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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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Murti !
    Elle lui attrapa le bras. L’élan de Murti
était si violent que toutes deux manquèrent de perdre l’équilibre.
    — Murti ! Que
t’arrive-t-il ? Où cours-tu ?
    Murti hoquetait. Tsippora répéta son nom
doucement. Les sanglots de la servante redoublèrent, alourdis d’une plainte qui
faisait vibrer sa poitrine. Tsippora l’attira contre elle, referma ses bras
autour de son buste. Là-bas, sous le sycomore, la portière de la tente
demeurait immobile.
    — Murti, que t’est-il arrivé ?
    La servante secoua la tête, ses mains
poussèrent les épaules de Tsippora, cherchant à dénouer l’étreinte.
    — Non, ne fuis pas ! murmura
Tsippora en la retenant. Tu peux me parler ! Je ne dirai rien. Cela
restera entre nous, tu le sais.
    Murti le savait, mais il lui fallut encore
du temps, le front appuyé sur l’épaule de Tsippora et le corps secoué de
spasmes, avant de reprendre son souffle. D’une voix à peine audible, elle
chuchota :
    — À personne ?
    — Je te le promets devant Horeb. À
personne. Murti plaqua ses mains sur son visage.
    — J’en avais envie depuis des jours.
C’était plus fort que moi. Je ne pouvais pas me réveiller sans y penser,
commença-t-elle.
    Tsippora n’eut aucun mal à la croire et à
la comprendre. La sincérité de Murti ne faisait pas de doute. Pas plus que ses
tourments et son impuissance à résister à la force qui la poussait vers
l’étranger.
    Elle s’était faufilée dans la tente alors
que Moïse dormait encore. Elle l’avait réveillé de ses caresses. En songe, ces
caresses, elle les lui avait déjà accordées depuis des nuits. Elle ne doutait
pas un instant qu’il les accueillît avec bonheur. En ouvrant les yeux, il avait
cependant marqué plus de surprise que de plaisir. Il avait retenu les mains de
Murti. Mais elle s’était obstinée. Elle avait ôté sa tunique, s’était mise nue,
posant les paumes de Moïse sur sa peau.
    La suite, Murti ne parvint pas vraiment à
la raconter. Tout y était terrible. Le regard de Moïse, la tunique qu’elle ne
parvenait pas à enfiler, jusqu’au vacarme de ses pleurs qui la couvrait de
honte.
    Tsippora lui caressa la nuque et les
épaules. Puis elle interrogea :
    — Que t’a-t-il dit ? Murti haussa
les épaules.
    — Il t’a mise hors de sa tente sans un
mot ? insista Tsippora.
    Murti renifla, s’écarta en séchant ses
joues. Elle jeta un regard inquiet en direction de la tente.
    — Je ne sais pas, je n’écoutais pas.
Il ne faut pas rester ici.
    — Essaie de te souvenir.
    La servante commença à marcher vivement
vers la cour de Jethro sans répondre. Tsippora la suivit. Elle n’éprouvait
aucune colère contre Murti. Bien plutôt un attendrissement complice, effaré et
malheureux. Et un étrange soulagement.
    Que se serait-il passé, si elle-même avait
réveillé Moïse ?
    Alors qu’elles approchaient de l’enclos des
mules, Tsippora retint Murti. La servante ne pleurait plus. Son visage était à
présent curieusement enlaidi. Sans attendre la question de Tsippora, elle
désigna l’ouest encore laiteux de l’aube. D’une voix grossie par la fureur,
elle lança :
    — Il a dit que j’étais belle et que je
ne devais pas lui en vouloir. Il ne pouvait pas. Voilà ce qu’il a dit :
« Je ne peux pas ! » Pas parce qu’il n’était pas un homme, mais
parce qu’il y avait quelque chose qui l’en empêchait. J’ai voulu me moquer de
lui, j’ai demandé : « Quoi ? Quoi ? Qu’est-ce qui peut
empêcher un homme de prendre une femme ? »
    Elle s’interrompit en agrippant les
poignets de Tsippora.
    — Tu me promets que tu ne diras
rien ? À personne ? Pas même à tes sœurs ?
    — Sois sans crainte, l’assura
Tsippora. Et lui non plus ne dira rien. Je le sais.
    Murti soupira, le regard voilé
d’incompréhension.
    — J’étais en train de remettre ma
tunique et je n’y arrivais pas. J’avais envie de lui griffer les joues. C’est
lui qui a replacé ma fibule sur l’épaule et il a dit : « Les
souvenirs. Voilà ce qui empêche un homme de prendre une femme. » Je n’ai
même pas compris de quoi il parlait !

 
Deuxième partie

L’appel de Yhwh
     

 
Le marchand d’Égypte
    L’hiver était là et, avec lui, les pluies
qui chaque année reverdissaient les plaines entre la montagne d’Horeb et la
mer. Le troupeau de Moïse était formé. Un petit cheptel comme on en réunissait
pour les jeunes fils, afin qu’ils apprennent

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