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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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envers ce rebelle qu’il rendait en partie responsable des errements de Rodolphe, François-Joseph répondit par un décret qui allait plus loin encore, enlevant au révolté la nationalité autrichienne et lui interdisant de résider dans les limites de l’Empire.
    Selon des témoins dignes de foi, une ultime et affreuse scène aurait confronté le vieil empereur et l’ex-archiduc, une scène dont le secret n’a point été révélé, mais dont les éclats auraient réussi à percer les murs cependant épais de la Hofburg. Mais quand, blanc de rage, Jean-Salvator descendit le grand escalier du palais impérial, il savait que plus jamais de sa vie, il ne le remonterait.
    Rentré chez lui, dans le petit appartement de l’Augustinerbastei qu’il occupait avec Milly lors de leurs séjours à Vienne, il fit part à la jeune femme de sa décision de quitter l’Autriche, et même l’Europe, pour aller commencer au loin une vie nouvelle.
    — Tu es libre, Milly, de me suivre ou non. L’exil est une épreuve pénible, même quand on aime.
    — Je suis prête à te suivre où tu voudras, même au bout du monde s’il le faut. Tu sais bien que ma vie, c’est toi et toi seul.
    Rassuré de ce côté, il restait à Jean-Salvator un devoir à remplir avant de s’éloigner : reprendre à la comtesse Larisch certain coffret de fer que Rodolphe, avant de partir pour Mayerling, lui avait confié avec prière de le remettre à qui le lui réclamerait en donnant, comme signe de reconnaissance, les quatre lettres gravées sur le couvercle : R. I. U. C.
    Par une nuit glaciale, la comtesse, assez effrayée, reçut un ordre mystérieux : celui de se rendre avec le coffret dans les jardins de la place Schwartzenberg.
    Il était tard, l’endroit était solitaire et la cousine de Rodolphe, plus morte que vive, vit venir à elle un homme coiffé d’un grand chapeau noir qui lui jeta les quatre lettres convenues. Elle lui tendit la cassette, mais la nuit n’était pas encore assez sombre pour que ses yeux aigus n’aient point reconnu Jean-Salvator.
    — Est-ce que vous ne craignez pas, monseigneur, que ce dépôt vous fasse courir un grand danger ? murmura-t-elle.
    — Et pourquoi donc, comtesse ? Sachez ceci : moi aussi, je mourrai. – Puis, après une courte réflexion il ajouta, sarcastique : – Je mourrai, mais je resterai en vie…
    Quelques instants plus tard, il avait disparu, absorbé par les ombres de la nuit.
    Le 26 mars 1890, le brick-goélette Santa Margharita , aux ordres du capitaine Södich, quittait Portsmouth avec, à son bord, le propriétaire du bateau, un Autrichien nommé Johann Orth. Le navire traversa l’Adantique et toucha terre à Buenos-Aires.
    De là, le 10 juillet, Johann Orth écrivait à l’un de ses amis viennois, le journaliste Paul Henrich, pour lui dire qu’il était satisfait de son voyage et qu’il se disposait à le continuer afin d’explorer la Patagonie, la Terre de Feu et les abords du cap Horn. Mais il comptait prendre lui-même le commandement de la Margharita, ayant dû laisser à terre le capitaine Södich, sans doute peu disposé à un voyage aussi dangereux. Le départ était prévu pour le jour-même.
    La Margharita mit donc à la voile et prit la direction du sud. Nul ne devait jamais la revoir ni même en entendre seulement parler. L’énigme Johann Orth commençait, car nulle part il ne fut possible de relever la moindre trace. Navire et équipage, passagers et commandant, tout disparut comme si une main géante les avait tout à coup effacés de la surface de la mer. Pas la moindre épave n’apparut, en admettant qu’il y ait eu naufrage, malgré les recherches extrêmement minutieuses entreprises sur l’ordre de François-Joseph qui, malgré sa rancune, envoya un navire à la recherche des disparus. Au bout de quelque temps, d’ailleurs, la cour de Vienne annonçait officiellement la disparition du prince de Toscane. Et pourtant…
    Et pourtant, la mère de Jean-Salvator ne prit jamais le deuil d’un fils que cependant elle adorait et cela jusqu’à sa mort, survenue en 1898. Et pourtant, les familles des marins de la Margharita ne présentèrent jamais la moindre réclamation, la moindre demande de secours. Et pourtant, d’étranges affaires d’assurance purent laisser supposer que l’archiduc n’était pas mort et que le navire perdu toucha terre à La Plata, en décembre 1890.
    Alors, le phénomène habituel aux disparitions princières se

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