toujours comprise à Rome (querelle des « rites chinois »). Ricci se voulait une sorte de mandarin catholique. Aux Indes, un autre missionnaire, Nobili, s’habillait comme un brahmane et se voulait gourou. Au Paraguay, les jésuites réussirent efficacement à protéger les Indiens guaranis de la rapacité coloniale (voir le film Mission).
    Mais en Europe aussi l’Église catholique regagnait du terrain.
    Certes, l’Angleterre, devenue une grande puissance navale avec la reine Élisabeth I rc (1558-1603) – l’Angleterre « élisabéthaine » -, lui échappait. En 1588, une immense flotte envoyée contre elle par le très catholique roi d’Espagne Philippe II, l’« Invincible Armada », fut dispersée – davantage, il est vrai, par le mauvais temps que par les marins anglais (Drake). Seuls 63 vaisseaux sur 130 regagnèrent Cadix. Cette bataille marqua le début de la suprématie navale britannique.
    Mais l’Irlande restait obstinément fidèle au pape et le catholicisme triomphait en Europe centrale et orientale (Pologne).
    Et, surtout, de nombreux génies lui faisaient honneur. Des évêques progressistes : Charles Borromée (1538-1583) à Milan, François de Sales (1567-1622) à Annecy. Des mystiques d’un extraordinaire talent littéraire : Thérèse d’Avila, la Madré

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