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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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déclare-t-elle à sa dame d’honneur. Que pourrait-il donc m’arriver à Genève ?
    De même, elle refuse le yacht que souhaitait lui envoyer la baronne de Rothschild. La raison profonde en est que les Rothschild interdisent formellement à tous ceux qui sont à leur service d’accepter des pourboires. Et le 9 septembre au matin, Élisabeth, accompagnée de la comtesse Sztaray, monte sur un bateau de la Compagnie générale de Navigation pour gagner Genève. Elle passera la nuit à l’hôtel Beau-Rivage où le général, le docteur Kromar, ses serviteurs l’ont déjà précédée ; et tout le monde reviendra le lendemain.
    Le voyage dure quatre heures. Élisabeth les emploie à bourrer de fruits et de gâteaux un petit garçon qui s’agite dangereusement. À une heure, le bateau accoste et, en voiture, l’impératrice et sa dame d’honneur gagnent Pregny où les attend la baronne, une dame de cinquante-huit ans.
    La réception de la baronne est une parfaite réussite, malgré une trop grande débauche de laquais galonnés d’or. Sur une table fleurie d’orchidées était dressé un superbe couvert en porcelaine de Vienne et une musique discrète se faisait entendre. Les trois femmes burent du champagne et dégustèrent un menu délicieux, comportant entre autres « des petites timbales, de la mousse de volaille et une crème glacée à la hongroise ».
    Après quoi, on visita les collections qui faisaient de la villa un véritable musée : œuvres d’art, tapisser ries, oiseaux exotiques, serres royales, tout plut infiniment à l’impératrice, qui se retira enchantée de sa journée après avoir signé le livre d’or de la baronne. Mais heureusement sans le feuilleter, car elle eût pu voir s’étaler sur une page blanche une signature qui l’aurait bouleversée : celle de son fils Rodolphe.
    De retour à Genève, Élisabeth et Irma Sztaray vont manger des glaces (l’impératrice en raffole), puis rentrent à l’hôtel où, d’ailleurs, la souveraine passe une mauvaise nuit. Cette nuit est trop lumineuse, trop belle, et la sensibilité d’Élisabeth l’éprouve avec une acuité presque douloureuse.
    Le lendemain, dix septembre, elle se lève à neuf heures, puis se rend rue Bonivard, chez un marchand de musique, pour acheter un orchestrion et des rouleaux de musique qu’elle destine à Marie-Valérie. Elle pense que l’orchestrion « fera plaisir à l’empereur et aux enfants… »
    Puis, elle rentre à l’hôtel, s’habille pour le départ et boit un verre de lait dont elle oblige la comtesse Sztaray à prendre sa part.
    — Goûtez ce lait, comtesse, il est délicieux ! À une heure trente-cinq, les deux femmes quittent l’hôtel à pied et suivent le quai pour gagner l’embarcadère. Elles ne remarquent pas un inconnu qui vient à leur rencontre et qui, cependant, agit d’étrange façon : il se cache derrière un arbre, repart, se cache encore. Soudain, il se dresse devant l’impératrice, la frappe d’un coup de poing, ou de ce qu’elle croit être un coup de poing, après avoir bousculé la comtesse, et s’enfuit tandis que Mme  Sztaray pousse un cri perçant et que l’impératrice s’affaisse. L’homme n’ira pas loin : dans une rue voisine, deux passants le poursuivent, le ceinturent et l’arrêtent.
    Cependant, des gens s’attroupent autour de cette femme en noir, encore très belle, qui est tombée à terre. Son opulente chevelure dénouée a heureusement amorti le choc. Un cocher aide à se relever celle qui, pour tous, n’est qu’une étrangère de plus.
    — Mais, je n’ai rien, dit-elle.
    On veut l’aider à remettre de l’ordre dans sa toilette : elle refuse.
    — Ce n’est rien ! Dépêchons-nous ! Nous allons manquer le bateau.
    Puis, tout en se dirigeant vers la passerelle, elle dit à la comtesse :
    — Que pouvait bien vouloir cet homme ? Peut-être ma montre ?
    C’est de son pas habituel, refusant l’aide d’Irma Sztaray, qu’elle atteint le bateau. Mais elle a conscience d’avoir mauvaise mine.
    — Je suis pâle, n’est-ce pas ?
    — Un peu. Sans doute est-ce l’émotion. Votre Majesté souffre-t-elle ?
    — La poitrine me fait un peu mal…
    À ce moment, le portier de l’hôtel accourt.
    — Le malfaiteur est arrêté ! crie-t-il. L’impératrice atteint la passerelle du bateau, la traverse, mais à peine a-t-elle mis le pied sur le pont qu’elle se tourne subitement vers sa compagne.
    — À présent,

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